Le parti ASMA-CFP a demandé ce samedi 21 mai l’ouverture d’une enquête indépendante suite au décès de leur président feu Soumeylou Boubèye MAÏGA en détention dans une clinique privée alors qu’il était inculpé dans l’affaire dite d’équipements militaires. Les secrétaires généraux des Sections de l’intérieur et du District de Bamako de l’ASMA-CFP se sont réunis ce samedi 21 mai à l’occasion du 9e anniversaire de la création du leur parti.
Cette rencontre qui intervient 2 mois après le décès du Président du Parti, Soumeylou Boubèye MAÏGA, constitue le point de départ des activités qui avaient été suspendues depuis l’incarcération du Président.
Lors de cette réunion, les cadres du parti ont élaboré une déclaration relative au décès de leur président, Soumeylou Boubèye MAIGA. Nous vous proposons le document du parti.
La Déclaration
Le Président du Parti, le camarade Soumeylou Boubèye Maïga s’est éteint le lundi 21 mars 2022 en détention des suites de maladie.
Le Parti rend hommage au défunt qui s’est toujours illustré, présente ses condoléances les plus attristées et les plus émues à sa famille durement éplorée et formule des prières pour le repos éternel apaisé de son âme.
Grand sportif, journaliste, syndicaliste et homme politique, Soumeylou Boubèye Maïga était un militant courageux et intrépide, un combattant et un défenseur acharné des libertés et des droits humains, un démocrate convaincu et engagé. Il fut un grand commis de l’État au parcours rare, doté d’une intelligence fine, d’un sens élevé de l’organisation et de l’anticipation ; un homme de vision, au regard lucide, à l’analyse fine et au jugement pertinent.
Son décès constitue une grande perte pour la nation malienne qui a toujours été au cœur de ses projets et actions politiques. L’ASMA-CFP, en cette douloureuse circonstance présente ses condoléances au peuple malien.
Inculpé et placé sous mandat de dépôt le 26 août 2021 dans le cadre du dossier dit des équipements militaires et de l’avion présidentiel sans le vote de la mise en accusation par l’Assemblée nationale, préalable fixé par la Constitution et les lois du Mali, le camarade
Soumeylou Boubèye Maïga a été détenu à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako où, à son âge ; 67 ans, il partageait une cellule avec plus de quatre-vingts (80) autres détenus de tout genre et de toute cause.
L’arrestation du Président Soumeylou Boubèye Maïga a visé à faire taire un homme politique d’envergure. En effet, quoi qui puisse être dit et excipé, elle est survenue quand l’homme a commencé à prendre des positions de plus en plus critiques et au moment où sa candidature aux élections présidentielles devant consacrer la fin de la Transition prenait corps.
Il était donc un détenu politique.
Les conditions infrahumaines de détention dont il ne s’est jamais plaint et qui visaient à l’humilier et à l’anéantir lui ont valu de contracter une pathologie dont la gravité a amené les autorités elles-mêmes à le transférer sans ordre d’extraction dans une clinique de la place.
Le médecin traitant, après un diagnostic sans complaisance et au constat de l’absence d’un plateau technique approprié au Mali, a conclu en la nécessité de son évacuation vers une structure appropriée en considération de la célérité de la dégradation de sa santé et de l’engagement de son pronostic vital. Cette conclusion a également été celle du collège de médecins spécialistes mis en place par les autorités à l’effet d’une contre-expertise.
La nécessité de son évacuation ne faisait ainsi plus de doute et de discussions. Cependant, celle-ci lui a été refusée, malgré les multiples demandes et autres suppliques de sa famille et malgré l’intervention de toutes les bonnes volontés, que nous remercions ici pour leurs implications.
Nul ne peut dire qu’il ne savait pas que Soumeylou était malade. Nul ne peut également dire qu’il ne savait pas que sa vie tenait à son évacuation.
Ainsi, la mort du camarade Soumeylou Boubèye Maïga était devenue inéluctable, survenue d’ailleurs pendant qu’il était privé de visites de ses proches, en ce compris les membres de sa famille, séquestré qu’il était.
Les conditions de sa détention et sa mort dans ces circonstances interpellent, au premier chef les autorités, interrogent et soulèvent de nombreuses questions qui méritent, voire commandent d’être répondues.
Raison pour laquelle l’ASMA-CFP demande l’ouverture d’une enquête menée par une commission constituée de personnalités indépendantes en vue de faire toute la lumière sur les circonstances du décès du camarade Soumeylou Boubèye Maïga et de situer les éventuelles responsabilités.
Par ailleurs, le décès du Président de notre Parti rappelle malheureusement avec gravité que les droits et les libertés ne sont pas un acquis définitif et qu’ils doivent être préservés à travers un combat permanent.
Le Parti se réserve le droit d’initier toute action judiciaire, aussi bien au plan national qu’international, visant à faire la lumière sur les conditions de détention et les circonstances du décès du camarade président.
En outre, le Parti assure la famille de son soutien indéfectible et l’accompagnera à cet effet dans toute démarche et action qu’elle initiera.
L’ASMA-CFP remercie les uns et les autres, connus ou anonymes, partis, associations, ainsi que les bonnes volontés qui ont été présents à nos côtés durant toutes les étapes de cette douloureuse épreuve.
Bamako, le 19 mai 2022
Le Bureau Exécutif National
Source: Journal INFO-MATIN