Nicolas Sarkozy est le premier ancien président de la France d’après-guerre à avoir été condamné à une peine de prison pour corruption.
Le 1er mars dernier, il a été condamné avec deux anciens collaborateurs à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour trafic d’influence et violation du secret professionnel.
Sarkozy, 66 ans, avait tenté de corrompre un magistrat en échange d’informations sur une enquête concernant ses finances de campagne, selon le juge. Il nie avoir commis des méfaits et devrait faire appel.
Ce magistrat – Gilbert Azibert – et l’avocat Thierry Herzog ont été les deux condamnés à ses côtés. La police avait enregistré des appels téléphoniques secrets où l’on aurait entendu Sarkozy dire à Herzog : “Je vais lui obtenir une promotion, je vais l’aider”.
L’épouse de Sarkozy – la chanteuse et ex-mannequin Carla Bruni – dénonce la sentence comme “une chasse aux sorcières insensée”.
Sarkozy peut purger la peine d’emprisonnement d’un an à domicile avec un bracelet électronique.
Batailles judiciaires
Il doit également être jugé dans une affaire distincte, du 17 mars au 15 avril, qui concerne l’affaire dite “Bygmalion”. Il est accusé d’avoir frauduleusement dépensé trop d’argent lors de sa campagne présidentielle de 2012, qu’il a perdue face à son rival socialiste François Hollande.
Il est également accusé d’avoir reçu des fonds illégaux du défunt dictateur libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, pour sa campagne présidentielle de 2007.
Les accusations sont les suivantes : participation à une association de malfaiteurs, corruption, financement illégal de la campagne et détournement de fonds publics.
En perdant contre M. Hollande en 2012, il est devenu le premier président français à ne pas être réélu pour un deuxième mandat depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1981.
Le prédécesseur conservateur de Sarkozy à la présidence française, feu Jacques Chirac, a été condamné à deux ans de prison avec sursis en 2011 pour avoir organisé des emplois fictifs à l’hôtel de ville de Paris pour des alliés lorsqu’il était maire de Paris. Chirac est mort en 2019.
La présidence “Bling-bling”
M. Fillon a perdu contre le jeune et charismatique libéral Emmanuel Macron, qui a remporté l’élection présidentielle de 2017.
Les critiques ont surnommé la présidence Sarkozy 2007-2012 “bling-bling”, considérant que son style de leadership était trop audacieux, trop axé sur les célébrités et trop hyperactif pour un rôle imprégné de tradition et de grandeur.
Lors d’un salon de l’agriculture en 2008, il a perdu son sang-froid avec un homme qui refusait de lui serrer la main. M. Sarkozy lui a dit : “Casse-toi, pauvre con “.
Son image de célébrité a été renforcée par son mariage avec Carla Bruni en 2008. Le couple a eu une fille, Giulia, quelques mois avant l’élection de 2012.
Sarkozy, qui est divorcé à deux reprises, a également un fils de son second mariage et deux fils de son premier mariage.
Pas parmi l’élite
Contrairement à la majorité de la classe dirigeante française, Sarkozy n’est pas allé à l’Ecole nationale d’administration, mais a suivi une formation d’avocat.
Il a également étudié les sciences politiques à Paris avant de se lancer dans la politique. Son ascension au sommet a commencé en tant que maire de Neuilly-sur-Seine, une banlieue prospère de Paris, qu’il a dirigée à partir de 1983.
D’abord protégé de Jacques Chirac, il est devenu le bras droit du Premier ministre Edouard Balladur en 1993-95, en tant que ministre du Budget.
Lorsqu’il a soutenu M. Balladur pour la présidence en 1995, cette décision a provoqué un désaccord durable avec Chirac, le candidat retenu.
Dans ses mémoires, Chirac lui reproche d’être “irritable, irréfléchi, trop confiant et de ne laisser aucun doute, surtout en ce qui le concerne”.
Dur contre l’immigration
Ce commentaire brutal – fait avant les émeutes de 2005 dans les banlieues négligées – a encouragé certains critiques à le mettre dans la même catégorie que le leader d’extrême droite de l’époque, Jean-Marie Le Pen.
Plus tard, en tant que président, il a fait adopter des mesures visant à freiner l’immigration clandestine, notamment des expulsions massives très controversées de Roms (Tsiganes).
En même temps, il a prôné la discrimination positive pour aider à réduire le chômage des jeunes – un défi pour ceux qui sont attachés à l’idée française d’égalité.
Certaines de ses nominations ont surpris l’establishment politique français : Rachida Dati devient la première ministre d’origine nord-africaine en France, chargée de la justice, tandis que le socialiste Bernard Kouchner est nommé ministre des Affaires étrangères.
Vers la fin de sa présidence, les taux de chômage ont atteint leur plus haut niveau en douze ans.
Pourtant, il avait été à l’avant-garde de la réponse européenne à la crise économique mondiale en 2008 et avait contribué à la mise en place des sommets du G20 impliquant les plus grandes économies du monde.
Il a également mené à bien des réformes impopulaires, mais sans doute nécessaires : le relèvement de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, l’assouplissement de la semaine de 35 heures introduite par les socialistes, la refonte des universités et la modification du système fiscal pour encourager les heures supplémentaires et l’accession à la propriété.
Homme d’État
Il admirait le Premier ministre britannique de l’époque, Tony Blair, en disant que “son pragmatisme a bien servi son pays”.
En mars 2011, la France a été la première à envoyer des avions de guerre en action contre les forces de Kadhafi en Libye, menant l’intervention étrangère qui a permis aux rebelles libyens de réussir. Le rôle de l’Occident a cependant suscité quelques critiques.
On attribue à Sarkozy la fin du conflit d’août 2008 entre la Russie et la Géorgie, bien que la Russie ait ensuite consolidé son emprise sur certaines parties de la Géorgie.
En réponse à la crise financière mondiale de 2008, il s’est engagé à punir les spéculateurs et a préconisé un rôle fort de l’État dans l’économie.
En dirigeant la réponse de l’UE, il a développé une relation de travail étroite avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Par: Bbc-Afrique