Le nouveau gouvernement du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est connu depuis dimanche. Si une douzaine de ministres de l’ancienne équipe ont été remerciés pour diverses considérations, huit nouvelles personnalités ont été appelées à la tâche, en vue de combler les attentes des Maliens. Conformément au nouveau cap, fixé le 4 septembre dernier par le nouveau président investi, une place de choix a été réservée aux technocrates, ‘’au détriment des politiques’’, comme l’ont su bien constater certains observateurs. Une manière pour le PM de traduire en acte concret le message du président de la république lors de son investiture : ‘’… je serai le président de tous les Maliens’’.
Pour cette nouvelle mandature, IBK introduit une doctrine : l’action rapide. Un principe : la justice. Un objectif : l’intérêt général. Il détaille : « C’est un “new deal” que je vous propose, un contrat de confiance fondé sur le résultat ». Il s’agit indubitablement d’aller à la vitesse supérieure dans la satisfaction de la demande des Maliens. C’est pourquoi, dans ce nouveau gouvernement, politiques et société civile trouvent bien leur compte.
Choix de la raison
IBK et son PM ont fait appel à des technocrates rompus à la tâche, à l’image des anciens ministres Lassine Bouaré, Sambou Wagué, des baroudeurs, comme Aïssata Kassa Traoré, Mme Kamissa Camara, Safia Boly…
Lassine Bouaré, sans véritable coloration politique, a une longue et riche carrière au sein de l’administration malienne. Il exerce, dans un premier temps à la direction nationale des industries (1989-1990), puis au Commissariat à la réforme administrative entre 1990 et 1994. Il est ensuite Chef de la Cellule de développement à la Mission de décentralisation et des réformes institutionnelles. De 2000 à 2001, il est conseiller technique au ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales, chargé des questions de décentralisation et de développement local. En 2002, il est nommé conseiller technique à la Présidence de la République pour gérer les questions de politique et gouvernance, poste qu’il occupe jusqu’en 2003. Lassine Bouaré a également dirigé l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) de 2003 jusqu’à son entrée au gouvernement, le 9 avril 2009 où il fut ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du budget dans le gouvernement remanié de Modibo Sidibé. Le 6 avril 2011, il est nommé ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Quant à Sambou Sambou Wagué, né vers 1955, il est lui aussi ancien ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, dans le gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Il est diplômé de l’École nationale d’administration de Bamako, option économie-finance. Il occupe tour à tour les postes de Chef de division études et contrôle du trésor, Receveur général du District de Bamako, Directeur national du Trésor, Directeur de la Coopération internationale. Avant sa récente nomination, il était directeur général de EDM. Sambou Wagué a été par ailleurs membre de la Commission bancaire de l’UMOA et du groupe d’experts sur la réforme institutionnelle de l’UMOA et de la BCEAO.
Le renouveau
Au nom du renouveau de l’action politique, appel a été lancé à une jeune au parcours brillant, Mme Kamissa Camara, pour conduire la diplomatie malienne. Ainsi, la nouvelle ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, malgré son jeune âge (35 ans révolus), a un brillant parcours derrière elle pour mener à bien sa mission. Nommée le 5 Juillet 2018, Conseiller diplomatique du Président Ibrahim Boubacar Keita avec rang d’Ambassadeur, première femme à ce poste, Kamissa Camara est la fondatrice du Forum Stratégique sur le Sahel et est affiliée au Centre d’Études africaines de l’Université́ de Harvard. En 2016 -2017, elle a servi dans la campagne d’Hillary Clinton et dans son « Africa Policy Group », en tant que conseillère stratégique sur la région du Sahel. De 2015 à 2018, Kamissa était employée par le Foreign Service Institute du Département d’État américain pour former des diplomates américains en partance pour l’Afrique sub-Saharienne sur les défis politiques, sécuritaires, institutionnels et de gouvernance qui touchent le continent. Elle est également familière des débats sur CNN, la Voix de l’Amérique, Al Jazeera, BBC, TV5 Afrique, France24, etc.
