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Nord du Mali : de l’irrédentisme touareg à la guerre tribale ?

Alors que les combats entre groupes rebelles et milices loyalistes se multiplient au nord du Mali, c’est tout le processus de paix engagé à Alger qui se trouve menacé. Avec le risque que les affrontements intercommunautaires ne se généralisent, reléguant la question de l’irrédentisme touareg au second plan.

COLONEL ALHADJI AG GAMOU

Depuis janvier à Tabankort, de violents combats ont éclaté entre d’un côté la plate-forme du 14-Juillet, qui fédère le Groupe d’auto-défense touareg Imghad et alliés (Gatia) avec le Mouvement arabe d’auto-défense et, de l’autre, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Au cours des derniers mois, ce genre d’affrontements entre groupes armés se multiplient au nord du Mali. Le 29 décembre dernier, le MNLA a notamment perdu 5 de ses membres à Bamba. Deux mois plus tôt, octobre, le Gatia chassait les indépendantistes des localités de Tessit et In Tellit.

Mais au-delà de leur côté loyaliste ou rebelle, ces groupes recoupent également des réalités tribales assez homogènes. Le Gatia, comme son nom l’indique, est un groupe composé majoritairement d’Imghad, la plus grande tribu touarègue en nombre dans le nord du Mali. Son fondateur, El Hadj Ag Gamou, est le seul général touareg de l’armée malienne.

En face, les Ifoghas, alliés traditionnels de Bamako de 1960 à 2002, sont à nouveau entrés en rébellion contre le gouvernement depuis 2012, avec des tribus alliées comme les Idnan, les Chamanamasse… En mai 2014, lorsque les soldats de Bamako ont subit une lourde défaite face aux indépendantistes à Kidal lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara, les leaders imghad ont créé le Gatia pour protéger leur communauté des autres groupes armés.

1. Quels sont les rapports entre le Gatia et Bamako ?

Difficile d’avoir des certitudes sur ce sujet. Officiellement, le général Ag Gamou est conseillé au chef d’état-major général des armées du Mali. “Il est aussi à l’origine de la création du Gatia”, affirme un élu local du nord, bon connaisseur du dossier. D’autres sources indépendantes vont même jusqu’à faire un rapprochement entre le Gatia et l’armée malienne. “Les habitants de Tessite, dans la région de Gao, qui ont vu les hommes du Gatia, nous ont dit que les combattants de ce groupe sont composés de l’ancienne milice Delta de Ag Gamou et d’éléments du Groupe technique inter armes, (GTIA) de l’armée malienne”, affirme une source militaire occidentale à Bamako.

Mais selon le ministère malien de la Défense, ces allégations “relèvent d’une pure intox visant à jeter le discrédit sur l’armée malienne”. Dans le nord, les rumeurs sur les connexions entre Bamako et Gatia vont pourtant bon train. “Une seule chose est sûre, tranche un diplomate à Bamako : le gouvernement malien a affiché clairement son souhait de voir des représentants du Gatia au sein de la Commission mixte de sécurité (CMS), composée d’une part par les groupes armés, et d’autre part de la Mission de l’ONU (Minusma) et de l’État malien”.

Source: Jeune Afrique

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