CHRONIQUE. L’ancien ambassadeur Gérard Araud dénonce l’aveuglement français sur le continent et espère que le putsch au Niger servira de déclic.
« Je l’avais bien dit » est une phrase qui oscille entre le ridicule de la vanité et l’odieux de la satisfaction devant le malheur annoncé et réalisé. Je ne l’utilise pas volontiers, mais mes lecteurs peuvent se souvenir d’une chronique où, il y a dix-huit mois, j’appelais à une révision en profondeur de la politique française au Sahel. À l’époque, nous venions d’être expulsés du Mali. Le Burkina Faso a suivi et voilà maintenant que c’est le tour du Niger. À chaque fois, des putschistes jouent des sentiments antifrançais répandus dans la population pour présenter leur coup d’État comme une libération du colonisateur ; à chaque fois, on agite le drapeau russe devant notre ambassade devenue une forteresse assiégée.
Nul n’aurait dû être surpris par cette vague qui emporte nos intérêts à tra…
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