La ministre de la Promotion de la femme, Mme Diakité Aïssata Kassa Traoré est elle aussi une femme d’expérience et de terrain. De son surnom ‘’Aïssa Prado’’, la nouvelle ministre est décrite comme une ‘’fonceuse et une désintéressée’’. Elle dirige plusieurs organismes et projets de développement. Elle fut Coordinatrice « Projet Genre et développement », Coordinatrice du projet avec l’ambassade des U.S.A « World learning » (monde de l’apprentissage) des jeunes filles ; Coordinatrice du projet avec l’UNICEF, basé sur la communication pour le développement sur la santé de la reproduction et les quatre gestes qui sauvent : le lavage des mains au savon, dormir sous une moustiquaire, nutrition des enfants, l’entretien de la mère. Jusqu’à sa nomination, elle occupait le poste de Coordinatrice « Projet Nutrition WASH « Damu Ni Wassa » sur la Nutrition, l’assainissement, les bonnes pratiques d’hygiène dans les 41 aires de santé du District sanitaire de Koutiala et Présidente Association Lumière des Femmes Koutiala (ALFK).
Quant à Safia Boly, la désormais ministre de la Réforme de l’Administration et de la transparence de vie publique, elle était jusque-là cadre de la Monusco (Mission de l’ONU en RDC), ancienne chef du Centre de services régional d’Entebbe en Ouganda (RSCE.
La titulaire du portefeuille des Mines et du pétrole, Lelenta Hawa Baba Bah, est en terrain connu pour avoir été jusqu’à sa nomination directrice générale des mines et de la géologie.
Parmi les rentrants, on note la présence de deux politiques bon teint : Yaya Sangaré, nouveau ministre des Maliens de l’extérieur, est membre du bureau politique de l’ADEMA et non moins député à l’Assemblée nationale. Son homologue de l’Habitat et de l’urbanisme, Mohamed Moustapha Sidibé, un expert-comptable de son état, était lui-aussi membre du bureau politique de Yelema, mais évincé lors des dernières assises de son parti à Mopti.
Rallumer l’espoir ?
Par le choix de ces hommes et femmes, le président IBK confirme, sans doute, sa volonté de rallumer la flamme de l’espoir dans les cœurs des Maliens sur la voie de la paix, du dialogue, dans le but de consolider la sécurité sur l’ensemble du territoire, rassembler les Maliens autour de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, cultiver l’amour du travail et la reconnaissance du mérite, promouvoir l’autonomie des femmes et des jeunes et enfin organiser une lutte implacable contre la corruption.
« J’essaierai d’être digne de votre confiance pendant les cinq années à venir », a affirmé le président IBK, lors de son investiture. Ce message, pour un président sortant, a tout son sens, dans la mesure où il est parfaitement au courant des préoccupations des populations pour les avoir côtoyées pendant cinq longues années.
À tous ceux qui sont déçus par sa gouvernance passée, IBK a rassuré : « C’est un nouveau deal que je vous propose ». Ce nouveau contrat de confiance où la jeunesse sera au cœur des actions, sera sous-tendu par une vision basée sur les valeurs et principes, laquelle sera axée sur sept piliers fondamentaux : Renforcer la cohésion nationale ; lutter contre le terrorisme, restaurer les valeurs autour du respect d’autrui, le respect du bien public, le respect des lois et règles de la République, de l’autorité de l’État ; réformer l’État pour le rendre plus efficace au service de tous les citoyens ; libérer l’initiative privée où le secteur privé est le bras armé d’une économie moderne, qui fera entrer le Mali dans le 21e siècle, lutter contre la pauvreté et promouvoir la jeunesse, la majorité silencieuse qui souffre et peine à trouver repères, opportunités et perspectives.
Par Sidi DAO
Info-matin