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#OùEstMonÉtat : « L’État, c’est nous tous ! »

Il faut avoir passé un moment dans des services publics pour s’en rendre compte : certains Maliens ont fait de l’État une vache qui, à force de traire le lait, s’est épuisée et n’offre que du sang. L’eau et l’électricité sont démesurément utilisées sans esprit de responsabilité, parce que simplement tout est à la charge de l’État.

 

Il faut encore et toujours faire passer auprès des Maliens le message selon lequel « l’État, c’est nous tous ! ». Certains se sentent tellement à l’aise lorsqu’ils utilisent les biens de l’État qu’ils ont fini par croire que cet État ne concerne que les autres. Des agents et leurs ayant-droits, soit dit en passant, sont ceux-là mêmes qui fragilisent financièrement au quotidien l’État par le poids des dépenses qu’ils occasionnent.

Il suffit de faire un tour dans des cités de logements pour fonctionnaires, dans des camps militaires, ou dans des services publics pour se rendre compte de la notion d’utilisation du bien public par le Malien. L’eau et l’électricité sont surconsommées, certains mêmes font du commerce d’articles rafraîchissants (eau et boissons glacées ) avec des réfrigérateurs et congélateurs à grande capacité de consommation électrique. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas tenus au paiement des montants de factures d’eau et d’électricité occasionnées.

Utilisation à contresens

En vérité, l’État consent volontiers d’énormes efforts pour mettre des agents publics dans de meilleures conditions de travail. Cette volonté est aujourd’hui mal comprise de ces mêmes agents. Le confort qu’on a voulu assurer aux frais de l’État se trouve utilisé à contre-sens. Les exemples ne manquent. Parlons du cas des bons d’essence offerts en cadeaux aux proches plutôt que de servir aux déplacements de l’agent public ou encore des véhicules de l’État à disposition de certains fonctionnaires qui sont soit délaissés entre les mains de leurs enfants (qui font la belle vie avec), soit mis en location au service de jeunes mariés lors des cortèges.

Dans des bureaux, après le service, ampoules, ventilateurs ou climatiseurs ne sont jamais éteints. Des robinets restent ouverts et sont utilisés à toutes autres fins. Des réfrigérateurs sont achetés et installés dans des bureaux à des fins commerciales.

« C’est l’État qui paie », se dit-on certainement. L’espace scolaire et universitaire ne fait pas du tout exception : « Il faut faire un tour sur la ‘colline de Badalabougou’ ou dans d’autres établissements d’enseignement public pour comprendre. On gaspille au quotidien de l’eau. Mettre à l’arrêt les appareils électriques après utilisation est le dernier souci dans ces lieux », témoigne un étudiant à Bamako.

O.S., qui a fait un stage dans quelques services publics, témoigne de son passage dans ces lieux : « Travailler au sein de l’administration publique est devenu désormais un business rentable. Les réfrigérateurs et de l’État et ceux que certains achètent à titre privé sont mis en marche pour faire du commerce aux frais de l’État. Tu n’imagines pas le bénéfice que certains peuvent dégager de cela. »

Peu sensible à la sensibilisation

Tout se passe sous le regard souvent complice des chefs de service. Pas de contrôle ni de sanctions. En dehors des actions de sensibilisation à travers les médias et qui, d’ailleurs, semblent tous tomber dans l’oreille d’un sourd. Le Malien est peu sensible à la sensibilisation.

Il faut pourtant arriver à imposer un certain niveau de vie à ceux qui vivent aux frais de l’État. Le problème est que ce que l’on consomme n’est même pas payé. Les factures impayées à l’Énergie du Mal i– S.A se comptent en millions de nos francs dans certains services publics. L’actualité a été fréquemment marquée, un moment, par des actions d’envergure initiées par la société, visant à recouvrer les montants impayés au titre de la consommation d’électricité par certains services publics.

L’argent qui devrait être utilisé pour améliorer ailleurs le quotidien des Maliens est injecté dans la prise en charge démesurée des agents de l’État, qui travaillent à augmenter sans cesse ces coûts. Nous avons aujourd’hui un État pris à la gorge par le poids des dépenses publiques et de moins en moins capable d’investir dans de véritables actions de développement pour le bonheur des Maliens. Et c’est aussi de là que vient notre malheur !

Source : Benbere

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