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Mopti : Le commerce de bétail affecté par la COVID-19

La pandémie est venue aggraver une situation déjà rendue précaire par l’insécurité. Les ventes d’animaux ont chuté. Les éleveurs et tous les autres acteurs qui vivaient de cette activité déchantent

 

Le sous-secteur de l’élevage est un des piliers essentiels de l’économie de la Région de Mopti qui a une vocation agro-sylvo-pastorale. Selon les statistiques nationales, le sous-secteur contribue à près de 19% du PIB soit la troisième source de revenus pour le pays après l’or et le coton. Pour la campagne 2018-2019, l’exportation du bétail sur pied au Mali a généré près de 88 milliards de Fcfa de valeur monétaire et procuré de l’emploi à près de 8,2 millions de personnes avec une contribution de premier plan pour la Région de Mopti qui abrite plus de 19% de l’effectif des bovins et 28% du cheptel ovin et caprin du pays.
Ce sous-secteur qui faisait la gloire de la région avec son potentiel de contribution à la sécurité alimentaire et de création de richesse à travers la filière bétail-viande et lait est aujourd’hui à la croisée des défis du changement climatique avec la dégradation et le rétrécissement des parcours pastoraux, la recrudescence de l’insécurité, le vol de bétail, l’accès difficile des zones de pâturage conjugué à la pandémie de la Covid-19.

Plus qu’une crise sanitaire, à l’image des autres segments du développement, la pandémie de la Covid-19 a frappé de plein fouet le sous-secteur de l’élevage, a souligné le directeur régional des productions et industries animales de Mopti, Hamadi Kane Diallo. Selon le technicien, la mise en application des mesures barrières, comme le couvre-feu, a longtemps impacté la collecte, la transformation des produits laitiers et le mouvement des consommateurs entraînant une baisse drastique de revenus chez les producteurs. En matière d’élevage, nos exportations de bétail sur pied s’effectuent en direction des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Ghana. Du fait des différentes mesures de restrictions de circulations et fermetures des frontières le marché extérieur est à l’arrêt.

Les exportateurs de bétail, les transporteurs et les intermédiaires sont tous en chômage. Ceci représente une véritable difficulté pour les milliers de chefs de famille évoluant dans le secteur qui traverse cette période de vache maigre. Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19 et la protection des acteurs du sous-secteur, la DRPIA a, en collaboration avec les services vétérinaires et de santé, initié une vaste campagne d’information des éleveurs sur la maladie du coronavirus et les mesures barrières édictées, a indiqué le directeur Diallo. Selon lui, l’usage du turban qui fait partie de l’habillement traditionnel du milieu est une chance qui renforce le port des masques essentiel dans la rupture de la chaîne de transmission de la Covid-19.

Sous un soleil de plomb, mardi 9 juin jour de la foire hebdomadaire de Fatoma, situé à 15 km de Sévaré, sur la RN 6 le vieux Ousmane Kane Diallo président du comité de gestion du parc à bétail assis sur un pan d’un des abreuvoirs, visiblement soucieux a accueilli notre équipe de reportage. Ici, dans ce grand centre de regroupement, les usagers des lieux font fi des mesures barrières de lutte contre la Covid-19. Si certaines personnes utilisent le turban pour se couvrir, la plupart demeurent sans masque. Le premier constat en ce grand lieux de rassemblement où les personnes et les animaux sont en contact direct, l’absence totale de kits de lavage des mains au savon et de gel hydroalcoolique est évidente. « Depuis environ 5 ans, nous souffrons des méfaits de l’insécurité, sommes victimes des enlèvements de bétail, des engins explosifs qui détruisent les troupeaux et de la forte réduction de la mobilité des animaux. Voyez vous-mêmes, il y a plus de personnes que de bêtes dans le parc, on nous a tout volé », nous a confié le président.

À ce sombre tableau est venu se joindre la maladie du coronavirus qui nous a totalement asphyxié. Du fait de la Covid-19, avec la fermeture des frontières les acheteurs potentiels qui nous viennent des pays voisins n’arrivent plus, a-t-il poursuivi. Selon le président Ousmane Kane Diallo, le parc qui recevait plus de 2. 000 têtes de bœufs par foire n’enregistre actuellement qu’environ 600. Cela, parce que la zone exondée qui couvre les Cercles de Douentza, Bandiagara, Bankass et Koro n’ont plus accès au marché du fait de l’insécurité. En termes de taxes de sortie et d’embarquement fixées à 150 Fcfa par tête, le parc générait environ 200.000 Fcfa par foire contre au plus 60.000 Fcfa maintenant, a déploré M. Diallo.

Rien ne va plus dans cette infrastructure structurante qui grouillait habituellement de monde avec des enfants, boîte de peinture en mains et prêts pour le marquage à 25 Fcfa chaque animal payé, des vendeuses d’eau fraîche et de sucreries trouvaient leurs comptes. Tout le monde sait que les éleveurs de la région paient un lourd tribut aux conflits. Nous souffrons et nous avons besoin de l’appui de l’État pour nous accompagner à lutter contre la pandémie. Nous avons aussi besoin de kits de protection contre la maladie et d’appui pour soulager les victimes d’enlèvements et de vol de bétail, a plaidé le président du comité.

Dramane COULIBALY
Amap-Mopti

Source : L’ESSOR

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