Quand on interdit les armes dans un lieu donné et que ceux qui doivent veiller à l’application de cette mesure laissent passer pour quelque motif que ce soit, gourdins, machettes et revolvers, c’est le champ libre aux crimes. Accepter cette évidence, c’est aussi interpeller les consciences sur le danger immédiat qui nous guette.
La semaine dernière, une courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux, montrant un jeune écolier, filmer son encadreur contre lequel il proférait des insanités extrêmes a fait couler beaucoup de salive. Le jeune garçon qui a inconsciemment posé l’acte largement condamné a été identifié et, au même titre que sa famille, reçu une volée de bois vert.
En posant cet acte qui n’est pas passé inaperçu, le garçon a incontestablement fait montre d’indiscipline. Cependant, établir la culpabilité de l’élève et la nécessité de lui administrer une correction exemplaire pour servir de leçon à ses condisciples et rendre justice à l’enseignant humilié dans une certaine mesure, ne doivent pas voiler la source du mal. L’école qui est le lieu approprié pour façonner positivement les enfants n’est pas un lieu à tout faire. Une administration y est présente pour veiller au strict respect de la législation scolaire qu’on sait est assez claire.
Alors, qu’a donc fait l’administration scolaire déployée cette année, avant les élèves à la rentrée pour appliquer l’article du règlement intérieur qui interdit le téléphone dans l’espace scolaire ? N’est-ce pas pour aller juste attendre l’arrivée des élèves le jour de la rentrée ?
Même si l’on sait que les enseignants qui se sont maintes fois montrés réticents sur le port et l’utilisation du téléphone à l’école, n’ont jamais obtenu le soutien des hautes sphères scolaires. Les élèves en passe d’être réprimandés pour usage de téléphone en classe, finissent toujours par être verbalement sommés et rien après. Autrement dit, les enseignants qui sont censés y veiller n’ont ni les moyens ni le soutien nécessaire pour interdire le téléphone. Ils apparaissent aussi bourreaux d’une situation qui devient à leurs yeux, ingérable.
Par contre, c’est un abus de jugement que de penser que le petit garçon fautif représente forcément sa famille. Son acte qu’aucun enfant malien n’ose produire en famille, ne traduit pas forcément un manque d’éducation familiale, d’autant plus.
Sans ignorer, le fait qu’ils sont nombreux les enfants qui acquièrent le Smartphone à l’insu de leurs parents. D’autant plus que l’équation jamais résolue par les familles à vouloir surveiller les enfants en permanence, est aussi vieille que le monde.
Ne nous voilons donc pas la face : le déterminisme social au Mali, accentué parle phénomène des réseaux sociaux où l’on voit impunément des personnes âgées s’illustrer dans l’exercice de l’injure n’y est pas pour rien. Le garçon a été influencé par un monde auquel ni ses parents ni ses encadreurs ne l’ont conduit. On nous a tous appris à l’école l’effet de l’influence de la rue sur les enfants, voire du milieu sur l’être humain.
Le garçon est coupable mais pas responsable. Il doit être puni. Certes pour servir d’exemple, lui donner la leçon et rendre justice à ce brave enseignant qu’on sait mal payé et livré à un monde de gangs d’innocents. Mais pas pour autant qu’il faut le livrer à la vindicte. Car, quoiqu’il fasse, la pire des punitions est celle de l’amener à payer pour ce qu’il a fait dans le strict respect de la loi. De toute façon, son droit à l’éducation lui est garanti sans équivoque. Du moment que la prison elle-même ne sert pas à détruire ses occupants, mais plutôt à les récupérer après séjour, il ne faudra surtout pas commettre une autre faute en voulant le corriger. Surtout qu’il ne porte pas seul le chapeau.
La Rédaction
Source: Le SOFT