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Mort d’Amadou Toumani Touré : les Maliens regrettent un « bâtisseur » soucieux de compromis

L’ancien président, mort dans un hôpital turc à l’âge de 72 ans, laisse derrière lui le souvenir d’un homme de consensus à l’origine de nombreux projets d’infrastructures.

Il était l’homme du consensus à la malienne. Amadou Toumani Touré, au pouvoir entre 2002 et 2012, s’est éteint dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 novembre dans un hôpital turc, alors qu’il venait d’avoir 72 ans. Instaurateur de la démocratie dans son pays après son coup d’Etat de 1991, celui que ses compatriotes surnommaient « ATT » laisse derrière lui le souvenir d’un homme de compromis à l’origine de nombreux projets d’infrastructures.

Si l’annonce de sa disparition, mardi, n’a pas provoqué de scènes déchirantes à Bamako, la plupart des passants interrogés ont salué la mémoire d’« un homme travailleur », qui avait le mérite de parler à tout le monde. « Je l’adorais vraiment, confie un quinquagénaire du quartier de Badalabougou. J’ai voté pour lui à deux reprises, en 2002 et 2007. Selon moi, en dix ans, il a réellement unifié le Mali. »

 

Deux mandats pendant lesquels le général s’était forgé une image de bâtisseur. « Les routes c’est lui, les hôpitaux c’est en partie lui, les logements pour les plus démunis aussi », dit-on çà et là. A tel point qu’un quartier de logements sociaux de la capitale, dont il fut à l’initiative, porte aujourd’hui son nom : ATTbougou, le « quartier ATT » en bambara. L’ancien président « a aussi fait beaucoup pour le pays dogon, il a créé un lycée à Bandiagara, ville du centre du pays d’où je suis originaire », appuie un livreur entre deux services.

Malgré les accusations de corruption qui pesaient sur l’ancien chef d’Etat et son administration, « c’était un homme altruiste, bienveillant », se souvient Nicolas Normand, ambassadeur de France au Mali entre 2002 et 2006 : « Dans un sens, il n’avait pas le profil du militaire. » La chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, et le retour de centaines de combattants touaregs avec armes et bagages récupérés dans les stocks libyens furent largement à l’origine de sa perte de contrôle du septentrion malien.

« Il avait du mal à trancher »

Deux mois avant la fin de son second mandat, en 2012, « ATT » avait été emporté par un coup d’Etat de jeunes soldats exaspérés par la débâcle des forces armées dans le nord du pays. Soucieux de toujours parvenir à un compromis, « il avait du mal à trancher, à sanctionner, il avait un manque d’autorité envers certaines personnes de haut rang », reconnaît Nicolas Normand. Sa proximité avec Iyad Ag Ghali, figure de la rébellion touarègue aujourd’hui à la tête de la principale mouvance terroriste du Mali, lui a notamment été reprochée.

Les deux hommes, entrés sur la scène politique malienne en 1991, se connaissaient bien. En 2007, alors qu’Amadou Toumani Touré entamait son second mandat et que de nouvelles poussées indépendantistes se faisaient sentir dans le nord, Iyad Ag Ghali avait été nommé consul du Mali à Djeddah, en Arabie saoudite. A son retour au pays, en 2010, le Touareg avait servi d’intermédiaire dans les différentes libérations d’otages, avant d’entrer dans le djihad.

 

Blâmant l’ancien président de ne pas avoir su mieux contrer les velléités séparatistes des populations du nord, un mécanicien de Bamako tempête : « Il n’aurait jamais dû laisser rentrer sur le territoire des soldats revenus de Libye après la chute de Kadhafi. Tout ce qu’il a construit s’est effondré comme un château de cartes. »

Pourtant, « lui au moins s’entendait bien avec les gens du nord, sa destitution n’a fait qu’empirer la situation », estime Tieyoulé, un Bamakois de 34 ans. Dans un Mali en pleine transition politique trois mois après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta, le sens de la diplomatie de l’ancien général aurait pu être, pense le jeune homme, d’une certaine aide dans la constitution d’un Conseil national de la transition qui se fait toujours attendre.

Source: Le Monde

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