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ntervention de Mme Annick Girardin, secrétaire d’Etat au développement et à la francophonie à la troisième réunion de suivi de la conférence de Bruxelles du 15 mai 2013

« Ensemble pour le renouveau du Mali »

 

Monsieur le Premier ministre,

Monsieur le Commissaire,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs,

Je souhaiterais tout d’abord, Monsieur le Premier ministre, me joindre au Commissaire Andris Piebalgs pour vous remercier de nous accueillir aujourd’hui à Bamako pour cette troisième réunion de suivi de la conférence de Bruxelles. Je souhaite aussi saluer les bailleurs qui ont fait un long voyage, les représentants des institutions internationales et les représentants des pays de la sous-région.

 

J’ai grand plaisir aujourd’hui à me trouver aux côtés du commissaire européen au développement pour ce qui constitue mon premier déplacement en Afrique en tant que secrétaire d’Etat au développement et à la francophonie ; je crois que c’est un signe fort à la fois de la priorité que constitue le Mali pour la politique de développement française et de l’exceptionnelle mobilisation européenne pour le Mali. A quelques jours des élections du Parlement européen, je veux saluer l’engagement de l’Europe. L’Europe qui est parfois décriée, l’Europe qui est parfois jugée absente, a su répondre présente au Mali pour apporter sa solidarité au peuple malien et mobiliser la communauté internationale à ses côtés.

 

Le 15 mai 2013, il y a un an jour pour jour, le président par intérim du Mali, le président de la Commission européenne, le président de la République française, 11 chefs d’Etat et de gouvernement et 108 délégations du monde entier étaient réunis à Bruxelles pour la conférence des donateurs « Ensemble pour le renouveau du Mali ». Cette conférence a permis de mobiliser des financements considérables, un peu plus de 3,3 milliards d’euros de promesses de financements de 55 bailleurs bilatéraux et multilatéraux, dont près des trois quarts ont déjà été engagés, et près de 45% versés ­– nous y reviendrons.

 

Mais cette conférence des donateurs, et je souhaite insister sur ce point, n’était pas un exercice uniquement économique et financier. Cette conférence intervenait seulement quelque mois après l’intervention des forces françaises et africaines pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali. Cette conférence « Ensemble pour le renouveau du Mali » avait un fort contenu politique, en décrivant notre analyse commune des causes structurelles de la crise malienne et notre volonté commune de les traiter. Commune à l’ensemble des bailleurs, mais surtout commune entre les bailleurs et les autorités maliennes. Commune, enfin, entre les acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux. Cette ambition s’est exprimée notamment dans le plan pour la relance durable du Mali et dans les conclusions de la conférence. La feuille de route que nous nous étions alors fixés collectivement était ambitieuse. C’est un contrat que nous avons passé ensemble, un beau contrat. Un contrat d’amitié, de solidarité autour de l’idée de développement.

 

Un an après, nous pouvons aujourd’hui mesurer le chemin parcouru. Les progrès sont considérables, dans tous les domaines. Sur le plan de la sécurité, l’intégrité territoriale du Mali a été rétablie ; la situation dans le nord s’améliore progressivement ; l’armée française adapte sa présence, pour se concentrer sur le risque terroriste, avec un calendrier que nous faisons en sorte de respecter ; l’opération de maintien de la paix, sous l’égide des Nations Unies – la MINUSMA – a pris le relais, en appui aux forces armées maliennes, pour sécuriser le territoire, et continue de monter en puissance.

 

Pourtant les risques demeurent. Des Maliens sont assassinés. Des soldats sacrifient leur vie. Je voudrais ainsi rendre hommage à la mémoire du sous-officier français du deuxième régiment étranger de parachutistes de Calvi, mort en opération le 8 mai dernier et, plus largement, saluer le travail exceptionnel qui a été accompli et continue d’être mené par les forces françaises, les forces maliennes et les forces des Nations unies.

 

Sur le plan politique, l’élection présidentielle et les élections législatives qui ont été organisées en un temps record ont permis de rétablir l’ordre constitutionnel ; une commission vérité, justice et réconciliation a récemment été mise en place ; un processus de réconciliation nationale a été lancé. Sur le plan du développement, l’activité est repartie, les entreprises et les investisseurs commencent à reprendre confiance, même si bien sûr tout le monde souhaiterait que cela aille plus vite. Le gouvernement malien surtout, conformément aux engagements de la conférence de Bruxelles, a ouvert toute une série de chantiers majeurs pour l’avenir du pays.

 

D’abord la bonne gouvernance. La transmission régulière des rapports du vérificateur général à la justice, la mise en cause de certains agents publics corrompus, la réflexion lancée pour améliorer l’efficacité de la justice sont de premiers progrès.

 

La décentralisation ensuite. Les états généraux de la décentralisation et les assises sur le Nord ont permis de poser les premières pierres ; un plan stratégique a été examiné par le Conseil des ministres ; une réflexion a été engagée sur un calendrier des transferts de compétences et de ressources vers les collectivités territoriales, singulièrement les régions.

 

La gestion économique et financière par ailleurs. Je pense ici à la consolidation des comptes du Trésor qui a été engagée.

