Maire de la commune IV à l’époque des faits, Moussa Mara, actuel Premier ministre, est à l’origine du « scandale de Kalabambougou ». Qui vient de jeter des centaines de famillesà la rue. Et occasionner mort d’homme, suite à la destruction des 309 habitations, illégalement, construites sur les 5 ha, attribués il y a plus de 20 ans au Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM) à Kalabambougou.
En procédant, par décision n°91 du 06 juillet 2011, Moussa Mara, alors maire de la commune IV du district de Bamako, savait que les 5 ha, qu’il avait dans son viseur, appartenaient et appartiennent encore au CNAM.
Rappelons qu’à l’origine, il s’agissait de 24 ha, attribués au CNAM pour y construire de nouveaux locaux ; mais aussi, pour y ériger des habitations pour les malades blanchis de la lèpre. Qui continuent d’occuper la cour du CNAM. Mais sur ces 24 ha, le prédécesseur de Moussa Mara à la tête de la mairie de la commune IV, Issa Guindo a prélevé 19 ha. C’est ainsi que le CNAM se retrouve avec 5 ha.
Dans une correspondance, envoyée courant juin 2013 au directeur général du CNAM, Moussa Mara écrivait : « Dans le cadre du traitement du dossier des 24 hectares, présumés appartenant au Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM), sis à Kalabambougou, j’ai l’honneur de vous solliciter pour me faire parvenir les informations suivantes : la preuve que le titre 180 est établi, juridiquement, au nom du CNAM et la mise à ma disposition de tout document y afférant ; la preuve que la commission interministérielle a été, juridiquement, constituée, en mettant ce document à ma disposition…. ».
Quelques jours plus tard, c’est-à-dire le 19 juillet, la réponse du directeur général tombe. « Le secrétaire général du ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières m’a informé qu’un terrain d’une superficie de 24 ha a été retenu, dans la réserve foncière de Klabambougou, suivant les recommandations du rapport des enquêtes foncières, approuvées le 24 avril, lors du conseil extraordinaire des ministres aux fins des usages ci-après : satisfaire aux besoins d’extension de l’ex-Institut Marchoux , aujourd’hui CNAM, en raison de ses nouvelles missions et attributions ; dégager des parcelles d’habitation pour les malades blanchis de la lèpre, illégalement, installés dans l’enceinte de l’hôpital », répond le directeur général du CNAM dans sa correspondance, en date du 19 juillet 2013. Avant d’y joindre tous les documents réclamés par Moussa Mara.
A noter que l’affectation de ces 24 ha au CNAM, à Kalabambougou, date du milieu des années 1990. Dans un document, intitulé « besoins nouveaux en superficie de recasement du district de Bamako », et signé du président Alpha Oumar Konaré et de son Premier ministre d’alors, un certain Ibrahim Boubacar Keïta, plusieurs sites ont été identifiés et attribués à des services publics, dont le CNAM.
Malgré toutes ces preuves, Moussa Mara a, par décision n° 91 du 06 juillet 2011, procédé au morcellement et à l’attribution des 5 ha du CNAM, sur les 24 qui lui avaient été, initialement, attribués.
LA DECISION A L’ORIGINE DU SCANDALE
« Est autorisée la régularisation en additive des attributions de parcelles à usage d’habitation dans le lotissement de Kalabambougou (zone des 5 ha du CNAM) sur le TF 180, en commune IV du district de Bamako, sur la base du plan de recollement dudit site », stipule l’article 1 de cette décision. Preuve, si besoin est, que Moussa Mara reconnaît que le titre foncier du CNAM est, juridiquement, constitué. Mieux, que ces 5 ha appartiennent bel et bien au CNAM. Alors question : pourquoi avoir autorisé son morcellement et, plus grave encore, son attribution ?
Et l’article 2 de cette décision d’ajouter : « ces parcelles sont soumises au paiement de frais de régularisation payables à la recette de la mairie de la commune IV du district de Bamako ». Résultat : les 5 ha du CNAM viennent, ainsi, d’être attribués à, environ, 136 personnes. Dont le propre parti politique de Moussa Mara, « Yéléma », qui s’en sort avec un siège flambant neuf sur ce site. La suite, on la connaît. A l’issue du procès, l’huissier de justice qui dirigeait les travaux de déguerpissement des populations installées sur le site de Kalabambougou, et le secrétaire général du CNAM ont été condamnés, chacun, à 36 mois de prison.
Mais l’ « affaire Kalabambougou » n’est, pour autant, pas terminée. Loin s’en faut. Pour la direction générale du CNAM, pas question de perdre ces 5 ha destinés à l’extension de ses locaux ; mais aussi, à abriter les malades blanchis de la lèpre.
Considéré, jusque-là, comme le leader politique le plus prometteur, et le plus intègre de la classe politique malienne, Moussa Mara voit, chaque jour que Dieu fait, ses ambitions fondre comme beurre sous le soleil d’Aguel-hoc. Plus grave, il sera tôt ou tard rattrapé par ce dossier, loin d’avoir livré tous ses secrets.
Oumar Babi