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Oumar Berthé, D.G de l’Agence de Développement Rural de la Vallée du Fleuve Sénégal (ADRS) : «Que les producteurs assurent leur autoconsommation et dégagent un surplus pour la commercialisation»

Malgré les difficultés d’installation pluviométrique, sa mauvaise répartition ainsi que la prise en charge du coût important des factures d’EDM de la station de pompage à Mahina, la campagne agricole 2017/2018 dans les zones d’intervention de l’Agence de Développement Rural de la Vallée du Fleuve Sénégal(ADRS) est encourageante. Dans un entretien, qu’il a bien voulu nous accorder à l’issue de notre visite de terrain, le directeur général de l’ADRS, M. Oumar Berthé, ingénieur d’agriculture et du génie rural se réjouit du résultat de la campagne agricole 2017-2018 dans les zones d’intervention de l’ADRS. Son souhait le plus ardent est que ces aménagements permettent aux producteurs d’assurer leur autoconsommation et dégager ensuite un surplus pour la commercialisation. Lisez !

Le Sursaut : Pouvez-vous nous faire une présentation brève de l’ADRS ?

Oumar Berthé : L’Agence de Développement Rural de la Vallée du Fleuve Sénégal, en abrégé ADRS, est un établissement public à caractère administratif qui est chargé de l’aménagement des terres dans la vallée du fleuve Sénégal. Elle a pour principale mission, l’aménagement des terres et leurs mises en valeur dans ses zones d’intervention, notamment dans les cercles de Bafoulabé, Kayes, Kéniéba , Kita   et Yélimané.

Quel bilan dressez-vous de la campagne agricole 2017-2018 de l’ADRS dans ses zones d’intervention ?

O. B : D’une manière générale on peut dire que la campagne agricole a été moyenne. Cela, par rapport à l’installation des pluies et leur répartition dans le temps et dans l’espace. Quand vous prenez les  trois zones d’intervention, la pluviométrie a été supérieure à celle de l’année dernière au niveau de la zone de Manantali. Dans les autres zones on n’a pas atteint le cumul pluviométrique de l’année dernière.

Dans ces zones les producteurs qui n’ont pas respecté le calendrier agricole ont vu leur culture presque séchée. Par exemple, le cas de Kita et de Bafoulabé. Pour le cas de Kita, tous les maïs semés en août n’ont pratiquement pas été récoltés. Cependant ceux qui ont été semés durant mai, juin et même juillet n’ont pas eu de problème.  En ce qui concerne les emblavures d’une manière générale, les pertes avoisinent les 25%. C’est pourquoi je parle d’une campagne moyenne.

En montant vers Bafoulabé, c’est là-bas où les pertes ont été importantes. Par ce qu’à Bafoulabé, les mils -sorgho n’ont pratiquement pas donné. La pluie n’était pas installée à temps et le cycle des pluies n’a pas permis aux cultures de boucler leur cycle normal. A ce niveau également, le riz de bas-fond fait en grande quantité n’a pas été irrigué puis qu’il n’y a pas eu de débordement.

Est-ce à dire que les objectifs de prévisions de la campagne n’ont pas été atteints ?
O.B: Si je parle d’une campagne moyenne, cela justifie que toutes les prévisions n’ont pas été atteintes. On ne parlerait pas de campagne moyenne si on avait atteint les prévisions en totalité. Mais les prévisions dans l’ensemble on ne pourra pas les atteindre, sauf qu’en maitrise totale. En maitrise totale on n’a pas eu assez de problème du fait que c’est l’irrigation.

Quelles ont été les contraintes majeures ?

O.B : Les grands aménagements sont des périmètres en maitrise totale. Si au niveau de Manantali l’irrigation s’effectue  à partir du barrage et de façon gravitaire au niveau de Mahina, il existe un système de Pompage sur la base d’électricité. A ce niveau on a eu souvent de sérieux problèmes avec l’EDM par ce que le coût de pompage est très important. Les ressources n’étant pas tellement au rendez-vous, cette situation a créé souvent des problèmes d’arriérés en matière de payement de factures d’électricité.

Pour qui connait la situation actuelle au niveau de l’EDM, sait bien qu’on ne peut plus accumuler deux ou trois mois d’arriérés sans que l’énergie ne procède à la coupure. Imaginez un peu ces champs de riz, si on coupait l’électricité c’est comme si on coupait l’irrigation. Nous avons vécu le cas, c’était en avril mais Dieu merci avec l’appui du département nous sommes parvenus à gérer ce problème. Je ne souhaite plus que de telles situations arrivent. C’est pourquoi nous avons informé les producteurs des réalités et les inviter à payer correctement la redevance eau, par ce que c’est avec ça seulement qu’on peut minimiser les risques de coupures d’eau à Mahina.

