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Notre enquête : L’armée malienne : Clochardisée par 20 ans de gestion chaotique

Depuis plus de 20 ans après la belle époque où l’armée malienne par ses effectifs, la qualité de son commandement et sa discipline faisait la fierté du pays avec à sa tête des stratèges de valeur, en étant crainte et respectée par nos voisins les plus belliqueux, notre armée donc, disciplinée et héroïque dans l’âme, a commencé à régresser sensiblement à cause de différents maux catalysés par une gestion chaotique et irresponsable.

 

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Ces facteurs sont aussi condamnables les uns que les autres. Le népotisme et le clientélisme dans les recrutements comme dans la hiérarchie marquée par une allégeance absolue au pouvoir qui recrutait parmi elle ses meilleurs courtisans ; l’indiscipline caractérisée dans les corps et la corruption des hauts gradés.

Toute chose qui permettait de laisser les soldats à eux-mêmes en leur déniant leurs droits les plus essentiels dont la simple fourniture en uniformes.

Tant et si bien que nos soldats qui avaient fière allure ont ressemblé au fil du temps à des clochards, avec à peine le minimum vital, habitués à quémander, comme des mendiants, sans pour autant faire vivre décemment leurs familles.

Aux temps Modibo Keita et Moussa Traoré, être un soldat malien était un honneur et une fierté. Parce que l’on venait à l’armée par vocation et par amour pour le métier des armes, avec la volonté de servir et défendre son pays, le Mali, jusqu’à l’ultime sacrifice.

La nostalgie de temps révolus : voici une armée désarmée !

Ces temps idylliques sont révolus. Depuis l’accession au pouvoir des tenants du Mouvement Démocratique après la Révolution de mars 1991 et la Transition qui a suivi, l’armée nationale est devenue la dernière roue du carrosse et le cadet des soucis des démocrates autoproclamés. Ils ont laissé mourir à petit feu la vocation, l’esprit patriotique et de sacrifice dans l’armée, suivis en cela par une nomenklatura d’officiers supérieurs arrivistes et larbins qui ont poussé les fistons les neveux, les frères peu vertueux et ceux de parents, amis et connaissances à entrer indûment dans l’armée nationale a détriment de vaillants fils du peuple à la vocation enracinée et au caractère trempé.

La transition dirigée par le lieutenant colonel Amadou Toumani Touré a eu d’autres chats à fouetter que l’armée nationale. Le régime adéma dirigé par Alpha Oumar Konaré qui a suivi a eu une défiance totale envers cette armée qu’il fallait absolument priver des moyens pour sa mise à niveau en termes de logistiques d’armements, d’infrastructures du génie militaire et pour la couverture de la défense aérienne.

L’armée elle-même a été systématiquement désarmée et réduite à sa plus simple expression. Après la flamme de la paix qui avait détruit des fusils, on n’a pas souvenance que le régime Alpha ait acquis pour elle même une carabine à air comprimé. Sous Alpha, notre armée était à l’agonie avec le dernier MIG soviétique mis au rebut.

Le coup fatal porté par le général ATT

Le général Amadou Toumani Touré, le même qui lui a succédé, lui a porté le coup fatal dont elle ne se relèvera plus avec des moyens aériens quasi inexistants, du matériel militaire faisant l’objet de trafic en toute impunité de la part d’officiers supérieurs à sa botte et un vaste réseau de trafic d’armes de guerre comme les kalachnikovs qui se retrouvaient aux mains de la rébellion armée au Nord. Pendant ce temps, le quotidien des soldats ne s’améliorait pas, bien au contraire. Car la hiérarchie trouvait encore le moyen de les priver à son profit de maigres subsides consentis en leur faveur. Comment une telle armée, démotivée par tant d’avatars, après la rupture de la chaîne de commandement, encore plus ravagée par l’indiscipline après le coup d’Etat du 22 mars 2012 du capitaine Sanogo, pouvait-elle faire face seule au péril de jihadistes supérieurement armés et motivés ? Nous en sommes encore à méditer après la déroute face aux hordes jihadistes en 2012,les effets collatéraux, psychologiques et moraux  de la défaite de notre armée sur le front nord à Kidal du 17 au 21 mai 2014 et ses conséquences gravissimes.

Les héritiers de fiers guerriers du passé

Le 20 janvier célébration de la souveraineté de notre armée nationale, est derrière nous. Mais cette fête du souvenir avait servi de belle manière, dans une cérémonie grandiose, à exalter chez nos soldats, les vertus de loyauté, d’abnégation , de courage, de persévérance et de patriotisme, de don de soi que nous ont léguées les fiers combattants des armées conquérantes, de Soundiata à Samory Touré. Ce sont autant de vertus de ses fils vaillants qui font la grandeur d’une nation et peuvent consacrer sa pérennité. Ce qui n’exclut pas que, à l’exemple de modèles dans la hiérarchie militaire qui forcent le respect, loin de la parade, dans l’humilité et le bien, en dehors de toutes les intrigues, sans protestation inutile devant la méchanceté et l’injustice, ils accomplissent stoïquement leur part de devoir et plus, jusqu’au bout et ce depuis plus de deux ans sans moyens. C’est une situation qui dure depuis plus de vingt ans.

Posons donc la question du pourquoi à la hiérarchie militaire, aux généraux et plus directement au président de la République Ibrahim Boubacar Keita, Chef Suprême des armées.

Si le 20 janvier est le symbole intangible de l’armée malienne qui a retrouvé sa totale liberté d’action à cette date en 1960, avec l’ordre donné à la puissance coloniale française par le père de la nation malienne, Modibo Keita, d’évacuer ses bases militaires du Mali, comme du reste le Mali , elle est revenu de très loin, une année après l’invasion de notre pays par les rebelles touaregs, les islamistes intégristes d’Ansardine, du Mujao, d’Aqmi et autres terroristes narcotrafiquants qui avaient fini par faire du Septentrion un terrain conquis. Elle était parvenue a faire face, jusqu’au 22 mars 2012, aux coups de boutoir des fous de Dieu et des renégats qui avaient osé prendre les armes contre la mère patrie, au nom de l’Islam et d’une prétendue cause touarègue. Elle n’a cédé qu’après le coup d’Etat de la junte de Kati et la rupture générale de la chaîne de commandement.

En cela nul ne peut jeter éternellement la pierre à notre vaillante armée qui, dans cette guerre a manqué de tout, de la simple munition au soutien de l’oligarchie militaire bourgeoise, en passant par la ration quotidienne jusqu’aux moyens logistiques sans lesquels une guerre moderne ne peut se mener ou à fortiori être gagnée. N’est-ce pas un signe qu’au lendemain du coup d’Etat, à Gao sur le théâtre des opérations, les chefs militaires aient été pris à partie, arrêtés et ligotés par la troupe ? C’est parc qu’ils étaient incompétents, incapables ou au pire, indignes de conduire dans l’honneur une armée de vrais patriotes prêts à consentir le sacrifice de leur vie pour l’amour et la dignité de la nation malienne. Tout ce qu’ils n’étaient pas.

Qu’est-ce qui s’est réellement passé au nord depuis 1990 ?

Parmi tous les officiers supérieurs du théâtre des opérations au Nord Mali, certains que l’on peut compter sur les doigts d’une seule main ont trouvé grâce à leurs yeux. Depuis lors il y en a qui, sans aucune promotion au grade supérieur ni une décoration, ont été délibérément écartés de l’armée, mis à la retraite, en ces temps de refondation et de modernisation de cette armée, alors que la guerre du Nord n’étant pas achevée, leurs compétences militaires avérées pouvaient être employées utilement pour le bien de l’institution militaire et de la patrie.

Certains, interrogés à chaud par nos soins, ont préféré garder pour le moment le silence sur les évènements du Nord de 1990 à 2012.

Maintenant qu’ils jouissent de leurs droits à la retraite, peut-être accepteront-ils de nous en dire plus, d’autant qu’il n’ont plus de devoir de réserve ? Car les Maliens ont besoin de savoir ce qui s’est réellement passé et où le bât blesse dans cette rébellion touarègue qu’il ont combattue depuis 1990. A ceux qui les approchent, ils parlent sans cesse du courage des hommes d’Aguelhoc, de leur vaillance, de leur combativité et de leur sacrifice ultime jusqu’à l’épuisement total de leurs munitions et du manque de renfort dont ils n’ont pas pu bénéficier à cause d’un commandement incompétent. Le traumatisme causé par leur exécution sommaire restera à jamais gravé dans leur conscience comme dans la nôtre et ce fait sera une pierre noire inscrite dans le jardin des autorités de l’époque, tous responsables, qui comptaient à leur tête au sommet de l’Exécutif suprême un officier général, le plus haut gradé de l’armée malienne

Oumar Coulibaly

 

Encadré : Des questions pertinentes sans réponses

Pour élucider l’énigme de plusieurs événements, autant de tragédies survenues dans la crise du nord et au sein des forces armées, il est nécessaire de poser à qui de droit certaines questions pertinentes. La Grande muette le pourra-t-elle en toute vérité, avec responsabilité, pour sa propre catharsis et l’édification de la nation malienne ? Voici ces questions :

Pourquoi le général Gamou a-t-il été empêché par Bamako de venir à l’aide de l’armée à Aguel Hoc ?

Pourquoi le Général Ould Meidou et le Général Didier ont été bloqués par les islamistes à 5 km d’Aguelhoc ?

Pourquoi deux hélicos MI24 ont été détruits à Ménaka ?

Pourquoi Diallo du Gandakoye est mort trahi ?

Pourquoi les renforts ne sont pas arrivés à Tessalit, Tinza, Tombouctou ?

Pouquoi le Général Kanikomo a été tenu éloigné du front ?

Pourquoi le Niger est-il le seul pays au monde à avoir réellement aidé le Mali ?

Pourquoi l’Algérie s’est tenue à l’écart ?

Pourquoi la Mauritanie n’avait pas confiance à l’Armée malienne qu’elle disait infiltrée par les islamistes ?

Pourquoi nos troupes d’élites commando sont tombées dans des embuscades ?

Pourquoi tous les ministres de la défense de 1990 à 2013 sont responsables des insuffisances, incohérences et injustices de l’Armée ?

Pourquoi doit-ont faire l’audit des budgets de la Défense et des achats d’armement ?

Pourquoi doit- on situer les responsabilités dans les achats d’armements vieux et de munitions défectueuses ?

Pourquoi les accords d’Alger ont été bâclés? Pourquoi les autorités politiques n’ont pas de mémoire et sont responsables de la politique de Défense du Mali ?

Pourquoi l’Armée a-t-elle payé un lourd tribut aux errements de l’Education Nationale depuis 1990 ?

Pourquoi les fonds alloués à la formation ont été mal utilisés ?

Pourquoi la France de Sarkosy a aidé le MNLA ?

Source: Nouvelle Libération

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