Bagdad se tourne désormais vers Moscou car Washington n’est pas sérieux dans sa lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), a estimé lundi un député irakien et chef d’un important groupe paramilitaire chiite qui combat l’EI.
A ce jour, nous n’avons pas vu d’efforts sérieux contre Daech, un acronyme en arabe de l’EI, a indiqué Hadi al-Ameri. Le manque de sérieux de la coalition internationale (menée par Washington) nous a fait changer de cap. La Russie se lance elle de façon très sérieuse contre Daech, a ajouté ce député du mouvement chiite Badr, soutenu par Téhéran.
La Russie, alliée comme l’Iran du régime syrien, a lancé le 30 septembre une campagne de bombardements aériens contre l’EI et d’autres groupes rebelles en Syrie, où la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis effectue des raids contre l’EI depuis plus d’un an, comme en Irak, avec des résultats mitigés.
L’Irak, la Russie, l’Iran et la Syrie ont décidé fin septembre de mettre en place un centre de renseignement à Bagdad pour lutter plus efficacement contre l’EI.
Depuis, Bagdad a indiqué qu’il n’excluait pas de demander à Moscou d’étendre ses raids contre l’EI à l’Irak, où les jihadistes contrôlent de larges portions de territoire depuis 2014.
S’exprimant dans la ville sainte chiite de Najaf, Hadi Al-Ameri a accusé la coalition internationale de ne pas vouloir stopper le flux de combattants qui rejoignent l’EI en Syrie et en Irak. L’EI recrute des combattants de 108 pays du monde qui passent tous par la Turquie, ce que la coalition sait très bien.
Le porte-parole militaire de la coalition menée par les Etats-Unis, a rétorqué que celle-ci avait alloué durant l’année écoulée plus de 2,3 milliards de dollars -dont 1,6 milliard venant de Washington- pour former et équiper les forces irakiennes, un programme pour lequel des milliers de conseillers américains ont été déployés en Irak.
Le programme a formé plus de 15.000 membres des forces de sécurité et fourni des milliers de tonnes d’équipements, a dit le colonel américain Steve Warren à l’AFP.
Il a précisé que l’équipement fourni comprenait 2.000 missiles antichars AT-4, 2.000 missiles air-sol Hellfire, 300 véhicules de résistance aux mines (MRAP) et plus de 10.000 fusils d’assaut M16.
Composée d’une soixantaine de pays dont la France et la Grande-Bretagne, cette coalition a mené 7.276 frappes en Irak et en Syrie depuis août 2014, selon lui.
Ces frappes ont aidé les forces irakiennes à reprendre certaines zones à l’EI, mais elles n’ont visiblement pas entamé la détermination du groupe jihadiste alors que les forces de sécurité peinent à se réformer.
M. Ameri comme d’autres hommes politiques irakiens ont critiqué l’engagement de l’Occident comme conditionnel et les fournitures d’armes trop lentes.
Source: Romandie
