Les sanctions ciblées sont de plus en plus souvent utilisées par l’ONU quand la diplomatie n’a pas donné les résultats escomptés.
Elles sont censées permettre d’éviter des atteintes à la paix et à la sécurité internationale, mais, après plus de vingt ans d’expérience, peut-on vraiment dire qu’elles sont efficaces ?
Le couperet est tombé pour la Corée du Nord. Une résolution proposée par les États-Unis et soutenue par la Russie et la Chine a été adoptée par le Conseil de sécurité, lundi 11 septembre, pour punir l’essai nucléaire de Pyongyang du 3 septembre dernier. Cette nouvelle résolution, qui ampute le régime communiste d’une importante manne financière, vient s’ajouter à sept précédentes qui n’ont pas fait fléchir le leader nord coréen qui compte continuer son programme nucléaire et ses essais de tirs balistiques.
Un succès mitigé Les sanctions, embargo sur les armes, gel des avoirs, interdictions de voyager, interdictions visant les produits de base ou restrictions financières, bien qu’ayant fonctionné dans quelques pays comme la Libye ou l’Afrique du Sud, ne parviennent généralement pas à atteindre leurs objectifs. Une étude faisant autorité sur la question, parue en 2006, a montré qu’elles sont efficaces au mieux 30 % des fois et qu’elles ont rarement, ou peu, changé les choses. En Iran, elles n’ont pas dissuadé la République de poursuivre son programme d’armement nucléaire, et en Russie elles furent incapables de contraindre le Président Vladimir Poutine à changer de politique concernant l’Ukraine. Les sanctions ont même eu pour effet de renforcer sa popularité dans l’opinion publique russe. « Le régime des sanctions a une efficacité variable. Mises en place contre Al-Qaeda et les Talibans, en 1999 et étendu à l’État Islamique (EI), elles ont eu des effets considérables sur les ONG prosélytes ou le système bancaire, longtemps peut regardant. Les conséquences opérationnelles directes ont été, en revanche, assez faibles. La démarche, cependant, reste essentiellement politique et personne n’a envie de figurer sur une liste de cette nature. Les terroristes s’en moquent, mais ceux qui leur sont liés tout en espérant avoir une carrière politique y sont très sensibles », explique Yves Trotignon, analyste, spécialiste du terrorisme. Malgré la nature des sanctions, qui a évolué pour passer de mesures globales imposées aux États à des actions ciblant des individus, des petits groupes ou des entités, nombre d’experts affirment que leur impact reste limité. « Les sanctions ne peuvent être un objectif en soi », explique Laurent Bigot, ancien diplomate français et consultant, qui pense qu’elles doivent être combinées avec d’autres leviers pour être efficace. « Elles accompagnent une stratégie générale et permettent de faire pression. Mais elles peuvent avoir aussi un effet pervers et tendre la situation », conclut-il.
Source: journaldumali