Le projet de monnaie commune aux quinze pays de la Cédéao est de nouveau sur les rails après avoir été suspendu en raison de la pandémie. Samedi 19 juin, lors du sommet des chefs d’État de la Cédéao, le président de la commission Jean-Claude Kassi Brou a présenté une nouvelle feuille de route. L’eco sera lancé en 2027.
Depuis 2020, le processus est à l’arrêt. En raison de la pandémie de Covid-19, les pays membres de la Cédéao avaient suspendu leur pacte de convergence monétaire. Il va reprendre dès 2022, annonce Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la Cédéao, et ce, jusqu’en 2027. À cette date, les économies se seront suffisamment rapprochées pour permettre l’adoption de l’eco.
Reste que ce calendrier, le quatrième déjà annoncé par la Cédéao, peut sembler très serré. Selon l’économiste sénégalais Moubarack Lô, il parait difficile de faire converger un pays comme le Nigéria et ses 10% d’inflation avec ceux de la zone UEMOA, l’union économique et monétaire ouest-africaine, l’actuelle zone franc, où l’inflation est sous la barre des 2 %. De plus, les intérêts économiques divergents entre les pays producteurs de pétrole d’une part et d’autre part, les pays importateurs doivent être conciliés. Ce qui, là encore, peut prendre du temps. Pour Moubarack Lô, si les responsables politiques sont dans leur rôle en présentant une feuille de route, ce sera finalement l’économie réelle qui décidera de l’avenir de la monnaie commune.
On peut pas ne pas fixer de dates. Les banquiers centraux, les ministres de l’Economie et Finances ne vont jamais conseiller à leurs chefs d’Etat d’avancer si on n’est pas assurés d’être vraiment prêts. Et aujourd’hui, manifestement, on est pas prêts et rien n’indique dans l’horizon à venir qu’on sera prêts. Parce qu’aujourd’hui il y a des grands différentiels en termes d’inflation.
Moubarack Lô, économiste et président de l’institut « Emergence Sénégal »
En attendant, les pays de l’actuelle zone franc doivent de leur côté parachever les réformes entreprises en décembre 2019 avec la signature d’un nouveau traité monétaire avec Paris. Les parlements nationaux des huit pays vont devoir ratifier le texte et examiner des questions fondamentales, comme le taux de change de leur monnaie commune et le lien de garantie proposé par Paris. Un fort courant souverainiste au sein de l’UEMOA plaide pour une émancipation totale.