Une autre difficulté c’est la pluviométrie. Nous sommes dans un système où nous ne maitrisons pas la pluviométrie. Quand bien même, il y a des pluies provoquées.

Pour traiter les nuages il faut qu’il ait nuage d’abord. Le manque d’eau est connu dans toute la sous-région. Nous constatons les impacts par ci et par là. Il faut déjà penser à résorber ce problème en invitant les paysans à mettre l’accent sur le maraichage à travers une diversification de manière à compenser le déficit qui pourrait se créer.

Quels sont donc les points de satisfaction ?

O. B : oui ! Il y a des points de satisfaction par ce que déjà au niveau de la zone d’intervention notre problème se situe au niveau des grands périmètres, notamment à Manantali et à Mahina. Nous notons avec satisfaction l’augmentation du niveau des emblavures d’année en année.  Pour  celui qui a connu le niveau d’exploitation de ces zones il y a trois ans ou quatre ans et voir ce qu’on a pu réaliser cette année le pas est assez important. Donc cela est un motif de satisfaction.

Un autre motif de satisfaction relève de l’application des itinéraires techniques surtout avec la subvention des intrants agricoles notamment les engrais. Cela permet déjà aux exploitants en maitrise totale d’avoir l’engrais de qualité à temps et de pouvoir l’utiliser à bon échéant. C’est ce qui est capital pour la productivité. Du fait que les paysans adhèrent réellement à l’utilisation des engrais et qu’il y a un système financier qui les appuie dans ce sens, je pense que cela est un motif de satisfaction.

En plus, présentement sur ces aménagements, nous avons élaboré le cahier de charges. C’est un document qui fixe les directives pour l’ensemble des parties notamment les producteurs ainsi que l’ADRS. Ce document est élaboré et partagé avec l’ensemble des acteurs, maintenant il s’agit d’aller vers sa signature. Le fait d’avoir ce document aujourd’hui sous la main et de pouvoir le partager avec les producteurs ne peut être qu’un motif de satisfaction. Car sur tout aménagement il faut un document juridique en vue de palier aux difficultés futures ou actuelles.

Un autre motif de satisfaction est le travail accompli par l’encadrement de terrain. Au cours de la campagne, l’encadrement de terrain s’est résolument engagé pour aller en droite ligne des objectifs fixés. Ils ont accompagné les producteurs de bout en bout. Cela est à saluer et  à mettre à l’actif de l’ensemble des travailleurs de l’ADRS.

Quand n’est-il de vos relations avec les collectivités locales ?

O. B : Nos relations avec les collectivités locales sont bonnes pour ne pas dire excellentes. Nous ne posons pas un acte dans un village, un cercle ou dans une commune sans travailler préalablement avec les élus locaux. Cela, c’est à tous les niveaux. Quel qu’en soit l’activité nous travaillons main dans la main avec les collectivités. Au sein de l’ADRS, aucune activité ne se mène dans une zone sans l’avis des élus locaux. Nous n’avons pas de difficultés avec les autorités locales.

Quel message avez-vous à l’endroit des exploitants et de l’encadrement technique ?

O. B : Je félicite les producteurs pour le résultat obtenu au cours de cette campagne et les encourager par ce qu’on est dans un système de développement où aujourd’hui l’Etat attend beaucoup de la zone ADRS.

Pourquoi l’Etat attend beaucoup de la zone ADRS ? Par ce que c’est ici, où on a la chance d’avoir des superficies aménagées en maitrise totale. Cela est une chance. Quand l’Etat fait de tel investissement il faut faire en sorte que ceux qui sont là en tant que producteurs parviennent d’abord à assurer leur autoconsommation et dégager un surplus pour la commercialisation.

C’est comme ça que l’Etat tirera profit de ces aménagements. Si on ne réussi pas à faire ça, c’est comme si on avait failli à notre devoir. Toute chose que je ne souhaite pas du tout. Que les producteurs comprennent que ces aménagements sont faits pour eux. Donc c’est à eux de s’en approprier afin de produire des excédents commerciaux ailleurs.  A partir de là on pourra même transformer. Plus on transforme plus on va créer une plus-value. Donc je les encourage au travail. Il faut nécessairement rentabiliser ces aménagements.

Je remercie aussi l’encadrement technique qui se bat nuit et jour sur le terrain pour que ces aménagements soient exploités à hauteur de souhait. Je les encourage et les exhorte à évoluer dans ce sens. Car seul le travail paye.

Entretien réalisé à Kita Par Moïse Keïta

SourceLe Sursaut

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