Le manque de confiance entre les mouvements armés qui conduit à une perpétuelle remise en cause des acquis ; la tension entre les mouvements armés (CMA et Plateforme), sont les deux principales raisons qui expliquent que le nouveau rendez-vous du 20 juillet a été manqué pour le déploiement du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Kidal.
C’est du moins ce que l’on peut retenir de la conférence de presse organisée, hier jeudi, dans la salle de conférence de la Primature, par le ministre Coordinateur du groupe souveraineté pour l’application de l’Accord, Tiéman COULIBALY, ministre de la Défense et des anciens combattants.
Pour cet exercice qui consistait à faire état des dernières évolutions de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, certains de ses homologues étaient présents : Abdel Karim KONATE, porte-parole du Gouvernement ; Tiénan COULIBALY, ministre de l’Administration territoriale ; Mamadou Ismaël KONATE, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux ; Kasoum TAPO, ministre des Droits de l’homme et de la réforme de l’État.
Tiéman COULIBALY, a fait savoir que la décision d’impulsion du processus de mise en œuvre de l’Accord trouve sa source dans l’instruction donnée par le Président, au cours de la première réunion du Gouvernement. Aussi, le nouveau PM a-t-il donné des instructions express dans ce sens. Une dynamique à laquelle du reste, les mouvements ont répondu favorablement. Dans ce cadre, le 2 mai dernier, une délégation de la CMA et de la Plateforme a été reçue par le PM, Abdoulaye Idrissa MAIGA, au cours de laquelle les parties ont pris l’engagement de ne plus faire entrave à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation ; d’aller aux Comités de suivi de l’Accord (CSA) en rang unique.
Ainsi, après le CSA du 2 mai, les parties se sont retrouvées pour discuter d’un chronogramme pour le retour de l’administration à Kidal. Pour le ministre COULIBALY par retour, il faut d’abord comprendre celui de l’administration. Concrètement, il faut que le Gouverneur soit dans son bureau et puisse se mouvoir comme il l’entend ; que la passation de pouvoir se fasse entre le président sortant de l’Assemblée régionale et celui de l’autorité intérimaire qui, comme les autres citoyens doivent pouvoir se mouvoir à leur guise.
Mais pour cela, il faut des étapes, a souligné le ministre de la Défense. C’est pourquoi, après la réunion du CSA, les parties se sont réunies pour s’accorder sur l’opérationnalisation du MOC le 20, juin.
Pourquoi le 20 juin ? Le ministre a expliqué qu’il s’agissait simplement d’une date repère.
Curieusement, le 10 juin, a rappelé le Coordinateur, la CMA a émis des objections, avant de faire un nouveau communiqué dans lequel il est partant pour le déploiement du MOC, trouvait la date du 20 juin trop juste.
Cette date a capoté et le 23 juin s’est tenue une réunion d’évaluation de l’application de l’Accord. Le constat a été unanime : l’Accord traîne, mais il n’y a pas d’alternative à sa mise en œuvre et toutes les parties s’y sont engagées.
Le Gouvernement, conscient que les discussions avec les mouvements armés ne suffisent pas, parce qu’ils sont les représentants de communautés, a décidé d’initier une mission de bons offices dirigées par l’Imam Mahmoud DICKO.
Depuis, a indiqué le ministre de la Défense, les discussions se sont poursuivies à différents niveaux. Pour le PM, le nouveau cap était le 20 juillet.
La machine des discussions s’est remise en branle avec les leaders politiques, mais aussi militaires de la CMA et de la Plateforme pour que cette fois-ci soit la bonne. Un chronogramme de retour a été arrêté et formalisé, rapporte la source gouvernementale qui précise que l’État était fin prêt pour le 20 juin : les 200 soldats devant prendre part au MOC étaient aussi prêts ; les bâtiments sont prêts, de même que les véhicules, les armes lourdes aussi ; les équipements HCCA (habillement, campagne, couchage, aménagement).
Le Mécanisme allait sécuriser l’arrivée du Gouverneur ; assurer la police dans et en dehors de Kidal.
Un malheur ne venant jamais seul, des affrontements opposent la CMA à la Plateforme, le 6 juillet dernier. Suite à quoi, a fait savoir le Coordinateur du groupe souveraineté, le PM a reçu séparément, puis ensemble, les responsables des mouvements armés lesquels ont souligné qu’il n’est pas raisonnable de vouloir opérationnaliser le MOC dans le climat de tension qui prévaut. D’où, leur demande de médiation pour que la tension s’estompe. C’était la première raison du report par rapport au 20 juin.
Conformément au souhait des mouvements armés, un projet de cessez-le-feu a été concocté le mardi dernier et devait être signé officiellement avant-hier mercredi. Ce même mercredi, a-t-on informé, la Plateforme a appelé pour émettre des réserves sur certains points. La modification demandée n’a pu être opérée, parce que la CMA, à son tour a tiré à satiété sur la corde, après plus de deux heures de discussions. C’était la seconde raison du report. Ce que le ministre a expliqué par le fait que les mouvements ne se font pas confiance.
Néanmoins, a fait savoir le Coordinateur, les mouvements ont assuré, ‘’la main sur le cœur’’ s’inscrire dans l’application de l’Accord.
Dans ses réponses aux questions relatives aux rebuffades à répétition des mouvements armés, M. COULIBALY a martelé : ‘’nous, Gouvernement, n’avons d’autre choix que d’être disponible pour la paix. Le Gouvernement doit accepter les concessions raisonnables’’.
À la question de la souveraineté du Mali qui est contestée sur Kidal, le ministre TAPO a répondu que la Cour constitutionnelle a définitivement tranché et que ses décisions s’imposent à tout le monde. Son homologue de la Justice de renchérir que parler du sexe des anges, c’est fuir le débat.
Pour ce qui est de la tenue du référendum, en raison de l’absence de l’administration dans certaines zones, le ministre Tiénan COULIBALY, a rappelé la tenue des élections communales pour lesquelles l’État avait fait beaucoup d’effort : le matériel électoral et les agents étaient en place. C’est cet exercice qui va continuer, a-t-il assuré. Ce, d’autant plus que les élections sont une obligation et que l’État est le premier à être tenu au respect de la loi.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin