Au moins 16 personnes sont mortes dans le nord-est du Nigeria dans de nouvelles tueries attribuées à Boko Haram dont une centaine de combattants, selon l’armée tchadienne, ont péri ces 15 derniers jours dans des combats sur le lac Tchad.
Les pays de la région, confrontés à une résurgence des attaques et attentats-suicides meurtriers du groupe islamiste ces dernières semaines, accélèrent la mise en place d’une force régionale de plus de 8.000 hommes censée éradiquer la menace.
Le général nigérian Iliya Abbah, nommé jeudi pour diriger cette Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF), a été officiellement installé vendredi.
Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui a reçu vendredi à Abuja le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mohammed Ibn Chambas, lui a assuré que cette nouvelle force régionale allait permettre “la rapide défaite et l’élimination de Boko Haram”, selon un communiqué de la présidence.
MM. Buhari et Abbah ont tous deux assuré que cette force militaire, à laquelle prendront part le Cameroun, le Tchad, le Niger et leBénin, devait être mise en place de façon imminente.
L’armée tchadienne, en pointe des efforts militaires dans la région contre Boko Haram, a lancé sans attendre il y a deux semaines une vaste offensive contre les combattants islamistes sur des îles du lac Tchad. Vendredi, elle a annoncé vendredi avoir tué “117 terroristes” et avoir perdu deux soldats dans les combats.
“Dans le mois qui vient de s’écouler, des membres de Boko Haram venant du Nigeria se sont emparés de 10 villages (tchadiens) dont le mien”, a rapporté à l’AFP Alayi Wari, un habitant de Fitinewa, dans le département de Bol (ouest), au Tchad, réfugié au Nigeria.
Depuis deux semaines, “les troupes tchadiennes mènent une offensive pour reprendre le contrôle de cette zone (…). Pour l’instant ils ont réussi à reprendre sept villages mais Musaram, Ngilewa et Bularidi sont toujours sous le contrôle de Boko Haram”, a-t-il poursuivi.
La région du lac Tchad, dédale de centaines d’îlots et de chenaux cachés entre les hautes herbes, sert de repaire aux combattants islamistes, qui viennent s’y dissimuler et rafler bétail et récoltes.
“Ces villages sont presque déserts. Les gens ont fui en grand nombre quand Boko Haram s’est emparé des villages, et ceux qui étaient restés sont partis quand les combats ont commencé entre les combattants (islamistes) et l’armée tchadienne”, a rapporté à l’AFP Bullu Dagi, qui a fui vers le Nigeria lui aussi.
“Même si la plupart des villages ont été repris (par l’armée tchadienne), les habitants ont peur d’y retourner”, a-t-il ajouté.
– Nouvelle femme kamikaze –
Au Nigeria, où les attaques islamistes ont fait plus de 800 morts en deux mois, une femme kamikaze s’est fait exploser vendredi matin sur un grand marché de Maiduguri, la plus grande ville du Nord-Est, tuant six personnes et en blessant huit.
“La femme est arrivée à bord d’un tricycle taxi, comme toutes les commerçantes font habituellement. Elle s’est fait exploser dès que son tricycle motorisé s’est arrêté au milieu d’autres qui laissaient descendre les commerçants”, a déclaré à l’AFP Babakura Kolo, un milicien qui combat Boko Haram aux côtés de l’armée nigériane.
Par ailleurs, au moins 10 personnes ont été tuées mercredi dans une attaque de représailles menée par Boko Haram contre les habitants de Kukuwa-Gari, un village de l’Etat de Yobe, également dans le Nord-Est.
“Les hommes armés de Boko Haram ont attaqué le village à bord de 32 motos vers 22H30 (21H30 GMT) mercredi, et ils ont tué 10 personnes, dont deux femmes”, a déclaré vendredi à l’AFP Baba Nuhu, un responsable local, évoquant des “représailles” deux jours après que les habitant eurent lynché à mort deux membres présumés par Boko Haram.
Ce raid a eu lieu à une cinquantaine de kilomètres de Damaturu, où une femme, connue pour des troubles psychiques, s’était fait exploser dimanche dernier sur un marché bondé, tuant au moins 14 personnes.
L’insurrection de Boko Haram ensanglante depuis 2009 le Nigeria, où elle a fait plus de 15.000 morts, et s’est étendue depuis plusieurs mois au Tchad et au Cameroun voisins, touchés à leur tour par des attentats-suicide meurtriers inédits sur leur sol, presque toujours perpétrés par des femmes.
Jeudi, un adolescent de 15 ans a été arrêté en possession d’explosif à Maroua, la capitale de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun récemment frappée par des attentats-suicides.