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Nominations tous azimuts: Le gouvernement bloque tout net Mercredi

En fixant  la prise de fonction du nouveau président de la République au 4 septembre prochain,  la Cour constitutionnelle a manifestement provoqué le courroux d’un gouvernement de transition, dont l’échéance de vie vient ainsi d’être écourtée.gouvernement malien diango cissoko

Plusieurs ministres n’ont en effet pas apprécié ce qu’ils considèrent comme une intolérable ingérence de l’instance juridictionnelle qui a du coup bloqué de récentes initiatives de nominations tous azimuts. Atmosphère suspicieuse…

Ce n’est pas apparu au grand jour, ni même perceptible sur le plateau de l’ORTM : l’atmosphère surchauffée du conseil de ministres de ce mercredi ne transparaissait pas au cours du journal télévisé, mercredi dernier, quand notre confrère lisait le communiqué qui l’a sanctionné.

Et pourtant, c’était bien le cas : ce jour-là, à Koulouba, le conseil de ministres s’est déroulé dans un contexte houleux, tendu et surchauffé.

Des ministres du gouvernement sortant semblent avoir mal apprécié l’agenda politique, tel qu’il a été en définitive fixé par la Cour constitutionnelle, avec  l’annonce de la date officielle d’entrée en fonction du nouvel homme élu.

Ils ont tout simplement laissé éclater leur désapprobation et n’ont pas hésité à le faire savoir publiquement au risque de gâcher la sérénité des débats, en présence d’un président intérimaire, Dioncounda Traoré, totalement désemparé.

En fait, les ministres boudeurs, transformés à l’occasion en indécrottables constitutionnalistes, ont, semble-t-il, sorti l’artillerie lourde en soutenant que la Cour constitutionnelle, instance juridictionnelle habilitée à se prononcer sur la régularité du scrutin présidentiel, avant d’en proclamer les résultats, n’a pas justement, selon eux, à se prononcer sur la date d’intronisation du nouveau président élu, allant jusqu’à fixer un point de départ pour cette prise de fonction.

Apparemment, on constate ici le nœud de la discorde.

Plusieurs ministres, voyant inexorablement la fin de la transition, ont justement profité de ce conseil de ministres ultime pour effectuer à des nominations tous azimuts dans leurs départements respectifs.

En pareille opportunité politique, considérant l’arrêt de la haute juridiction, qui fixe dans des délais clairs et nets la prise de fonction du nouveau président de la République, il a été tout simplement décidé d’écarter tous les projets de nominations à l’ordre du jour de ce conseil de ministres. Au motif que ces nominations n’étaient plus opérantes, au regard de l’esprit républicain qui fonde le passage de témoin au nouvel homme fort du pays, à partir du moment où sa prise de fonction effective du pouvoir est bien fixée par la loi.

Et de fait, avec la proclamation officielle de son élection comme Président de la République élu, la Cour Constitutionnelle fait de facto de IBK l’unique dépositaire du pouvoir régalien.

Dès lors, dans un esprit républicain, l’équipe sortante, Président intérimaire et gouvernement de transition, ne sont plus habilités à poser des actes qui engagent le Souverain.

Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’ire de certains membres du gouvernement, lesquels ont laissé éclater leur colère, en plein conseil de ministres, avec l’argumentaire soutenu qu’une telle prérogative n’est pas du ressort de la Cour constitutionnelle.

Au-delà de cette atmosphère tendue du conclave ministériel, qui a finalement adopté de ne plus avaliser de projets de nominations, d’ici l’installation des nouvelles autorités, l’attitude de ces ministres boudeurs a rendu perplexe plus d’un, au sein de l’opinion publique, qui n’a pas compris comment, dans un contexte aussi singulier, des membres du gouvernement, en fin de mandat, puissent s’accrocher à de tels strapontins, au détriment de l’intérêt général.

Ce comportement, pour le moins inopportun, est apparu, aux yeux de bon nombre d’observateurs, comme une image peu flatteuse de l’appareil gouvernemental dont plusieurs membres n’ont apparemment pas la volonté de quitter le navire et de vouloir ainsi perpétuer des initiatives bassement partisanes. Au grand dam des préoccupations nationales qui se déclinent, pour le nouveau pouvoir, en de véritables défis politiques auxquels le pays, dans son ensemble, est confronté, après une telle crise aiguë qu’il a connue, et pour la sortie de laquelle bon nombre de Maliens estiment que la transition gouvernementale doit impérativement laisser la place à de nouvelles institutions élues.

Même si les noms des ministres de cette nouvelle fronde n’ont pas été révélés (solidarité gouvernementale oblige), ils n’en ont pas moins protesté avec véhémence contre la décision de la Cour constitutionnelle, sous le prétexte qu’elle n’avait pas le droit d’en décider ainsi, et que cela relevait de l’autorité du gouvernement. Toute chose qui traduit un malaise certain au sein de la transition sortante visiblement accrochée à ses avantages.

Voilà qui suscite au sein de l’opinion publique des interrogations sur les motivations réelles ou supposées de récentes décisions prises, au sommet de l’Etat, sur lesquelles on estime qu’elles ne relevaient pas forcément de l’attribution de la transition, en ce sens qu’elles peuvent indubitablement constituer de véritables peaux de banane sous les pieds des nouvelles autorités.

IBK, le nouvel homme fort du pays, a-t-il été donc consulté pour toutes  ces nouvelles et récentes mesures, dont certaines qui auront forcément de profondes répercussions politiques sur son début de mandat ? Aura-t-il les coudées franches pour en décider autrement dans des cas où manifestement, il serait pris au dépourvu ?

Tout indique bien clairement que le passage de témoin n’est pas forcément un exercice serein entre les partants et les nouveaux arrivants au sujet de l’intérêt de l’Etat.

Sékouba Samaké

Source: info-matin

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