Le Président Ibrahim Boubacar KEITA vient de donner un signal fort quant au respect de sa promesse de placer son 2e mandat sous le signe de la « jeunesse », en nommant une dizaine de jeunes dans le Gouvernement SBM II. Ces nominations ne doivent pas être l’arbre qui va cacher la forêt du problème de chômage des jeunes, de leur formation….
Le Président Ibrahim Boubacar KEITA, après la proclamation des résultats définitifs du 2e tour de la présidentielle, le lundi 20 août 2018, s’est adressé à la Nation. A cette occasion, très ému et enthousiaste de sa réélection, IBK a fait la promesse de placer son 2e mandat sous le signe de la jeunesse, sous un tonnerre d’applaudissements des jeunes qui se trouvaient ce jour au Quartier général de campagne du candidat.
Il a ainsi promis : « je veux faire des cinq prochaines années un mandat de préparation de la prochaine génération. Je sais ce que je vous dois. Je sais ce que ma génération vous doit. Je sais ce que ce pays vous doit. Je consacrerai le principal de notre effort à votre épanouissement, en vous dotant des moyens nécessaires à votre formation, à votre émancipation, à votre réussite ».
Quelques semaines plus tard, le Chef de l’Etat, en tandem avec le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA, décide de mettre à exécution sa promesse de faire « la promotion des jeunes dans des postes de prise de décisions ». Ainsi, dans le tout premier gouvernement d’IBK de sa seconde mandature, mis en place le dimanche dernier, on note une nette augmentation du nombre de jeunes. Contrairement à l’équipe sortante, de 7 le nombre de jeunes est passé à une dizaine de ministres d’une équipe de 32 membres. Il s’agit notamment des ministres Boubou CISSE, Amadou KOITA, Kamissa CAMARA, Arouna Modibo TOURE, Mme DIALL Safia BOLLY, Mohamed Moustapha SIDIBE, N’Diaye Ramatoulaye DIALLO…
«Nous avons noté avec satisfaction que le nombre de jeunes dans le gouvernement a augmenté. C’est une bonne chose », a apprécié un responsable du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ-Mali) joint par nos soins au lendemain de la publication de la liste du nouveau gouvernement.
Toutefois, estime-t-il « ça aurait été encore mieux si certains de ces jeunes étaient choisis parmi les membres des associations des jeunes du Mali ».
Aussi, pour ne pas disperser les efforts, le Président a créé le ministère de la Jeunesse, de l’emploi et de la construction citoyenne. Or, dans le gouvernement précédent, le ministère de la Jeunesse et de la construction citoyenne était séparé de celui de l’Emploi et de la formation professionnelle. Par cette décision, le Président de la République veut faire la jeunesse un levier pour booster la création d’emplois comme affirmé par le leader du CNJ-Mali.
Bien avant la formation de ce gouvernement, le Président IBK a donné le signal lors de ses déplacements en Mauritanie et en Chine où il était accompagné de plusieurs responsables jeunes du Mali.
Au-delà de la nomination
Cependant, ces nominations ne doivent pas voiler les réels besoins et problèmes de la jeunesse malienne. Représentant près de 62% de la population malienne, la jeunesse, en très grande majorité, est désœuvrée et peu qualifiée. Sans perspective véritable, ces jeunes constituent le gros lot de ceux qui tentent, au prix de leur vie, l’immigration clandestine. La désignation de quelques jeunes dans le gouvernement ne saurait être une solution aux problèmes de ces jeunes qui attendent plus de leur autorités.
« Nous saluons la représentativité des jeunes dans ce gouvernement. Mais nous souhaitons qu’au-delà de ces nominations qu’il y ait un véritable travail pour occuper les jeunes. On ne peut pas prendre en compte les besoins des jeunes si on ne crée pas les conditions de s’épanouir», a martelé le président du Mouvement des chômeurs du Mali, Mahamane Ibrahima TOURE. Et pourtant, malgré la création des 200 000 emplois par le Président IBK, au cours de son premier mandat, le Mali fait partie des pays ayant le taux de chômage le plus élevé au monde.
Ainsi, ce n’est pas la nomination des jeunes à des postes de responsabilité qui résoudra le manque de formation d’une jeunesse peu qualifiée.
En plus de cela, il faut une adéquation entre les offres de travail et les enseignements dispensés dans nos écoles. Une inadéquation qui a pour conséquence que des milliers de jeunes diplômés formés dans nos établissements d’enseignement supérieur viennent grossier le rang des personnes à la recherche d’emploi.
La prise en compte des besoins des jeunes passe par la résolution de ces problèmes.
Par Sikou BAH
Info-matin