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Moussa Mara à la Primature : Des priorités à la dérobée

Promu chef du gouvernement en remplacement d’Oumar Tatam Ly démissionnaire, Moussa Mara  n’a pas mis du temps pour enfiler son nouveau manteau. Il en a accordé la primeur à la presse en déroulant devant elle le tapis de ses priorités, en lieu et place de l’Assemblée nationale où il est prioritairement attendu pour l’exercice républicain de la Déclaration de politique générale. Le nouveau Pm annonce en même temps les couleurs d’une gouvernance qui repose plus sur la théâtralisation que sur les réelles attentes nationales.

 

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«Je servirai IBK avec loyauté». S’il faut en juger par ce lapsus, déclaration que lui ont attribuée dans leurs colonnes les confrères du 22 Septembre, on est pour le moins autorisé à affirmer que Moussa Mara, précédemment ministre de l’Urbanisme et de la Politique de la ville, a pris toute la mesure du clash entre IBK et Tatam Ly. Il préfère en effet obéir au doigt et à l’œil à son employeur que de servir la Nation et la République.

 

On comprend dès lors pourquoi le Pm, sans avoir eu besoin de lettre de cadrage dûment signée par le président de la République, proclame sa dévotion aux préoccupations brûlantes de ce dernier, qui ne sont pas forcément en phase avec les attentes vitales du peuple.

 

 

Ainsi, au nombre des priorités dévoilées à la presse figurent en substance la fameuse chansonnette du combat contre la corruption, dans le cadre duquel un projet de loi est depuis longtemps engagé dans la procédure législative. À ce centre d’intérêt du président de la République, le nouveau Pm a pris soin de joindre une autre priorité subséquente, à savoir l’équité sociale, finalité de toute œuvre de bonne gouvernance. Last but not the least, s’y ajoute également la réconciliation nationale et la sécurité, deux volets qui font figure, évidemment, de clins d’œil les plus significatifs à la problématique du septentrion malien.

 

 

Seulement voilà : de réconciliation et de sécurité ne peuvent être de saison que dans un contexte où le principal préalable est un acquis définitif. Et, force est d’admettre, selon toute évidence, que ce n’est point le cas pour notre pays tel qu’il a échu aux mains de Moussa Mara, avec des incertitudes qui s’amplifient de jour en jour sur le statut de la région de Kidal.

 

 

En effet, par-delà les déclamations et effets de manche du premier responsable de la nation, son refus plusieurs fois déclamé de tout schéma de sortie de crise en dehors de la décentralisation, l’équation de la 8e Région demeure entière et n’a point l’air de vouloir évoluer au-delà des maigres concessions obtenues pour l’organisation des élections présidentielle et législatives, puis l’installation partielle de l’administration dans la capitale de l’Adrar.

 

 

Depuis ces manifestations trompeuses par de bonnes dispositions par les principaux mouvements séparatistes, le processus de reconquête de la région et de son retour dans le giron malien piétine. Il est en butte à des obstacles et entraves, dont la nature en dit long sur les réels desseins des organisations sécessionnistes. Leur dernier pied-de-nez en date a consisté à commémorer avec fracas le deuxième anniversaire de la naissance du Mnla, à coups de manifestations de joie et de soulèvement en liesse contre les symboles de la souveraineté nationale : parades et coups de feu sur les places publiques, jets d’obus symboliques sur les positions militaires maliennes et étrangères, etc.

 

Naguère encore, les provocations ont souvent consisté à réserver des protestations parfois violentes à chaque visite d’officiels, au nez et à la barbe des forces armées et de sécurité contraintes au cantonnement et à une présence fictive dans la zone, en dépit de sa participation aux élections qui légitiment les autorités.

 

 

Au même moment, le gouvernement du Mnla exilé en bloc au Burkina Faso multiplie de son côté les offensives de charme diplomatiques et se montre du même coup très intransigeant dans ses velléités sécessionnistes, quoiqu’atténuées par des euphémismes au détour du vocable d’autonomie. En atteste du reste la constance d’agissements offensants, tel le recours aux armoiries, symboles et sceaux distincts de celui du Mali, puis l’attachement à l’Azawad comme entité étatique souveraine.

 

 

Tout indique, en définitive, que l’équation de la région de Kidal demeure et ne se pose pas avec moins d’acuité que pendant la transition ou même sous le gouvernement précédent d’Oumar Tatam Ly.

 

Mais le nouveau Premier ministre, avec la caution certaine du chef de l’Etat, a choisi de l’aborder avec les mêmes subtilités que jadis, la même approche dolosive qui consiste à substituer l’accessoire à l’essentiel, à détourner les regards de l’utile pour mieux dissimuler l’impuissance de l’Etat central devant les préoccupations et besoins populaires les plus impératifs.

 

 

Pour la circonstance, le chef du gouvernement, visiblement très agacé devant la lourde responsabilité d’esquiver un enjeu aussi crucial que le risque d’être dépossédé et de perdre la souveraineté sur l’Adrar, a cherché des excuses dans les arguties très peu solides pour laisser sceptique le plus naïf observateur. Evoquant des connexions plus complexes que la simple question touarègue, Moussa Mara a en effet tacitement esquissé la résignation qui se dessine face à la problématique de Kidal, en admettant que ce n’est pas pour demain la veille de son retour définitif dans le giron malien. Autant donc la passer au second plan, en attendant de le reléguer peut-être pour de bon aux calendes, au profit de priorités qui n’en sont vraiment pas à côté d’un domaine de souveraineté.

 

 

Ce faisant, le nouveau gouvernement, sous la houlette du président du parti Yéléma patauge sur un terrain très dangereux : le risque de laisser libre cours aux manœuvres d’implantation et de ratissage des mouvements indépendantistes, de les laisser grappiller plus de notoriété qu’ils n’en avaient auprès de la population de la région de Kidal.

 

Seulement voilà qu’en plus, la dérobade s’écarte manifestement du pacte que le chef de l’État a passé avec les Maliens. Il leur a promis monts et merveilles sur leur honneur souillé par la débandade des forces armées, l’invasion jihadiste, la proclamation de la République de l’Azawad, entre autres. En osant ajourner aussi facilement la reconquête de Kidal, le président de la République, à peine, ne risque-t-il pas de verser dans le parjure vis-à-vis de ses engagements de préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale en toutes circonstances. S’il devrait être pris en défaut dans ce domaine, à quoi bon donc poursuivre son prédécesseur pour haute trahison, lui qui a su résister à la perte de souveraineté jusqu’au dernier souffle de son pouvoir.

A.KEITA

 

SOURCE: Le Challenger

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