Lors de l’accouchement, il arrive parfois que le bébé tarde à sortir. Dans ces cas là, les spécialistes de la santé font recours à certaines pratiques pour accélérer la délivrance et soulager la maman et sauver le bébé. Certains accouchements nécessitent donc l’utilisation d’instruments pour aider au processus. Le plus connu de ces outils est le forceps. Ces « cuillères » sont utilisées lors des naissances difficiles pour faciliter la délivrance.
Dr Seydou Z. Dao, gynécologue obstétricien au Centre de santé de référence (Csref) de la Commune II, explique que le forceps est un instrument obstétrical qui fait peur à certaines femmes et parents à leur chevet, et pourtant il continue de sauver des vies des bébés et des mères.
Selon le médecin spécialiste, le forceps est un instrument métallique obstétrical ressemblant à deux grosses cuillères. Il est destiné à être placé de part et d’autre de la tête du bébé pendant l’accouchement afin de la saisir et de la guider dans les voies génitales selon le même mécanisme. Autrement dit, faire comme si c’était par les efforts de pousser de la maman afin de faciliter son expulsion. Mais, le toubib s’empresse de préciser que cet instrument n’est applicable que sur la tête du bébé.
Pour lui, c’est une pratique qui évite dans certains cas de faire une césarienne. C’est une intervention complètement différente de celle-ci. « Un accouchement au forceps est non seulement plus rapide, mais également moins coûteux qu’une césarienne », argumente-t-il.
Un accouchement au forceps bien pratiqué comporte moins de complications que la césarienne. Le médecin souligne que le forceps est utile lorsque le bébé est engagé dans le bassin et qu’il souffre de manière inquiétante. C’est-à-dire si son rythme cardiaque ralentit ou si la maman épuisée ne peut plus pousser. Il peut aussi être nécessaire, lorsque les contractions sont inefficaces, ou lors d’une naissance prématurée.
Cet instrument est toujours utilisé en fin d’accouchement, lorsque l’enfant est engagé dans le bassin, à dilatation complète. Selon le toubib, l’idée d’extraire le fœtus par les voies naturelles à l’aide de pinces spéciales est très ancienne. Et il spécifie que seul un médecin est apte à les utiliser.
De son invention à nos jours, le forceps a subi de nombreuses modifications. Il existe différents types de forceps (le Pajot, le Tarnier, le Suzor, etc). Selon le praticien du Csref de la Commune II, le choix du type de forceps dépend en grande partie de chaque accoucheur. La décision d’extraire le fœtus à l’aide du forceps se justifie soit pour des raisons fœtales dans le but de terminer rapidement l’accouchement (souffrance fœtale, non progression de la présentation après plus de 30 minutes d’efforts expulsifs, en cas de prématurité afin de protéger le crâne du bébé, rétention de la tête lors des accouchements par le siège, difficultés d’extraction du bébé lors d’une césarienne). Elle peut être aussi motivée par des raisons maternelles (épuisement maternel ne permettant pas à la parturiente de pousser le bébé convenablement et contre indications des efforts expulsifs, notamment certains problèmes cardiaques ou pulmonaires, etc.)
Pour appliquer cette pratique qui consiste à soulager et la femme et l’enfant, le gynécologue explique qu’il faut au préalable certaines conditions. Il s’agit, entre autres, d’une information de la patiente afin d’obtenir sa coopération, un accoucheur expérimenté maîtrisant parfaitement la mécanique obstétricale et la technique d’accouchement par le forceps et une bonne connaissance du dossier obstétrical. Ainsi, lors du forceps le col utérin doit être à dilatation complète, la poche des eaux doit être rompue, le fœtus doit être en présentation céphalique engagée et atteignant la partie basse de la filière génitale et la vessie doit être vide.
Lorsque l’utilisation de forceps est nécessaire, le médecin doit effectuer la pose entre deux contractions. Il lui suffira d’introduire délicatement les « cuillères » dans le vagin de la maman et les positionner sur les tempes de l’enfant. A la contraction suivante, la maman n’aura plus qu’à pousser. En tirant sur les branches de la cuillère, le médecin écarte les parois du vagin et facilite la progression du bébé. Le gynécologue a notamment indiqué que l’application du forceps nécessite le plus souvent la pratique d’une épisiotomie. Il s’agit d‘une intervention qui consiste à sectionner le périnée dans le but d’agrandir l’orifice vulvaire afin de faciliter un accouchement par les voies naturelles. Elle peut se faire en cas d’accouchement par forceps ou en cas d’accouchement par voie basse simple.
Parlant des risques liés à cette pratique, il soutient que lorsqu’elle est bien faite, elle ne présente pas de danger particulier pour la maman et pour le bébé. Cependant, lorsqu’elle est pratiquée ou appliquée sur de mauvaises indications, certaines complications, le plus souvent bénignes, peuvent apparaître comme les déchirures vaginales ou périnéales.
Pour le côté fœtal, il peut laisser quelques traces sur les tempes, les joues ou le crâne du bébé. Ces traces sont sans gravité et disparaissent en général entre 2 ou 3 jours. Parfois, l’inexpérience de l’utilisateur peut conduire à des complications parfois plus graves.
Dr Seydou Z. Dao, soutient que lorsqu’elle est faite sur de bonnes indications, elle n’est généralement pas douloureuse. De plus en plus, il y a moins d’accouchement par forceps au profit de la césarienne, soit parce que le prestataire ne maîtrise pas la technique, soit parce que le matériel n’existe pas dans la structure.
Fatoumata NAPHO