Lundi 19 novembre 2018, le Onzième (11e) rapport mondial sur le paludisme de l’Organisme Mondiale de la Santé (OMS) a vu le jour. Un rapport alarmant qui ne peut qu’inquiéter face à la lutte contre le paludisme dans le monde. Aucune diminution n’est constatée en ce qui concerne le nombre de cas de paludisme dans le monde. Chose que déplore le directeur de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui invite à l’action.
Le rapport de l’OMS en 2018 sur l’état du paludisme déplore une légère augmentation du nombre de cas dans le monde par rapport à 2016. Mondialement, le nombre de cas de paludisme est estimé à 219 millions en 2017 contre 217 en 2016. Les 92% des cas, soit 200 millions sont enregistrés en Afrique, notamment dans quinze pays de la zone subsaharienne. Parmi ces pays, le rapport mentionne notamment le Nigéria (25%), la République démocratique du Congo (11%), le Mozambique (5%), l’Ouganda (4%). En dehors de l’Afrique, l’Asie du Sud-Est enregistre 5% et la Méditerranée orientale 2%.
« Les 10 pays où le paludisme sévit le plus en Afrique ont rapporté une hausse du nombre de cas en 2017 par rapport à 2016. Parmi ces pays, le Nigéria, Madagascar et la République démocratique du Congo auraient enregistré les plus fortes augmentations, toutes estimées à plus d’un demi-million de cas. À l’inverse, l’Inde a déclaré 3 millions de cas en moins durant la même période, soit une baisse de 24 % par rapport à 2016 », lit-on dans ledit rapport.
En ce qui concerne l’incidence des cas de paludisme, l’OMS se félicite de la baisse à ce niveau dans tous les pays, excepté aux Amériques. En ce qui concerne les décès liés au paludisme, il s’élève à 435 000 en 2017 contre 451 000 en 2016. Les plus vulnérables face au paludisme constituent les enfants de moins de cinq (5) ans dont le taux de décès représente 61% en 2017. 93% des décès en 2017 en Afrique liée au paludisme sont enregistrés en Afrique. Les pays les plus concernés par cela sont le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Burkina Faso, la République-Unie de Tanzanie, la Sierra Leone, le Niger, etc. Toutefois, l’OMS se félicite de la baisse de la mortalité liée au paludisme en 2017 dans le monde excepté les Amériques.
Ce rapport consacre également une section à l’anémie qui pèse lourdement sur les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq (5) ans dont la prévalence de l’anémie atteint 61%, l’anémie légère 25%, l’anémie modérée 33% et l’anémie grave 3%. « Sur tous les enfants présentant un résultat positif à un test de dépistage du paludisme, la prévalence de l’anémie s’élevait à 79 %, l’anémie légère à 21 %, l’anémie modérée à 50 % et l’anémie grave à 8 % », pouvons-nous lire dans ce rapport.
Notons avec ce rapport que les investissements dans le contrôle et l’élimination du paludisme ont atteint en 2017 3,1 milliards de dollars dont les trois quarts (2,2 milliards) sont revenus à l’Afrique. Cet investissement, aux dires du rapport, est insuffisant pour l’atteinte des objectifs intermédiaires de la Stratégie technique de lutte contre le paludisme 2016-2030 (GTS). « Pour atteindre les objectifs du GTS d’ici 2030, le financement pour lutter contre le paludisme devrait s’élever à au moins US$ 6,6 milliards par an d’ici 2020 », a-t-on écrit dans le rapport.
Le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, se justifie pour avoir fait des mises en garde depuis belle lurette sur la situation catastrophique que prend la lutte contre le paludisme : « En novembre 2017, j’indiquais à la communauté internationale que les progrès antipaludiques avaient cessé et que nous risquions de compromettre les acquis de ces vingt dernières années. Un an après, les données du Rapport sur le paludisme dans le monde 2018 confirment que nous ne sommes pas en bonne voie pour atteindre deux objectifs intermédiaires essentiels de la Stratégie technique de lutte contre le paludisme 2016-2030 (GTS), à savoir réduire de 40 % l’incidence du paludisme et la mortalité associée par rapport au niveau de 2015. » Toutefois, le directeur général de l’OMS sollicite tous les accompagnements pour la mise en place de son initiative « High burden to high impact » traduite par « Réduire le paludisme ici où il pèse le plus ».
À ses dires, cette approche qui sera menée par les pays qui paient lourdement dans la lutte contre cette maladie est appuyée par le Partnership to End Malaria (Partenariat pour mettre fin au paludisme). Elle repose sur quatre piliers essentiels : « Galvaniser la volonté politique nationale et internationale de réduire la mortalité liée au paludisme ; dynamiser l’impact par une utilisation stratégique des informations ; déployer les stratégies, politiques et directives internationales les plus efficaces et les plus adaptées aux pays d’endémie palustre ; et mettre en œuvre une réponse nationale coordonnée. »
Aux dires de DR Tedors, « Le Rapport sur le paludisme dans le monde 2018 livre un message clair : les actions entreprises ces deux prochaines années seront décisives par rapport à l’atteinte (ou pas) des objectifs intermédiaires définis pour 2025 par la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme de l’OMS. Ces actions détermineront également notre contribution collective à l’atteinte des Objectifs de développement durable. » Il se dit être convaincu que la bataille peut être gagnée contre cette vieille maladie si, et seulement si, tous les pays s’y engageaient réellement.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays