Il se passe en Algérie les pourparlers inter-maliens pour un accord définitif de sortie de crise. Ces pourparlers, troisième du genre, suscitent beaucoup de commentaires au sein de l’opinion malienne et même internationale compte tenu de leur complexité et de la détermination des acteurs des deux camps. Commencés depuis le premier septembre 2014 les pourparlers n’ont pas bougé d’un IOTA à cause des groupes armés qui font monter les enchères. La question que nous nous posons est de savoir si les pourparlers ne sont pas un dialogue des sourds entre les groupes armés et l’Etat Malien, chacun campant sur sa position.
La semaine dernière le MNLA et ses alliés jusqu’au- boutistes ont fait du statut de l’AZAWAD un préalable à toutes négociations concernant le nord. Quand au gouvernement malien, les accords préliminaires de Ouagadougou demeurent la base de discussions car ce sont ces accords, signés à l’époque par toutes les parties belligérantes, qui ont permis la tenue des élections sur toute l’étendue du territoire.
Ces accords, poursuit le gouvernement malien, ont résolu la question de l’intégrité territoriale, de la laïcité et de l’unité, donc vouloir revenir sur cette question n’est ni plus ni moins qu’une trahison de l’engagement signé. Quand aux groupes armés, auréolés de leur victoire militaire sur l’armée malienne, il est hors de question de baisser l’échine face au Mali et surtout avec le soutien d’une importante partie de la communauté internationale qui fait de la question du nord du Mali une priorité. Il a fallu que le facilitateur Algérien monte sur son cheval de bataille pour rappeler à l’ordre les groupes armés qui ont finalement accepté d’entrer dans les rangs. Au moment où tout semblait rentrer dans l’ordre et que les travaux proprement dits démarraient véritablement, les groupes armés font encore de la bambinade en demandant à la partie malienne et au facilitateur la non admission aux côtés des groupes armés du mouvement de Harouna Toureh taxé de proche du gouvernement de Bamako. Cette énième revendication relèverait d’une mauvaise foi manifeste de leur part. Une autre question taraude l’esprit du citoyen, celle relative à la concession par l’Etat de cette fallacieuse revendication. Il semblerait que l’Etat, afin d’avancer, aurait concédé à ce caprice.
Le Malien semble être stupéfait à cause de ces pourparlers sans la fin desquels rien de potable ne peut être fait dans ce pays. Il est à signaler qu’en marge de ces pourparlers le FMI est dans nos murs pour évaluer le gouvernement et la régularité des procédures d’achat de l’avion présidentiel et de bien d’autres dépenses jugées inappropriées seront au menu de cette rencontre FMI-Gouvernement. Vivement la fin des pourparlers d’Alger et surtout une issue heureuse et définitive de la crise du nord du Mali pour que soit enfin amorcer un développement durable du Mali.
Youssouf Sissoko