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Accord de défense : une étape indispensable pour la sécurité et la stabilité nationale. Paris menace et fait chanter IBK … Et pourtant…

La signature d’un accord de défense entre le Mali et la France est attendue ce mois de juillet, alors qu’elle était prévue en mai dernier. Mais à cette date ni Bamako, ni l’opinion n’étaient prêtes à accepter ce qui aurait été considéré comme une « capitulation » aux yeux des électeurs d’IBK, le président de la république plébiscité par presque 80¨% du corps électoral malien ayant effectivement voté, pour résoudre la crise du nord.

 

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De part et d’autre, la pression est forte sur le chef de l’Etat. Celles de Paris sont assorties de menaces à peine voilées et de chantages concernant l’Affaire Tomi. Parce qu’ « IBK a refusé de se coucher ». La France a un besoin impératif de cet accord pour voir légitimée totalement sa présence militaire désormais controversée en terre malienne.

Pour enfoncer le clou, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense brandit l’épouvantail de l’invasion jihadiste qui planerait encore. Sans détour, il affirme : «  l’opération Serval au Mali est en train de se terminer dans sa phase de guerre frontale contre les groupes jihadistes. Si l’accord de défense n’est pas signé dans un bref délai, les soldats français pourraient quitter le sol malien, alors que les islamistes reviennent en force dans le nord du pays ».

Mais ne s’agit-il que de la poursuite de la traque urgente des islamistes du Nord du Mali? Le Drian, indique qu’en bon Samaritain, « la France est en train de se réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme, précisant que 1 000 soldats français allaient être concentrés près de Gao et 3 000 autres sur la  bande sahélo-saharienne ».

Mais aussi étonnant que cela soit il n’y a eu aucune communication gouvernementale au sommet concernant un accord aussi capital. C’est l’omerta, la loi du silence, lorsque l’opinion, prête à s’incliner, voudrait de plus amples informations sur ses tenants et aboutissants avant d’adhérer totalement ou avec des réserves. Car les précédents de l’intervention française en janvier 2013 et l’épineuse question de Kidal créée par la France au détriment du Mali et de sa souveraineté sont encore ancrés dans les esprits.

C’est ce que François Hollande et les autorités de l’Hexagone ne comprennent pas qui entreprennent depuis un certain temps des opérations de déstabilisation d’IBK et de son régime, pour mieux l’affaiblir, l’isoler ou l’abattre. Un mauvais calcul qui risque de se retourner contre ses auteurs. La France, pour une fois aurait dû mettre carte sur table et non chercher à infantiliser nos plus hautes autorités ou à les tourner en bourrique.

Car dans sa conception première, l’accord de défense avec la France est un contrat léonin, pire que les conditions draconiennes auxquelles ont consenti malheureusement Dioncounda Traoré et les autorités de la Transition en appelant au secours la France. Par le biais de son intervention, le Mali avait été livré pieds et poings liés au bon vouloir des troupes et des autorités françaises qui ont atterri en terrain conquis et recolonisés.

Parce que selon les termes de l’accord d’intervention, les forces françaises dirigées par l’Etat français pouvaient aller et venir partout librement, s’installer là où bon leur semblait ; intervenir là où bon leur semblait sans prévenir quiconque, contre la volonté des autorités maliennes, faire les dégâts les plus désastreux sans être tenus pour responsables ou devoir réparation. Que cela soit des dégâts collatéraux, des morts au détriment de la population civile, des édifices privés ou publics ou des infrastructures économiques, aussi importantes soient-elles.

C’est dans le même prolongement que la France fait le forcing pour la signature du fameux accord de défense qui permettra à son armée de se mouvoir à l’aise sur toute l’étendue du territoire national et au Nord du Mali, là  où la France a une faiblesse particulière, singulièrement la région de Kidal, fief du chef islamiste et terroriste Iyad Ag Ghali, son nouvel allié. Considéré comme un héros par les jeunes touaregs, il vient de retourner en force aves ses hommes, pour calmer les ardeurs du Mnla et le remettre, de gré ou de force, dans les rangs.

La menace de la France de plier bagage si le gouvernement cède une nouvelle fois aux critiques des opposants à l’accord de défense est puérile. C’est encore un chantage qui ne tiendra pas la route. Car la France est tenue de remplir sa mission jusqu’au bout selon les termes ou plutôt les clauses de la résolution Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Elle a trop d’intérêts stratégiques et économiques au Mali pour partir si elle n’y est pas forcée par un soulèvement populaire.

De l’autre côté elle ne gagnerait rien à fomenter un coup d’Etat, en désespoir de cause pour se débarrasser du président Ibrahim Boubacar Keïta dans la conjoncture actuelle. Cela ne pourrait, en cas de succès, que favoriser une instabilité chronique des institutions de la République,  ouvrir la porte à une forte anarchie sociale et au pire à la guerre civile.

Ce qui se retournerait contre elle. La seule voie qui vaille pour elle et pour nous est celle de la franchise et de la coopération dans la communication pour l’édification de l’opinion dans cette affaire d’intérêt mutuel.

Déjà, presque toutes les organisations de la société civiles ayant fait des propositions de sortie de crise ont opté pour la signature diligente d’un accord de défense avec la France, au-delà d’un simple accord de coopération militaire. Les kel tamasheq l’ont dit par la voix de l’ancien premier ministre Mohamed Ahmed Ag Hamani , une référence dans les milieux touaregs et arabes.

Les bellahs du Nord l’ont revendiqué officiellement lors d’une récente réunion de Temesdt, l’association de leurs ressortissants. Les partis politiques ne sont pas en reste. Il y a même le Collectif Pour le Changement constitué des jeunes candidats désignés par leurs partis à la dernière présidentielle rangés derrière IBK au second tour, qui ont officiellement sonné le tocsin lors d’une conférence de presse le 3 juin dernier à la Maison de la presse en appelant d’urgence à la signature par les autorités de l’accord de défense avec la France, qui permettra de sécuriser le nord et le territoire national, en mettant définitivement un frein aux menaces récurrentes du terrorisme jihadiste et des groupes rebelles armés.

L’opinion est donc suffisamment informée et sensibilisée pour donner ses faveurs à un accord juste, favorable aux deux parties, qui ne pénaliserait en rien notre souveraineté nationale, même s’il faut qu’on accorde à la France quelque concession pour mener dans les conditions optimales sa mission de sécurisation du Mali et d’éradication du terrorisme sur notre sol.

Le relent néo-colonialiste sous-jacent pour certains est une inquiétude légitime, ce cheval de bataille du MP22 est une question qui ne sera pas occultée par nos autorités à l’examen du document. Ce que les citoyens doivent savoir, c’est que l’heure est grave pour le Mali face aux groupes islamistes fortement armés dans le septentrion et qui bénéficient d’aides et de complicités extérieures. Nous devons savoir, tout un chacun, raison garder et accepter cet accord qui est une étape indispensable et même incontournable pour la sécurité et la stabilité nationale.

Dossier réalisé par Oumar Coulibaly

Source: Nouvelle Libération

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