Réagissant à la note trimestrielle de la MINUSMA sur les tendances des violations, le gouvernement a émis des doutes sur la crédibilité dudit document parce qu’il ne donne « aucune précision sur les sources de vérifications des cas rapportés » dans un document contenant ses observations rendu public ce mercredi 22 mars.
Publiées quelques temps après la note périodique de la MINUSMA, les observations du gouvernement sur ce document qui dresse le tableau des violations des droits de l’homme et au droit international humanitaire, mettent en doute des informations de la mission onusienne.
Cette note, à l’image d’autres documents de la MINUSMA, depuis quelque temps, est au cœur des divergences entre les autorités maliennes et la mission onusienne. Encore cette fois, la transition malienne fait des reproches à la méthodologie de travail non professionnelle puisqu’elle « ne donne aucune précision sur les sources de vérifications des cas rapportés afin de permettre à la partie gouvernementale de mener, au besoin, une confrontation et des enquêtes ».
Pour le gouvernement, cette situation « met en cause la crédibilité de la Note trimestrielle » alors que la MINUSMA argumente que les allégations contenues dans sa Note sont soutenues et conformes aux standards des Nations Unies en matière d’enquête concernant les questions de violation des droits de l’homme, notamment les « motifs raisonnables de croire ».
Les autorités de la transition répondent que cette approche « n’est guère infaillible, car la conclusion peut changer d’un sujet à l’autre, en dehors de toute objectivité ».
Aussi, précisant avoir mené des « entretiens avec des personnes ayant connaissance directe des faits ou ayant des informations de première main, ont été menés à distance…», pour le gouvernement, la démarche de la MINUSMA pose la question de la crédibilité de toutes les informations recueillies dans ces conditions.
De même, sur la question des écoles évoquées dans plusieurs passages de la Note, le Gouvernement, pour des raisons de fiabilité des données, invite la MINUSMA à se référer au Cluster Éducation publié en décembre 2022 sur la situation des écoles au Mali.
Le gouvernement dans sa réaction a également fait une mise au point de la « distinction à l’ancien juge islamique, Houka Houka Ag Alhousseyni par le Gouverneur de la région de Tombouctou » soulignée dans la Note trimestriel de la MINUSMA.
Sur ce point, le gouvernement précise que ce n’était pas une distinction de décoration, mais plutôt une attestation de reconnaissance remise aux légitimités traditionnelles dans le cadre des services rendus en faveur de la paix et du vivre ensemble dans la région de Tombouctou.
« Cette attestation ne saurait entraver le traitement des différentes plaintes déposées contre l’intéressé par les victimes, y compris d’autres procédures enclenchées contre lui et qui sont en cours », a rassuré le gouvernement.
Par ailleurs, malgré que la quasi-totalité des cas avérés de violations des droits de l’homme sont imputables aux groupes armés et terroristes dans la Note, le gouvernement précise que les allégations imputables aux FDSM avaient toujours fait l’objet d’ouverture systématique d’enquêtes au niveau de la justice militaire.
Réfutant les allégations de la MINUSMA, le gouvernement affirme que les forces armées maliennes avaient été bien outillées en matière des droits de l’homme et du droit humanitaire international.
La diminution des cas de violations constatées par la MINUSMA par rapport à la période précédente, résulte des efforts déployés par le Gouvernement qui reste convaincu que l’amélioration de la situation des droits de l’homme et du droit humanitaire reste intimement liée à la stabilisation du territoire.
« Les efforts de sécurisation et de stabilisation du territoire par les FDSM, combinés aux initiatives locales de réconciliation soutenues par les autorités locales, ont abouti à une diminution drastique des violences contre les civils et le retour volontaire de milliers de déplacés internes et de réfugiés maliens dans leurs localités d’origine », a indiqué le gouvernement dans son document.
Concernant la lutte contre l’impunité, la MINUSMA déplore les lenteurs des cas de poursuite annoncées par les autorités maliennes en plus d’avoir reconnu les efforts dans le domaine de la lutte contre l’impunité au Mali et en matière de promotion et protection des droits de l’homme dans le cadre de la prise en charge des victimes de violations graves des droits de l’homme.
« Le Gouvernement malien rappelle son attachement à la lutte contre l’impunité. Tous les cas documentés ont fait l’objet d’ouverture systématique d’enquêtes. Des ordres de poursuite ont été délivrés pour des cas avérés et des informations judiciaires sont en cours dans divers cabinets d’instruction des juridictions militaires dont l’une des dernières sessions s’est tenue le 21 novembre 2022 », ont répliqué les autorités maliennes, soulignant que le pays est pleinement conscient de sa responsabilité première en matière de promotion et de protection des droits de l’homme.
Malgré les défis, elles ont réitéré leur engagement à respecter et à faire respecter lesdits droits.
Notre pays, souligne le document d’observations du gouvernement, reste engagé en matière de promotion et de protection des droits de l’homme, cependant il s’oppose à l’instrumentalisation de la question à des fins politiques, géopolitiques, voire souvent de déstabilisation.
Par ailleurs, le Gouvernement a constaté avec regret que, comme les précédentes, la présente Note n’avait pas mis l’accent sur les efforts déployés par les autorités maliennes en matière de protection et de promotion des droits de l’homme, notamment en termes de formation et de sensibilisation.
« Le Gouvernement du Mali poursuivra cette dynamique qui contribue au renforcement de la prise en charge de la question des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans le cadre des opérations antiterroristes menées par les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM), favorisant ainsi l’amélioration de la situation sécuritaire et une meilleure protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire », promet-il dans sa note d’observations.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin