Entre le nouveau Roi de Grande-Bretagne, Charles III, et feu le président Amadou Toumani Touré, les relations ont été des plus cordiales et amicales. En janvier 2006, alors qu’il était Prince héritier, Prince de Galles, Charles III, a coprésidé le 30è anniversaire de la Banque islamique de développement (BID) avec celui qui présidait alors aux destinées de la République du Mali en tant que deuxième président démocratiquement élu du Mali.
Le président Amadou Toumani Touré, dont on connaît la propension à tout de suite aimer son prochain, à être chaleureux, courtois et convivial avec lui, a immédiatement séduit le futur Charles III par son élégance de style et son aisance à parler de l’histoire de la Grande-Bretagne, de la géopolitique et des relations internationales.
Tant et si bien que le roi Charles III garde certainement un souvenir ému de l’homme, qui a profondément marqué l’Histoire du Mali, en menant un coup d’Etat propre contre le régime autocratique du général Moussa Traoré (1968-1991), en proclamant la démocratie et le multipartisme intégral, en dotant le pays d’une nouvelle Constitution, avant de céder le pouvoir au président élu (Alpha Oumar Konaré, Ndlr) à l’issue des premières élections démocratiques et transparentes, avant de revenir au pouvoir en 2002 par des voies démocratiques.
Notons que la Banque islamique de développement a été créée en 1973. Elle a commencé ses activités entre 1975 et 1976. Son ambition était de devenir une Banque mondiale pour les pays musulmans, en contribuant au financement de leur développement. Mais la naissance de la BID n’a pas soulevé un enthousiasme débordant dans le monde de la finance internationale. Elle intervenait après le boom pétrolier des années 1970 qui avait doté les pays producteurs, l’Arabie Saoudite en tête, d’une manne financière colossale qui faisait rêver toutes les banques occidentales.
Il se trouve aussi que la BID a fondé son fonctionnement sur des principes conformes à l’islam, bousculant au passage quelques règles des banques classiques, notamment sur la question des taux d’intérêt.
Pour toutes ces raisons et d’autres, l’accueil fait à la BID à été très timide sur les grandes places financières, à l’exception de la City, la bourse londonienne, qui s’est empressée d’ouvrir ses portes à ce nouvel acteur de la finance mondiale.
C’est en reconnaissance de cette confiance que la BID a choisi Londres pour célébrer son 30è anniversaire, en janvier 2006. Accueil favorable du gouvernement britannique car c’est le Prince Charles, héritier du Trône, aujourd’hui Roi, qui a présidé les festivités. Pour renforcer ce premier symbole, le président de la BID, Mohamed Ali, a souhaité que l’événement soit co-présidé par le chef d’Etat d’un pays entretenant une coopération exemplaire avec la Banque et a proposé que ce soit le président Amadou Toumani Touré du Mali.
A titre d’illustration, c’est la BID qui a financé, entre autres, le Pont de Wabaria à Gao. Elle avait pris le lead des bailleurs du barrage de Taoussa pour un montant de 130 milliards de F CFA, le plus grand chantier de génie civil jamais engagé au Mali, finalement contrarié par l’insécurité. Le président de la BID avait lui-même fait le déplacement de Taoussa au lancement des travaux.
Pendant son séjour londonien en janvier 2006, le président ATT, en marge de l’anniversaire, avait été convié à Buckingham Palace, au nom de la Reine Elisabeth II, pour une séance de thé, dans la pure tradition royale.
El Hadj A.B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali