La situation que traverse le Mali, est de plus en plus préoccupante ; surtout dans le contexte international marqué par des crises multidimensionnelles, et un environnement sous régional caractérisé par des violences qui déstabilisent des Etats qui cherchent à se forger un bel exemple de démocratie. Le Mali a eu la chance depuis sa conférence des forces vives de la Nation en 1991, d’entrer dans la modernité lorsqu’une prise de parole voire de pouvoir citoyen permit dans un sursaut collectif, d’instaurer un Etat de droit et un système démocratique. Ceci a également favorisé une croissance économique et préservé la Paix. Il est clair que la constitution et les institutions à elles seules n’auraient pas suffi pour obtenir ces résultats : il a souvent fallu un esprit de sagesse et de dépassement à des femmes et des hommes chargés de la gestion de la chose publique pour surmonter des crises majeures et permettre à la mosaïque de peuples si différents vivant sur ce territoire de poursuivre cette difficile marche vers la construction de la Nation. Ce peuple a, proclamé sa «ferme volonté de défendre et de sauvegarder sa dignité et mis en place un système de valeurs : il a en effet redit solennellement «sa détermination … de créer un Etat de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits de la personne humaine et la justice sont garantis , protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle que spirituelle».
A la lumière des faits observés depuis plusieurs mois juste après le coup d’état du 22 mars 2012, de nombreux citoyens s’interrogent. De nombreux faits, des pratiques, des comportements, des attitudes démontrent que l’on s’éloigne de plus en plus de ce système de valeurs. On ruse avec les textes et on abuse de l’Etat de droit. Il n’est pas certain que ce ‘’développement véritable et harmonieux de chaque malien’’ soit toujours la motivation des décisions prises par certains dirigeants ni qu’il soit la préoccupation de tous les citoyens …Dans les comportements des uns et des autres, marqués par des annonces de tentatives supposées ou réelles à la sûreté de l’Etat et l’incivisme, on voit de sérieuses menaces à la préservation de la Paix et donc des atteintes particulièrement graves à la construction de la Nation. Dresser les citoyens les uns contre les autres quel que soit le motif est dangereux. L’histoire récente, celle qui se déroule encore sous nos yeux, montre que dans les contrées où existent des institutions assez solides avec un niveau d’éducation et d’instruction avancé, les citoyens se sont «indignés» avec une violence contenue. On craint que dans nos contrées, ce refus du contresens et de l’injustice ne prenne une tournure assez radicale car là où la faim et le chômage prospèrent face à des mauvais comportements et des abus de toute sorte, la violence folle s’exprime. Plus personne n’aura plus peur de la répression.
Le Fouineur