Selon l’ancien Premier ministre, membre fondateur du parti ‘’Yelema’’ et auteur de plusieurs livres, Moussa Mara, de l’indépendance en 1960 à nos jours, le Mali a connu un succès et 3 échecs majeurs. C’était au cours de la 3e édition mensuelle de l’Espace Yétaw, une initiative de la Fondation Tuwindi.
L’espace Yetaw est une rencontre mensuelle organisée par Tuwindi à son siège. Il met en confrontation une personnalité politique, leader d’opinion ou expert sur diverses thématiques en face des hommes de médias et diffusée sur plusieurs plateformes. Le thème de la 3e édition portait sur les 62 ans de l’indépendance du Mali avec comme invité Moussa Mara du parti Yelema, ancien Premier ministre et écrivain.
Pendant une heure de temps, l’homme politique a fait un exposé sur le bilan des 62 ans d’indépendance qui, dit-il, « enregistre un succès et trois échecs ». Selon l’ancien Premier ministre, la principale réussite de l’indépendance du Mali se limite à la création du Mali chez tous les Maliens. A ses dires, tous les Maliens sont unanimes d’être Maliens et d’appartenir à cette nation. Chose qui n’est toujours pas le cas dans certains pays, a-t-il expliqué. « Dans la tête de chaque Malien, il est Malien», dit-il, précisant qu’un pays c’est d’abord un territoire, une population et un Etat.
En ce qui concerne les trois échecs, le leader du parti Yelema accuse la politique malienne de n’avoir jamais su gérer la diversité des Maliens. Cette mauvaise gestion de la diversité malienne, ajoute-t-il, est en quelque sorte à la base de l’instabilité au Mali. « C’est l’Etat qui est instable au Mali sinon il n’y a rien entre les Maliens », a-t-il dit. Comme solution, il avance la décentralisation et invite à donner plus de pouvoir aux populations.
En plus de cette diversité mal exploitée, pour M. Mara, s’ajoute l’administration. Selon lui, l’administration malienne n’a pas totalement intégré qu’elle est au service de la population. Avec elle, soutient-il, l’outil est devenu le chef. « L’administration est à la base de la scission entre l’Etat et la population au Mali », conclut-il. Pour illustrer ses propos et soutenir sa thèse, Moussa Mara développe qu’entre une prise de décision à Bamako pour Toumbouctou et son exécution, il faut une période de 12 à 14 mois. « Et pendant 12 mois beaucoup de choses peuvent se passer », soulève-t-il pour dénoncer la lourdeur de l’administration.
Le troisième échec majeur pour Moussa Mara, c’est l’élite malienne. « Que cela soit politique, ou autres », cite-t-il. Pour lui, l’élite s’est laissée dominer par la course aux avantages. A ce niveau, il estime qu’il faut faire en sorte que les élites soient des esclaves (des personnes au service) des Maliens.
Le débat entre le conférencier et les hommes de médias a essentiellement porté sur le nombre des partis politiques, l’éducation, la jeunesse et la place de la femme. Moussa Mara salue l’esprit de la loi 052 qui attribue un quota de 1/3 à tous les postes nominatives au genre (homme/femme). Il plaide pour la même chose au profit de la jeunesse. Sur le nombre des partis politiques, M. Mara invite à une vraie réforme et à prendre des mesures et des critères qui permettent le retrait de récépissés dans certaines circonstances.
Comme propositions de solutions aux maux du Mali, Moussa Mara a fortement mis l’accent sur l’éducation et la sensibilisation. Sur le plan politique, il propose de moraliser les partis et conscientiser les citoyens.
Koureichy Cissé
Source : Mali Tribune