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Mylmo à cœur ouvert après son voyage des USA : «Personne ne peut parler de la pauvreté plus que le pauvre lui-même», dixit Mylmo

Dans un entretien à bâton rompu qu’il a bien voulu nous accorder, Mohamed Soumounou dit MYLMO, de son retour des USA, parle de ses expériences et de sa vision sur le rap malien.

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L’Express de Bamako : Bonjour, pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs?

Mylmo : Je me nomme Mohamed Soumounou dit MYLMO. Le surnom MYLIMO est venu quand j’ai appris que je suis l’homonyme du prophète (PSL) et qu’il a mille noms. Je me suis alors dit que je ne pouvais pas avoir mille noms mais pouvais au moins dire mille mots, c’est de là qu’est venu le surnom ‘’MYLMO’’. J’ai eu mon bac en 2006 en section et j’ai ensuite fait le concours d’entrée au conservatoire des arts où j’ai étudié les multimédias durant 5 ans. J’ai à mes actifs deux albums sur le marché et le 3ème s’apprête à sortir d’un moment à un autre. Le premier album qui m’a lancé s’appelle «Wilibali» ou «vérité crue», il est sorti le 15 février 2011 ; et le second s’appelle le «retour de Bandiougou» qui est sorti le 14 juin 2014. 15 titres chacun.

L’Express de Bamako : Vous revenez d’une tournée aux Etats Unis, pouvez-vous nous en dire plus ?

Mylmo : J’ai été aux Etats-Unis d’Amérique grâce à M. Salif Sanogo pour participer à un festival initié par notre sœur Doussou Bagayoko. L’année dernière c’était Master Soumi seul qui avait effectué le déplacement pour le festival, mais cette année nous étions deux Master Soumy et moi. Ce qui m’a inspiré, c’est l’accueil qui m’a été réservé aux Etats Unis. J’ai été vraiment impressionné.

De l’autre, j’ai été inspiré par la vie de nos compatriotes aux Etats Unis et j’ai appris beaucoup de choses. J’ai vu des maliens qui gagnent bien leur vie, et d’autres qui galèrent et qui souffrent énormément. J’ai du coup décidé de faire sur place un morceau dénommé«Baba Ka Tjidéin». Pourquoi «Baba ka Tjidéin», parce que j’avais sorti en 2009 un album dans lequel je disais que «Dra» était parti aux Etats-Unis et qu’il avait déchiré la lettre à lui remettre…

Dans la suite de cette histoire, Lamine était donc resté aux Etats-Unis. Donc arrivé là-bas (Etats-Unis), je me suis fait l’envoyer de mon père auprès de Dra pour l’inciter à retourner au bercail. Après avoir fait le clip aux USA, le morceau sortira bientôt. J’ai été beaucoup inspiré par la vie New Yorkaise.

L’Express de Bamako : Comment faites-vous pour les conceptions de vos chansons ?

Mylmo : Nul ne peut parler de la pauvreté que le pauvre lui-même. Je suis issu d’une famille pauvre. Mon inspiration ne vient que de là. Je pense que c’est en étant pauvre que l’on réfléchit beaucoup pour tirer son épingle de jeu. C’est la pauvreté qui a fait de moi MYLMO, et je connais bien la vie des pauvres. Je vis dans un quartier populaire où je vois et entend tout en temps réel. Ce ne sont pas comme dans les quartiers ACI où les portes sont tout le temps fermées. Quand je parle de ma vie, je représente un miroir dans lequel les autres pauvres se verront. Comme le dit Victor Hugo, «quand je parle de moi, je parle de toi, insensé qui croit que je ne suis pas toi».

L’Express de Bamako : Avez-vous eu des distinctions ?

Mylmo : J’ai 7 trophées à mon actif. J’ai eu en 2009 un trophée du meilleur parolier avant la sortie de mon album. En 2011, j’ai eu deux trophées pour la sortie de mon album : le trophée du meilleur rappeur de l’année et celui du meilleur parolier de l’année. J’ai eu les mêmes trophées l’année suivante. J’ai eu deux autres trophées en 2015 : le trophée chaine 2 et le trophée Multi-Top. Ce sont des distinctions qui m’encouragent beaucoup dans mes chansons.

L’Express de Bamako : En tant que jeune artiste et modèle, quel commentaire faites-vous des attaques terroristes perpétrées à l’hôtel Radisson ?

Mylmo : Cette attaque m’a beaucoup touché et je présente toutes mes condoléances aux familles des disparues. Cette attaque doit nous servir de leçon et nous appelle à l’union sacrée autour de nos dirigeants. Je me demande comment ces gens se sont infiltrés dans l’hôtel. Les maliens ont besoin de se tenir la main pour lutter contre le terrorisme et d’autres maux qui minent le pays. Ces actes terroristes n’ont rien à avoir avec l’islam qui est une religion de tolérance. Ceux qui agissent au nom de religion musulmane ne sont que des délinquants qui se cachent  derrière pour arriver à leur fin.

L’Express de Bamako : Avez-vous un appel  pour les jeunes?

Mylmo : La jeunesse doit beaucoup penser à sa vie. Elle doit faire une minute de réflexion pour sa vie  que de perdre toute sa vie en une minute. Je veux dire par là que les cultures ne sont pas les mêmes, ceux que nous faisons est un emprunt des américains. Les américains ont des valeurs mixtes, nous maliens, avons des valeurs culturelles, donc nous devons faire du rap comme une base ; mais nous devons l’employer de sorte qu’il rime avec nos valeurs culturelles et sociétales. Le rap doit être un facteur de développement.

De nos jours, le rap remplit des stades, à ce titre le gouvernement doit s’impliquer dans la réglementation du rap malien. Le gouvernement doit chercher des voies et moyens pour réguler le rap malien afin qu’il serve de moteur de développement. De nos jours nos autorités doivent d’atteler à redorer l’éducation au Mali. Tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont liés à l’éducation des uns et des autres. On doit à mon avis commencer «Tintin» dans les écoles.

Entretien réalisé par Fousseyni SISSOKO

Source: L’Express de Bamako

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