Lisez ladite lettre !
Bamako, le 17 février 2021
A SON EXCELLENCE
MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA TRANSITION
BA N’DAW
EXCELLENCE,
Après les évènements du 18 août, les maliens se demandaient qui sera cet oiseau rare pour conduire une nouvelle transition, conduire le bateau Maliba. Des jours et des jours, finalement la junte a porté son dévolu sur votre personne, un ancien militaire à la retraite qui était dans son champ tranquille. Que le destin nous joue souvent des tours de magie !
Ba N’DAW, le nouvel homme fort pour un nouveau Mali, tant d’espoir suscité, connaissant le passé de ce colonel désintéressé de tout confort. Et le 25 septembre pour davantage rassurer les maliens, votre discours sonne encore dans nos oreilles comme le chant matinal d’un coq. Tous les maux du pays ont figuré dans ce discours aussi bien les solutions préconisées.
Monsieur, le Président, cinq mois après cet appel à la refondation, les espoirs s‘effritent, le peuple perd la foi et pire le fossé s’agrandit entre les différentes couches, comme on le dit dans notre langue « kunu ka fissa ni biyé », hier vaut mieux qu’aujourd’hui. L’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé, le peu de crédit accordé à cette transition était votre personne, jugée intègre et droit. Monsieur le Président, que pensez-vous de cette assertion de Charles Baudelaire, je cite « On pense autrement dans un palais que dans une chaumière » ?
L’exercice du pouvoir est vraiment lourd et vous ne disposez pas de baguette magique pour changer le pays en un clic, mais vous avez le pouvoir d’arrêter la saignée de nos maigres ressources, de stopper l’agonie de cette pauvre population. Une grande majorité du peuple à travers le M5 RFP s’est rebellé pour les mêmes raisons, le constat est amer, car les mêmes pratiques continuent.
Monsieur le Président, le mal est tellement profond que cette transition doit vite se ressaisir, vos priorités sont : la sécurité, l’éducation, la santé, la relecture et l’application de l’accord d’Alger et l’organisation d’élections crédibles et transparentes.
Monsieur, le Président plus vous perdez ces objectifs, plus le pays s’engouffre et l’histoire vous jugera, prenez votre courage à deux mains pour redresser la barre. Au risque de vous voir venir en Héros et partir à Zéro, Monsieur, le Président, le peuple ne vous suit plus.
Monsieur, le Président, l’urgence c’est le bien être du malien lambda, celui qui sort le matin pour chercher de quoi nourrir sa famille. Nonobstant, cette triste réalité, certains de vos ministres s’adonnent à cœur joie avec la prise des décisions impopulaires. La démolition des maisons dans la zone supposée être l’emprise de l’aéroport, les frais de péages au moment où les recettes de ces pauvres chauffeurs ont chuté de près de 55% dû à la COVID -19 et la promotion anarchique des motos taxi. Sans dédouaner quiconque, Monsieur le Président le temps est mal choisi, et ces décisions ne sont point une urgence.
Monsieur, le Président, je puisse vous assurer de ma bonne foi et celles de tous les maliens pour la réussite de cette transition, cependant vous devez prendre le taureau par les cornes. Le bilan de la transition sera le vôtre, donc réussissez-la.
Monsieur, le Président, votre période de grâce a expiré, sans être Superman, Batman, soyez ce Rambo pour sauver la nation Mali avant que d’autres mouvements sociaux ne se mettent en branle à cause de certaines de vos décisions inappropriées.
Enfin, Monsieur, le Président, les Maliens de tout bord attendent de vous, l’atteinte des objectifs cités plus haut afin de conduire le pays vers des élections présidentielles dans le délai prescrit dans la charte de transition.
Nouhoum Seïba SIMAGA
Gestionnaire d’Entreprise
Djicoroni Para
NB : le titre et le chapô sont de notre rédaction