 

Enfin, les réformes visant à développer le potentiel économique du Mali, en particulier le développement agricole. Certains sujets tout aussi cruciaux tels que l’éducation, le développement urbain et la mobilisation des diasporas seront, je crois, l’objet de discussions cet après-midi.

 

Nous savons tous que la tâche qui attend le nouveau gouvernement malien reste immense. Ce travail de réforme a déjà été engagé sous l’impulsion du président de la République et de votre prédécesseur, Monsieur le Premier ministre, mais il doit être poursuivi et approfondi sans relâche. Votre déclaration de politique générale va dans ce sens. Le Parlement, maintenant installé, doit s’atteler au développement économique et social du pays. Je pense en particulier à la lutte contre la corruption et à la réforme de la justice, domaines dans lesquels des mesures vigoureuses sont attendues ; l’adoption rapide  – qui sait dès aujourd’hui ? – du projet de loi contre l’enrichissement illicite serait à cet égard un signe très encourageant.

 

Je pense aussi à l’approfondissement de la décentralisation et au développement équilibré du territoire qui nécessitent de présenter un calendrier  de transferts de ressources et de compétences clair, de manière articulée avec les négociations sur le Nord. Je pense à la gestion économique et financière par ailleurs, domaine où le gouvernement malien doit répondre aux questions légitimes des institutions financières internationales. La diminution de la charge annuelle que représente Energie du Mali – un point de PIB –, la nécessité de maintenir l’équilibre budgétaire quelles que soient les évolutions de la croissance économique, en luttant notamment contre l’évasion et la fraude fiscales, sont à cet égard prioritaires.

 

Comme le prouve notre réunion d’aujourd’hui et le nombre de pays et institutions assemblés autour de cette table, les bailleurs, au premier rang desquels la France, répondent présents et sont prêts à continuer à soutenir le Mali pour mener à leur terme ces chantiers cruciaux qui conditionnent l’avenir du pays.

 

Pour ce qui concerne la France, nos engagements d’aide à la fin du mois d’avril atteignaient plus de 200 millions d’euros, sur 280 promis à Bruxelles, et nos décaissements à ce jour sont de plus de 70 millions d’euros. Je ne parle bien sûr que de l’aide bilatérale, la France contribuant par ailleurs à l’aide européenne et à l’aide multilatérale de manière très significative. Notre aide intervient dans des domaines variés et produit déjà des résultats concrets. Je citerai la réhabilitation partielle de l’eau et de l’électricité dans le nord à Mopti, Sévaré, Gao, Tombouctou et Kidal, les mécanismes de soutien aux petites et moyennes entreprises, le redémarrage de deux projets phares en faveur du secteur agricole avec en perspective l’aménagement de 1 000 hectares de périmètres irrigués, l’achèvement de l’hôpital de Sévaré d’une capacité de 120 lits, le programme de formation accélérée de 1000 jeunes aux métiers du bâtiment et des travaux publics, la relance des projets d’assainissement et d’eau potable de Kayes et Bamako afin d’améliorer à terme l’accès à l’eau potable pour un million d’habitants. J’aurai l’occasion, ces deux prochains jours, de visiter certains des projets financés par la France et l’Union européenne en votre compagnie, monsieur le Premier ministre.

 

La France vient d’entrer dans la troïka des partenaires techniques et financiers et présidera cette troïka à partir de janvier 2015. Elle souhaite coordonner  toujours mieux son aide avec celle des autres bailleurs et en particulier avec les bailleurs européens. Je me félicite à cet égard des avancées de la programmation conjointe européenne, exercice auquel j’attache une grande importance, et qui doit permettre d’aboutir dans les prochains mois, en partenariat étroit avec les autorités maliennes, à une véritable stratégie d’assistance commune de l’Union européenne.

 

L’efficacité de l’aide doit en effet être mise au cœur de nos préoccupations. Efficacité par un meilleur travail en commun, mais efficacité aussi grâce à la transparence sur les modalités de mise en œuvre de l’aide au développement.  Comme vous le savez, la France a lancé une initiative en la matière. Toutes les informations sur les réalisations de l’aide française sont déjà disponibles sur le site internet que nous avons mis en place en septembre de l’année dernière et amélioré au début de cette année. D’autres bailleurs autour de cette table font la même chose. Dans ce domaine aussi, je crois nous gagnerions en nous coordonnant mieux et en mutualisant nos efforts. La France et la Commission européenne sont prêts à accompagner les autorités maliennes dans la création d’un portail gouvernemental malien qui permettrait de rendre disponibles toutes les informations sur les projets et programmes financés par le plus grand nombre de bailleurs possibles.

 

Monsieur le Premier ministre, Mesdames, Messieurs les ministres, permettez-moi de vous remercier à nouveau de nous offrir l’occasion de nous retrouver aujourd’hui à Bamako, comme j’aurai plaisir à le faire à Paris le 30 septembre. Je crois pouvoir dire que la communauté des bailleurs, et notamment la France, demeure à vos côtés. Mais la tâche qui nous attend collectivement demeure importante. Dans un monde où les besoins en matière d’aide au développement sont toujours nombreux, et les moyens contraints, notre rapidité et notre efficacité dans l’action seront essentielles. Nous comptons sur le Mali, comme le Mali sait pouvoir compter sur la France.

Je vous remercie./.

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