Sud Hebdo a reçu le témoignage direct d’une mère de famille dont le fils, en rupture avec les mœurs, a été approché pour tuer des manifestants contre 100. 000 francs CFA.
C’est une accusation gravissime. Monsieur S., qui est un ancien fonctionnaire international, n’en revient pas ! Son neveu, un déséquilibré, s’est vu proposer la somme de 100. 000 francs CFA et une arme de poing, un pistolet en l’occurrence, pour se dissimuler sous l’uniforme des forces de l’ordre, notamment de la gendarmerie, et tirer sur des manifestants. Pour Monsieur S., les personnes qui ont approché son neveu se réclamaient en mission pour le président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, ancien secrétaire général de l’association des élèves et étudiants du Mali. À l’en croire, les intéressés ont offert un pistolet et remis une tenue de gendarme avec une enveloppe de 100. 000 francs CFA à son neveu, un jeune qui fut, dans le passé, confronté aux stupéfiants mais qui se trouve en voie de sevrage volontaire, donc en train d’abandonner de son gré la prise de drogue. Il était tellement surpris luimême par une proposition inconvenante qu’il n’a pu s’empêcher de le dire à sa mère qui est encore sous le choc, voyant qu’on a essayé de faire de son fils un assassin. «Il aurait pu tirer sur nousmêmes, ses frères et sœurs, ses amis et connaissances, juste pour 100.000 francs» s’emporte-t-elle dans un ouragan de colère en maudissant les commanditaires. À la suite de ce témoignage, nous avons rencontré un jeune manifestant qui a dépeint la scène d’horreur qu’il a vécue jeudi lors de la manifestation organisée pour montrer à la délégation des 5 chefs d’État de la sous-région, l’ampleur du mécontentement populaire contre le régime. Une fusillade avait éclaté au milieu de la foule, faisant des blessés. Ce jeune que nous appellerons ici Mamadou affirme qu’il a reconnu le tireur et a saisi l’unité de la gendarmerie qui était présente. Le premier homme en tenue, qui est arrivé, aurait demandé, selon ses dires, au tireur de ranger son arme et de quitter les lieux. Outré par cette attitude, il exigea des explications au gendarme qui ne trouva rien d’autre à lui expliquer que le risque de faire encore une deuxième victime voire plusieurs autres étant donné que, lui-même, gendarme, n’a pas d’arme mais une simple matraque et qu’ils encouraient tous les deux le risque de se faire tirer dessus. «Le chef de l’unité qui est arrivé après aurait exfiltré le tireur et le gendarme en question» ajoute Mamadou qui a même cité les noms des uns et des autres. Cette grave accusation contre le président de l’Assemblée nationale intervient au moment où la CEDEAO, dans sa proposition de sortie de crise, exige du président Ibrahim Boubacar Keita d’imposer leur démission à 31 députés dont l’élection fait l’objet de contestation, y compris Moussa Timbiné. La CEDEAO, pour asseoir sa crédibilité, exige aussi «la mise en place d’une commission d’enquête pour situer les responsabilités dans les violences qui ont entraîné des morts, des blessés et des dégâts matériels au cours de ce mois de juillet». En voie d’être déchu de son statut de député, menacé par une enquête pour crime, coups et blessures volontaires, Moussa Timbiné peut donc s’inquiéter de son avenir incertain. L’issue de l’enquête nous en dira plus.
La rédaction
Source : Sud Hebdo