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Nervosité du prix des denrées : Les fourberies des commerçants aux autorités de la transition

Au moment où le Mali et ses amis se donnent la main contre les sanctions supplémentaires infligées au pays par la Cedeao, certains commerçants, tels Scapin, dénués de tout scrupule, s’adonnent avec plaisir à l’augmentation du prix des denrées sur le marché. Une attitude qui place les commerçants dans la position de ventre mou, à la limite de traître du combat engagé par les autorités de la transition.

 

L’augmentation des prix n’est pas sans effets psychologiques sur les populations. Des commerçants positivement négatifs sont dans la dynamique de porter un coup dur à l’engagement des autorités de la transition malienne à arracher le Mali du joug du néocolonialisme dans laquelle l’ancienne Métropole ambitionne le maintenir de gré ou de force. Et pour cause, dès l’annonce de nouvelles sanctions décidées par l’organisation sous régionale, des commerçants véreux se livrent au sale boulot. Ils font grimper déjà les prix des denrées.

Faut-il le rappeler, l’embargo diplomatique et économique mis sur le Mali le 9 janvier 2022 à Accra au Ghana en guise de sanctions pour non tenue des élections à bonne date, n’a pas concerné tous les produits. Si parmi ces sanctions figurent la fermeture des frontières avec le Mali, la suspension des échanges, des transactions bancaires, il faut reconnaitre que les produits de première nécessité, pétroliers et les médicaments sont épargnés.

L’on se rappelle, en réaction à l’annonce de ces sanctions, le lundi, le Président de la transition, Assimi Goïta,  s’est adressé à la nation.  Dans son discours, il a appelé ses compatriotes au calme et à la résilience. « Je vous demande de rester calmes et sereins car nous avons fait le choix d’être sincères afin de prendre notre destin en main en forgeant notre propre voie. La Cedeao et l’Uemoa se sont assumées, nous en ferons autant », a galvanisé le président Goïta en s’adressant aux Maliens.

Toujours, dans cet élan de solidarité contre les sanctions de la Cedeao, le groupement des importateurs du sucre, dans un communiqué publié le samedi 15 janvier 2022 sous le sceau de son président Mama Niangado, rassure les autorités. « Le groupement des importateurs de sucre rassurent les autorités du respect par ses membres des prix indicatifs plafonds de vente en gros convenu avec le gouvernement et qu’aucun manquement ne saurait être toléré », lit-on dans le communiqué.

Le président du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (Synacodem), Cheick Oumar Sacko, sur le plateau de l’Ortm, au nom des commerçants détaillants et une équipe compacte derrière lui, a notifié  au peuple du Mali son accompagnement. Joint par nos soins pour plus d’éclaircissements, il a laissé entendre qu’un kopeck n’a été ajouté aux prix sauf le sucre. De son avis, ce processus a été amorcé bien avant les sanctions. A l’entendre, concernant le sucre, ils attendent la subvention du gouvernement. S’ils ont pris l’engagement devant le peuple de maintenir les prix, dit-il, c’est que les importateurs  ont pris l’engagement de ne rien augmenter.

Mais malgré ces promesses tenues suite à l’appel lancé par le président, rien n’y fit. Les prix des denrées épargnées par les sanctions sont en train de monter en flèche. Ce, au vu et au su des responsables chargés de la régulation de ces prix sur le marché. Les accompagnements du gouvernement à travers ses subventions n’ont aucun effet sur les prix. Qui ne joue donc pas son rôle dans cette histoire ?

Les effets psychologiques des sanctions entretenus par les commerçants

Dans un communiqué rendu public, la Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (Dgcc), appelle au respect obligatoire des prix indicatifs plafonds. Dans ledit communiqué, le prix de gros plafond du sucre est de 400000 FCFA la tonne. Le prix de détail plafond est de 500 FCFA le kg. A la grande surprise des Maliens, le Kilo du sucre passe à 700 FCFA.

Alors que la Dgcc arrête le prix de l’huile alimentaire locale à 650 FCFA le litre, les détaillants font flamber ce prix à 1450 FCFA le litre par endroits. Le sac de ciment qui était accessible à 5250 FCFA est vendu maintenant à 6000 FCFA et 6250 FCFA, selon la volonté du commerçant. Déjà, 16 grossistes ont été interpelés pour avoir fait grimper le prix de la tonne de ciment de 100000 FCFA à 125000 FCFA, selon Moussa Cissé. Le lundi 17 janvier, un commerçant détaillant qui a requis l’anonymat a fait savoir qu’il a acheté le sac de sucre à 30000 FCFA et le Kilo du lait à 2200 FCFA. C’est au niveau de Sébénicoro. Or avant les sanctions, les prix de ces produits n’étaient pas aussi nerveux comme on le voit aujourd’hui.

Cet état de fait est assimilable à la haute trahison dont les autorités et le peuple maliens sont victimes. Les sanctions de la Cedeao sont qualifiées « d’illégitimes et d’illégales ». Quels qualificatifs du dictionnaire français collent bien au comportement ubuesque de ces commerçants à la moralité douteuse, qui n’ont pas manqué de grossir les rangs de ce combat tout en faisant le contraire de sa réussite. Au seul nom de l’embargo, le citoyen lambda tremble. En une semaine, certains commerçants fossoyeurs de la République sont à la vilaine tâche, comme pour eux tous les moyens sont bons pour s’enrichir. Ils ont mordu sans retenue à l’appât du gain dans la merde.

Beaucoup d’observateurs nationaux et internationaux s’égaient de l’attitude des autorités à l’égard de la Cedeao et la France. Au lieu d’accompagner l’idéal de cette lutte, certains commerçants maliens sont en passe de mettre les bâtons dans les roues. Il est donc grand temps pour les structures en charge du contrôle des prix de sortir de la torpeur pour forcer les récalcitrants au respect des engagements.

A méditer sur l’adage qui dit : « Le ventre affamé n’a point d’oreilles ». Pour que les Maliens répondent à d’autres appels à manifestation, il faudrait qu’ils aient à manger. Si les prix flambent déjà, ils ne sauront pas à quel Saint se vouer. Pour accompagner ce combat amorcé par les autorités de la transition, aucune scapinerie ne devrait être tolérée. Si vraiment la Place de l’indépendance a été noircie de façon inédite pour la même cause, en cachette aussi le combat doit se sentir dans les comportements. Il ne s’agit pas seulement de monter avec le balafon et le tam-tam.

Bazoumana KANE 

Source : L’Alerte

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