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Opération «Amy de destruction massive» : Les conséquences politiques d’une décision

Une banale affaire d’assainissement et d’urbanisme est en passe de se politiser (si elle ne l’est déjà) et s’avère désormais susceptible d’impacter profondément sur les prochaines joutes électorales.  Et pour cause.

demolition deguerpissement voie public trottoir rue

D’ores et déjà, des hommes politiques et non des moindres ont décidé de réagir. Il s’agit d’Oumar Mariko, président du SADI et membre de la mouvance présidentielle, le PARENA de Tieblé Dramé (opposition) et Soumaïla Cissé, président de l’URD et chef de file de l’opposition. 

Le premier (Oumar Mariko), réagissant à l’accusation portée contre lui par Madame la Gouverneure l’indexant d’instigateur des émeutes, a répondu ceci, non sans démentir les allégations: «la méthode [bulldozer]  est mauvaise, Elle [La Gouverneure Amy Kane] ne s’est pas comportée comme elle le devait… Ce n’est ni le moment ni le contexte ! Et puis, elle a dit qu’elle a rencontré toutes les autorités politiques. Je dis et je précise que nous, en tant que parti et élus, n’avons pas été consultés» (Source : «Le Bâtisseur» N° 13 du mardi 02 Août 2016).

Se sentant, à son tour interpellé, le parti du chef de file de l’opposition a rendu public un communiqué dans lequel il précise ceci : «l‘URD déplore ce manque de communication et demeure convaincu que seul un dialogue franc et sincère pouvait éviter à notre capitale le dérapage sanglant et inadmissible qu’elle a connu le samedi dernier… Le Parti rappelle que le Mali, pays en crise, meurtri par la recrudescence des attaques terroristes, djihadistes et autres actes de banditisme, ne saurait supporter de tels actes de nature à compromettre le très fragile processus de paix et de réconciliation».

Pour sa part, le PARENA dans un communiqué publié hier mercredi affirme : «Si l’assainissement de la capitale est nécessaire, force est de reconnaître que l’opération a souffert d’un déficit de concertation qui a conduit aux violences des 30 juillet et 1er août.
En outre, la période choisie (la saison des pluies) n’est guère indiquée pour des démolitions-déguerpissements…»,
(lire les communiqués).

Pour tout dire, ces trois partis se désolidarisent de l’opération et montrent pattes blanches.

Au-delà de l’aspect social de la question, ces formations chercheraient-elles à faire de la récupération politique ? Ce serait de bonne guerre ! En politique, dit-on, rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme.

Il est évident que l’Opposition ne se fait pas d’illusion et que ses communiqués  auront peu d’impact sur la décision des autorités qui persévéreront plutôt dans leurs œuvres (l’orgueil politique aidant). Le but semble de récupérer politiquement les «aigris».

Il va sans dire que le régime politique en place, à travers la destruction des biens d’une partie de ses citoyens, doit s’attendre à un désaveu de la part des victimes. D’aucuns trouveront qu’ils sont minoritaires question de minimiser l’impact. L’erreur !

Il s’agit non seulement d’un électorat très important, mais aussi et surtout, actif ! Ce sont, en effet, ceux-là les véritables votants ayant d’ailleurs activement participé au sacre d’IBK et de son fils Karim Keïta en Commune II dans le cadre des législatives. C’est  là aussi que le parti SADI puise ses ressources électorales.  Ce n’est pas Oumar Mariko qui nous démentira.

A première vue, ces occupants seraient une poignée de milliers. Mais dans les faits, il s’agit de centaines dans la mesure où un seul occupant dit anarchique draine des centaines de personnes dans son sillage ici et à l’intérieure du pays. Nos sociétés sont d’ailleurs ainsi faites. Comme pour dire qu’un seul kiosque nourri des dizaines de personnes.

En somme, le régime se fragilise politiquement en s’attaquant ainsi à cette couche moyenne et majoritaire par surcroit. L’auteure de l’opération affectueusement appelée «Amy de Destruction Massive» l’ignore, puisque n’étant pas politique. Elle l’apprendra cependant à ses dépens si son employeur n’était pas reconduit en 2018. Il nous revient d’ores et déjà que l’opposition politique procède en ce moment à un travail d’archivage des opérations de  destructions en cours, question de les mettre au goût du jour le moment venu. De bonne guerre, disions-nous !

Par ailleurs, il s’avère que les victimes, pour la plupart, ont accordé leur confiance au président IBK lors des dernières consultations électorales. Ce dernier semble avoir été mal inspiré en apportant publiquement son soutien à l’opération. Conséquence: ceux qui croyaient, à tort ou à raison, qu’il s’agit d’une initiative personnelle de la Gouverneure se rendent maintenant qu’elle n’est qu’une exécutante et que le véritable auteur n’est autre que celui à qui ils ont accordé leurs confiance. Les conséquences sont tout simplement désastreuses pour IBK. Nous ne ferons pas l’insulte aux lecteurs d’évoquer ici les amabilités qui lui sont quotidiennement adressées à chaque passage de bulldozer dans les quartiers. En somme, le président pouvait user de la vertu du silence et laisser faire la Gouverneure et l’utiliser éventuellement comme un fusible le moment opportun. Mais n’est visiblement politique qui veut. Il vient d’assumer une grosse responsabilité politique.

En clair, ce qui n’est encore qu’une banale opération ville-propre risque bien d’impacter sur l’avenir politique du pays.

B.S. Diarra

 

Source: la sentinelle

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