« En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle devrait toujours être escortée d’un garde du corps de mensonges ». Ces propos ont été tenus par Winston Churchill durant la Seconde Guerre mondiale. Des décennies plus tard, ils résonnent encore plus fort et n’ont jamais aussi bien collés à l’actualité.
Malgré 5 mois d’embargo, le Mali souffre certes, mais il n’a point ployé et a même su faire preuve d’une capacité de résilience incroyable. Malgré tout ce qui se dit, le pays entend se renforcer à travers la diversification de ses partenariats économiques, commerciaux et militaires. Une stratégie qui devrait, à terme, être payante si l’on se réfère au malaise crée en Europe concernant son approvisionnement en pétrole et en gaz depuis le début de la guerre en Ukraine.
Cela ne se dit pas beaucoup, mais il est bon de noter que le Mali est une puissance économique en Afrique de l’Ouest. Je ne parlerais pas de notre place de 1er producteur de coton ou de 3e producteur d’or sur le continent. Mais je m’intéresse plus à des denrées qui touchent directement les populations. Dans la zone UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest Africaine), malgré les multiples crises et les sanctions économiques, le Mali est le premier producteur de céréales avec plus de 9 millions de tonnes pour la campagne écoulée.
Le Mali est aussi le premier fournisseur de cheptel toujours dans la zone UEMOA avec des dizaines de millions de têtes d’ovins, de caprins, de bovins, d’équins ou encore de camelins. Et le marché UEMOA représente plus de 106 millions de personnes. Et dans cette zone, notre pays se classe 3e globalement avec un PIB nominal de 10 125 milliards de franc CFA selon des chiffres publiés l’an dernier.
De même, notre pays, à l’échelle de la CEDEAO, avec un marché estimé à plus de 328 millions d’habitants, est le 2e producteur de céréales et 2e fournisseur de cheptel derrière le Nigéria.
Si demain, le Mali arrivait à faire des unités de filature pour exploiter environ 10% de son coton sur place, que le pays arrive à avoir des unités modernes pour traiter la chaine de la viande, qu’il arrive à transformer une grande partie des céréales produites et enfin qu’il arrive à relire son code minier et que la part de l’État dans les mines d’or puisse aller au-delà des 20% actuels, nous aurons de quoi atteindre notre souveraineté économique et alimentaire. Si cela peut faire sourire, n’oublions que ce sont certains rêves qui ont forgé les plus grandes nations.
Salif Sanogo, journaliste
Source: Tjikan