Les populations peules du Niger dénoncent les exactions commises par les milices MSA et Gatia. Selon plusieurs sources, ces milices d’autodéfense Touareg du Mali, qui collaborent avec les autorités maliennes dans la lutte contre le terrorisme, effectuent depuis février 2018 de plus en plus d’incursions en territoire Nigérien. Elles ont notamment été accusées par l’ONU d’exactions sur les populations peules. Des charges rejetées par le MSA.
Pour Aboubakar Diallo, président du conseil des éleveurs peuls du Niger, la dernière incursion des milices MSA et Gatia a eu lieu le weekend du 5 mai. Il dénonce la coopération entre les autorités de Niamey, la force Barkhane et ces milices, sous couvert de « traquer, selon eux, le groupe Etat islamique ». Et demande « à ce que Barkhane et nos autorités arrêtent cette alliance » avec ceux qu’il qualifie de « voyous ». Aboubakar Diallo affirme que « la plupart des victimes que nous avons eues ici, sur le territoire nigérien, ce sont des éleveurs peuls qui n’ont rien à voir avec les terroristes ». Il ne comprend pas pourquoi « aujourd’hui, au lieu d’utiliser l’armée malienne », les autorités « utilisent des supplétifs, des groupes d’autodéfense ». Réponse de Niamey : il n’y a pas de collaboration de l’armée nigérienne avec le MSA et le Gatia sur le territoire du Niger. Selon le ministre nigérien de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, ces milices maliennes ne représentent pas une armée officielle et Niamey ne peut être tenu pour responsable des actions de groupes communautaires. Le ministre qui ne nie pas que faute de frontières claires ces milices puissent se retrouver en territoire Nigérien sans le savoir. Le MSA affirme ne pas traverser la frontière Le leader du MSA, Moussa Ag Acharatoumane réfute quant à lui toute accusation d’incursion en territoire nigérien. Il précise qu’il y a « une coalition qui est là, constituée du MSA et du Gatia, qui collabore d’abord avec son armée nationale, c’est-à-dire l’armée malienne, ensuite avec les partenaires de notre pays, c’est-à-dire la force Barkhane ». Dans le même temps, d’après lui, « l’armée nigérienne est active le long de sa frontière, avec ses partenaires français », donc également la force Barkhane. Moussa Ag Acharatoumane assure que s’il y a « des opérations qui sont en cours dans cette zone, des coordinations, de la communication et des échanges de renseignements », sa milice n’a « pas le droit d’aller sur le territoire nigérien pour faire quoi que ce soit. C’est le Niger qui s’occupe de son territoire, avec ses partenaires ». Il rappelle par ailleurs que « l’armée malienne et l’armée nigérienne, chacune a le droit de poursuivre sur le territoire de l’autre, un droit qui est souvent mis en avant pour justifier des actions menées çà et là par les différentes armées ». Sa milice, le MSA a d’ailleurs annoncé ce weekend une alliance avec un groupe d’autodéfense peul, le Ganda Izo, pour lutter ensemble contre les djihadistes.
RFI