Pour soutenir la transition politique, les Maliens ont manifesté. En fait de manifestation, c’en était vraiment une. La junte au pouvoir a gagné le pari de la mobilisation. Le monde entier en est témoin. A Bamako ainsi qu’à l’intérieur jusque dans la diaspora, les Maliens ont réchauffé de nouveau leur nationalisme. La sortie du vendredi à la Place de l’indépendance suffi comme corroboration. Toutes les voies aboutissant à cette Place étaient noires de monde. Ce n’était pas la foule, mais c’était le peuple qui s’est drainé pour soutenir et réconforter le Président Goïta et son gouvernement à tenir la dragée haute à l’ancienne puissance coloniale, la France, l’Uemoa et la Cedeao. Et cela pour la marche vers la liberté sous toutes ses formes.
Le nerf à fleur de peau en voyant cette grande mobilisation depuis sa Gaulle, le chef de la diplomatie française, Jean Yves le Drian, sûrement aux abois, a susurré : « La raison qui est invoquée d’allonger la transition, c’est des raisons de sécurité, je pense que si on est en sécurité pour manifester, on doit sûrement être en sécurité pour voter ».
Le Drian doit avoir l’expérience que la comparaison n’est pas raison dans tous les cas. Il doit se rappeler l’attitude de son pays au Tchad. Le fils d’Idriss Déby est maintenu au pouvoir parce que la situation sécuritaire du pays ne sied pas aux élections.
Les Maliens aussi sont des hommes qui méritent le respect dans le cadre de la collaboration pour le développement des pays. Pourtant, les militaires maliens ont, eux aussi, fait savoir qu’il n’est pas possible d’organiser les élections à bonne date à cause de la même insécurité qui sévit depuis 2012. Il y a lieu de se demander ce que Le Drian veut du peuple malien. Les comparaisons incohérentes ne prospèrent plus pour assouvir les desseins inavoués.
Il doit savoir qu’hier n’est pas aujourd’hui. N’a-t-il pas lu Paul Valéry ? Le poète dit : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Les Maliens ont ouvert les yeux, ils sont debout sur les remparts, dressés à la pointe de cette nouvelle lutte contre le néocolonialisme européen en Afrique.
Bazoumana KANE
Source : L’Alerte