Par une pédagogie au service de la paix, le projet fait de l’éducation un instrument clef permettant aux communautés d’anticiper, de s’adapter et de surmonter plus vite et mieux les crises
Le Projet « Education en situation d’urgence en vue de renforcer la résilience au Sahel : Appui au Mali » est mis en œuvre depuis mai 2014. Financé par le gouvernement japonais pour un montant de 500.000 dollars soit 250 millions de Fcfa, il vise à doter les gestionnaires de l’éducation et les communautés des régions du Nord du pays soumises à des niveaux extrêmes de vulnérabilité, de compétences de base et d’outils nécessaires à l’accroissement de leur résilience face aux conséquences de la crise que le pays traverse.
Le projet « Education en situation d’urgence en vue de renforcer la résilience au Sahel » ambitionne également de faire l’état des lieux des compétences des jeunes en vue d’élaborer des programmes de formation professionnelle et de développer leurs compétences en matière de résilience pour lutter contre la vulnérabilité spécifique au Mali ; mettre en place un plan d’éducation à la paix et un programme de sécurité à l’école dans les régions du Nord du pays. Il prévoit aussi de renforcer la capacité du système éducatif en le dotant de stratégie d’enseignement et d’apprentissage intégrés, lui permettant de s’adapter à l’environnement actuel, de contribuer à la réduction des risques et catastrophes, à la prévention et à la résolution des conflits.
Les réfugiés, les déplacés, les jeunes vulnérables, déscolarisés, non scolarisés, les peuples nomades, transhumants des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal touchées par les conflits, les formateurs des ministères en charge de l’éducation, les organisations communautaires, non gouvernementales, les associations féminines, les syndicats d’enseignants et les chefs religieux en sont les bénéficiaires directs.
Le ministère de l’Education nationale et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont présenté mardi à l’hôtel Salam les résultats à mi-parcours du projet. Des programmes, des modules de formation en matière de formation professionnelle, relatifs à la prévention, à la gestion des risques et catastrophes et sur l’éducation à la paix, le vivre ensemble au Mali sont quelques résultats obtenus.
La cérémonie de présentation des résultats coprésidée par le ministre de l’Education nationale, Kénékouo dit Barthelemy Togo, et le chef du bureau UNESCO dans notre pays, Lazare Eloundou, s’est déroulée en présence de l’ambassadeur du Japon, Akira Matsubara. Celui-ci a rappelé que notre pays fait face depuis 2012 à une crise multidimensionnelle paralysant le système éducatif dans certaines de ses régions. En réponse aux effets négatifs de cette crise, poursuit le diplomate nippon, le gouvernement de son pays a décidé de financer le Projet « Education en situation d’urgence en vue de renforcer la résilience au Sahel » initié par le bureau UNESCO. Il vise à intégrer les plans, les interventions humanitaires et les actions de développement dans un cadre de renforcement de capacité de résilience à long terme des populations les plus vulnérables des régions touchées par la crise, a indiqué Akira Matsubara.
L’ambassadeur japonais a précisé que le projet correspondait aux priorités du plan d’actions de Yokohama de 2013-2017, issu de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD). Le Japon souhaite, par ce geste, soutenir les autorités maliennes dans l’atténuation des souffrances de ses populations, a assuré Akira Matsubara.
Le Projet « Education en situation d’urgence pour renforcer la résilience au Sahel » va s’attaquer aux causes profondes de la crise que sont le chômage, l’injustice, le manque de perspectives pour les jeunes, a précisé Lazare Eloundou. Par une pédagogie au service de la paix, il veut faire de l’éducation un instrument clef de renforcement de la résilience permettant aux communautés d’anticiper, de s’adapter et de surmonter plus vite et mieux les crises.
Le projet apportera aussi aux jeunes en situation de précarité, des compétences et des connaissances afin de contribuer à la construction de la résilience du système éducatif dans les régions touchées par le conflit, a souligné le chef du bureau UNESCO.
La crise politico-sécuritaire et institutionnelle que notre pays a traversée a mis trois millions de personnes en situation d’insécurité, dont 220.000 enfants, a déploré pour sa part le ministre de l’Education nationale. Plus de 100.000 personnes, dont des élèves, ont migré sans moyens de subsistance vers la partie Sud et les pays voisins du nôtre. Le secteur éducatif a été sévèrement touché par la crise, a constaté Kénékouo dit Barthélemy Togo en citant la destruction des structures de gestion des établissements scolaires, les déplacements interne et externe des enfants, la démoralisation du personnel éducatif et l’interruption des activités d’apprentissages dans de nombreuses parties du Nord et du centre du pays. La crise, a déploré Kénékouo dit Barthélemy Togo, a entrainé un anéantissement des acquis éducatifs à Kidal en réduisant à néant des années d’investissement.
S. Y. WAGUE
source : L’Essor