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Mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali : la version officielle remise en cause

Six ans après l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali, une enquête de RFI révèle que les forces spéciales françaises auraient pourchassé leurs ravisseurs. Si l’armée française n’a pas commenté ces révélations qui contredisent la version officielle, une source à la Minusma en confirme certaines.

Que s’est-il réellement passé ce 2 novembre 2013 à Kidal, au nord du Mali, où Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de Radio France Internationale (RFI) en mission, ont été enlevés puis assassinéspar des hommes armés liés aux groupes extrémistes religieux d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ? De « nouveaux éléments » révélés par RFI le 22 juillet dernier contredisent la version officielle de l’armée française.

Selon cette version présentée par les militaires français, les reporters ont été enlevés entre 13 heures et 13 h 10. Cinq minutes plus tard, le commandant de la force française à Kidal a demandé aux forces onusiennes de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali) de fermer les checkpoints à la sortie de la ville. À 13 h 55, un détachement de liaison et d’appui (DLA) des forces françaises a reçu l’ordre d’engager la poursuite. À 14 h 25, les hommes du DLA ont découvert les corps sans vie des deux journalistes à côté de la voiture abandonnée des ravisseurs.

Une version remise en cause

Une version désormais remise en cause par de nouvelles informations dévoilées par RFI. Se basant notamment sur le témoignage d’un haut gradé de la Minusma, d’un ancien de la DGSE (les services de renseignement français) et des auditions de jihadistes réalisées par des enquêteurs maliens -, le média révèle qu’à 13 h 40, la mort de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont était déjà connue de plusieurs militaires français, et ce « bien avant l’arrivée des blindés de la force Serval ».

La radio va plus loin : dès l’enlèvement des journalistes, les forces onusiennes à Kidal étaient déjà sur les traces des ravisseurs (jusqu’à sept kilomètres hors de la ville), avant d’être relevés par les forces spéciales françaises. « Ces informations sont correctes et sont documentées dans un rapport obtenu depuis six mois par RFI », confirme à Jeune Afrique sous couvert d’anonymat une source à la Minusma.

Autre point de divergence avec la version officielle : le déploiement des hélicoptères de combat, bêtes noires des groupes jihadistes. Selon le rapport officiel, c’est vers 15 h 30 que les hélicoptères de combat sont arrivés sur les lieux, or plusieurs sources ont affirmé à RFI que ces hélicoptères ont été déployés aussitôt après le rapt.

Ahmad al-Faqi al-Mahdi, alias Abou Tourab, condamné en septembre 2016 par la Cour pénale internationale (CPI) à neuf années de prison pour la destruction des mausolées de Tombouctou, restitue ainsi les paroles du chef jihadiste Abdelkrim al-Targui aux enquêteurs : « L’enlèvement a échoué et les ravisseurs ont tué les otages sans son ordre. Ils l’ont informé qu’ils avaient été poursuivis par un hélicoptère et qu’ils avaient failli être arrêtés. Après avoir tué les deux otages, ils s’étaient dispersés dans le désert. »

Interrogations nombreuses

« Je ne souhaite pas commenter ces informations », a indiqué à Jeune Afrique le général de division Frédéric Blachon, commandant sortant de la force Barkhane, lors d’une cérémonie à Bamako le 23 juillet.

Bien des interrogations restent sans réponse après ces révélations. « La culture du secret, propre aux armées en général et aux forces spéciales en particulier, est-elle la seule cause de ces silences ? » interroge la radio. Une chose est sûre, une déclassification totale de documents militaires secret-défense sur cette affaire permettrait de faire toute la lumière sur ce qui est arrivé ce 2 novembre 2013.

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