La montée des attaques au Mali est en grande partie imputable à l’affaiblissement de l’État, lui-même provoqué par un contexte politique très instable depuis le début de la décennie.
Au nord et du Centre du Mali, les récents conflits communautaires, font craindre un embrasement aux contours ethniques dans un pays qui connait un défi sécuritaire. Sans oublier que dans la ville de Kidal, les rebelles du MNLA ne font que défier les autorités maliennes, en s’en prenant aux symboles de l’Etat.
Tous ces événements s’inscrivent dans une dynamique de violence qui touche particulièrement le nord et le centre du pays. Et entre les attentats et les règlements de compte inter-communautaires, il y’a péril en la demeure et cela inquiète. Mais qui sont les auteurs de ces violences qui touchent une partie de ce pays ? Pourquoi veulent-ils opposer deux groupes ethniques ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord accorder une attention particulière au contexte politique actuel.
Instabilités politiques
La montée des attaques au Mali est en grande partie imputable à l’affaiblissement de l’État, lui-même provoqué par un contexte politique très instable depuis le début de la décennie. En 2012, des affrontements opposèrent les forces de l’ordre et les groupes rebelles au nord du pays. Durant la même année, une mutinerie secoua les rangs de l’armée et plusieurs militaires s’adonnèrent à des actes de vol et de pillage sur la population. Amadou Toumani Touré, président à l’époque est chassé du pouvoir. Après une période incertaine durant laquelle les militaires prirent le pouvoir avant de le restituer aux civils. Durant cette période de transition, le gouvernement parvint à organiser l’élection présidentielle qui porta Ibrahim Boubacar Kéita, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, au sommet de l’État.
Depuis son élection, le pouvoir central est décrié par une partie de la population en raison de ce qu’elle perçoit comme une incapacité à faire face aux multiples problèmes du pays. L’État malien, notamment l’armée, est ressortie très fragilisé par ces crises. La faiblesse de l’État central favorise l’émergence et le développement d’acteurs qui s’arrogent l’exercice de la violence. La faiblesse de l’État central favorise l’émergence et le développement d’acteurs qui s’arrogent l’exercice de la violence, mêlant coupeurs de route, milices d’autodéfense ethniques et groupes armés se revendiquant du jihad. Certains de ces groupes peuvent s’adonner à plusieurs activités en même temps, allant du pillage de biens à l’attaque motivée par la foi. C’est dans l’atmosphère d’insécurité grandissante que les groupes jihadistes opèrent. Cependant, bien qu’ils aient tendance à se présenter sous la bannière d’Al-Qaïda ou de l’État islamique, ces groupes ont souvent un ancrage local. Ils instrumentalisent les clivages identitaires existants pour enraciner leur lutte. Les actions des groupes jihadistes dans le nord du pays ont débouché sur des violences entre groupes ethniques dans une logique de vengeance et de représailles, comme le massacre d’Ogossagou. Le terrorisme vise les institutions étatiques comme la police et les mairies, et de plus en plus explicitement les autres communautés religieuses comme les catholiques. L’affaiblissement progressif de l’État dû aux multiples crises des années 2012 l’a rendu vulnérable aux actions de groupes aux motivations souvent locales qui visent maintenant les chrétiens de manière délibérée. L’occupation du nord et du centre du Mali par les groupes jihadistes avait, dès le début, suscité les craintes entre les communautés. Et l’histoire leur donne raison aujourd’hui.
Assi de DIAPE
Source: Le Point-Mali