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« À Noël, mon père sera seul dans le désert »

 Diane Lazarevic fille serge lazarevic otage francais nord-mali

La fille de Serge Lazarevic, otage au Mali depuis novembre 2011, ne baisse pas les bras et continue à croire à la libération de son père. Elle vient de se lancer dans l’écriture d’un livre.

Sept Français sont toujours détenus dans le monde. À l’occasion des fêtes de fin d’année, leurs familles ressentent d’autant plus leur absence.

Comment allez-vous vivre ce troisième Noël sans votre père ?

Diane Lazarevic : Quand nous serons tous réunis autour de la table, en famille, mon père sera seul dans le désert. Cela peut être culpabilisant. Pour essayer de passer un Noël « normal », on va tenter de penser à nous. Il faudra faire des efforts, c’est important, surtout pour mes enfants. Je sais que de toute façon, plusieurs fois dans la soirée, j’aurai des flashs et penserai à lui.

Et si le Quai d’Orsay vous annonce son retour à Noël ?

Je n’y crois pas. Mon père ne risque pas d’être libéré de sitôt. Je ne rêve pas. Ce cadeau est impossible.

Avez-vous pensé à aller sur place, au Mali ?

Ce serait prendre beaucoup de risques pour probablement de faibles résultats. Il serait peut-être plus intéressant de rencontrer le président du Niger qui a été un intermédiaire précieux pour la libération des quatre derniers otages français en octobre.

Thierry Dol, l’un de ces quatre otages, est le dernier à avoir vu votre père. Dans quelles conditions ?

Ils ont été tous les deux réunis un mois. Ils n’ont pas vraiment pu communiquer. Mais je sais que mon père a accusé le coup en se rendant compte que Thierry Dol était otage depuis plus de trois ans. Cela veut dire une année de plus que lui… Je sais que mon père a aussi aidé Thierry Dol quand ce dernier n’allait pas bien. Ils échangeaient des informations par des signes de la main. Certains jours, le moral de mon père n’était pas bon. Mais je pense qu’il continue à résister. Il est fort.

Les anciens otages sont-ils proches de vous ? Solidaires ?

Thierry Dol m’apporte son soutien. Il m’a indiqué qu’il serait présent si j’avais besoin de lui. En revanche, M. Larribe, qui a également croisé mon père, ne m’a jamais appelée. Aujourd’hui, je peux compter sur Pascal Lupart, le président du comité de soutien de mon père, et l’association « Otages du monde » avec qui je suis régulièrement au téléphone.

Comment allez-vous ?

Je vis une souffrance. L’attente est longue. Je dois être forte sur la durée. Cela fait maintenant plus de deux ans. C’est très fatigant. Aujourd’hui, ma thérapie consiste dans l’écriture d’un livre. Je me concentre là-dessus. C’est mon exutoire. J’y explique la vie au quotidien d’une fille d’otage. Je parle aussi de mon père sur lequel on a dit pas mal de choses négatives. Je mets les choses au point. On l’a présenté comme un mercenaire, un barbouze… Il était seulement parti pour la construction d’une cimenterie au Mali. Certes, mon père n’a pas la vie de Monsieur Tout-le-monde. C’est un aventurier.

Comment avez-vous réagi à la libération des quatre otages du Niger ?

Je l’ai mal vécu. J’ai trouvé cela injuste ! J’étais très en colère, car on m’avait dit que mon père allait faire partie du groupe. Apparemment, au dernier moment, les preneurs d’otages ont changé d’avis.

Pourquoi êtes-vous contre une remise de rançon ?

Il ne faut pas alimenter le terrorisme. On ne peut pas donner de l’argent à ces gens-là. Je pense qu’il y a d’autres moyens. Je ne veux pas que d’autres familles vivent ce que je vis et souffrent comme moi. Si on continue à payer, de nouvelles prises d’otages auront lieu. Et pourtant, j’ai envie que mon père revienne.

Qu’est-ce que votre père aura envie de faire dès sa libération ?

Rire !

Reviendra-t-il en Afrique ?

Je pense qu’il sera calmé pour un moment. Mais il restera un aventurier.

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