Mis en examen dans l’enquête sur le financement libyen de sa campagne, Nicolas Sarkozy s’est fermement défendu face aux juges d’instruction.
Jusqu’au bout, Nicolas Sarkozy a tenté d’infléchir la position des juges d’instruction. L’ancien chef de l’Etat a donné de nombreux arguments pour tenter de convaincre qu’il n’avait pas perçu de fonds libyens pour mener sa campagne présidentielle en 2007. Dans un article publié ce jeudi matin, Le Figaro publie les déclarations de Nicolas Sarkozy devant les juges.
Ses liens avec Kadhafi
Nicolas Sarkozy a d’abord tenté d’expliquer qu’il était peu logique de l’accuser de liens étroits avec le colonel Kadahfi, lui qui avait mené coalition pour le destituer.
“Comment peut-on dire que j’ai favorisé les intérêts de l’État libyen ? C’est moi qui ai obtenu le mandat de l’ONU pour frapper l’État libyen de Kadhafi. Sans mon engagement politique, ce régime serait sans doute encore en place” (…) Croyez-vous que si j’avais la moindre chose à me reprocher en la matière, j’aurais été assez bête, assez fou pour m’attaquer à celui qui m’aurait à ce point financé?
Pourquoi prendre ce risque ?”
Des indices mais pas de preuves
Nicolas Sarkozy a également insisté sur la fragilité de l’enquête :
“Je suis accusé sans aucune preuve matérielle par les déclarations de M. Kadhafi, de son fils, de son neveu, de son cousin, de son porte-parole, de son ancien premier ministre et par les déclarations de M. Takieddine dont il est avéré à de multiples reprises qu’il a touché de l’argent de l’État libyen”.
Ziad Takkiedine, un accusateur peu fiable
Témoin-clé à charge dans cette affaire, Ziad Takkiedine a été longuement décrit comme un menteur par Nicolas Sarkozy durant son audition.
“Compte tenu de leur absence de crédibilité, les propos de M. Takieddine ne peuvent en aucun cas constituer des indices graves et concordants quand on connaît son passé judiciaire et les multiples déclarations contradictoires qu’il a proférées”.
Une manipulation politique ?
J’ai déjà beaucoup payé pour cette affaire. Je m’en explique: j’ai perdu l’élection présidentielle de 2012 à 1,5%. La polémique lancée par Kadhafi et ses sbires m’a coûté ce point et demi.
J’ai perdu la primaire et les déclarations de M. Takieddine n’y sont pas pour rien.
Depuis le 11 mars 2011, je vis l’enfer de cette calomnie.
Témoin assisté
Nicolas Sarkozy a formellement demandé aux juges de lui éviter une mise en examen en vertu de tous ces arguments :
“Je vous demande de retenir, comme la loi vous en donne la possibilité, un autre statut que celui de mis en examen : celui de témoin assisté”.
Malgré ses efforts, Nicolas Sarkozy n’est pas parvenu à convaincre les juges qui l’ont mis en examen mercredi soir pour “corruption passive”, “financement illégal de campagne électorale” et “recel de fonds publics libyens”.
Par M6info 22 mars 2018