Voilà une Coupe du monde au Qatar (du 20 novembre au 18 décembre) dont le coup d’envoi sera donné en automne et non en été, pour la première fois de l’histoire, mais qui a tout de même débuté plus tôt que prévu. Du moins le débat autour de cette édition si particulière, que certains jugent trop tardif, souhaitant l’éluder, est-il bien lancé.
Cela aura été le mérite des appels à agir ou réagir. Si les conditions ne sont absolument pas réunies pour un boycott de la part des Etats, des fédérations et des sélections, la probabilité d’une défection significative des amateurs de football gagne en consistance.
Surtout, ce débat compromet la réussite de la compétition pour la FIFA et le pays organisateur : ils pouvaient croire que les dés étaient jetés et que le torrent de l’actualité sportive emporterait les scrupules et les états d’âme.
Au cours de ces semaines précédant le tournoi, le rapport de force entre le sportif et l’extrasportif est fatalement en faveur du second. L’avant-Mondial est voué à être le moment d’un long exposé des vicissitudes de l’événement, et celui d’une litanie de mobilisations contre lui.
Pression sur les sponsors
Les ONG ont compris l’intérêt d’en profiter pour faire campagne sur des objectifs précis. Amnesty International, Human Rights Watch et FairSquare demandent ainsi aux sélections nationales de soutenir la création d’un fonds d’indemnisation, par la FIFA et le Qatar, des ouvriers victimes d’abus et de salaires impayés sur les chantiers de l’événement.
Cette pression s’exerce aussi sur les sponsors. Quatre partenaires majeurs sur quatorze – Adidas, Coca-Cola, McDonald’s et AB InBev – soutiennent la démarche. Les autres sont exposés au name and shame (désigner un responsable pour le couvrir de honte). En ciblant une des principales sources de revenus de la FIFA, les associations frappent son point sensible.
Devant l’ampleur du malaise, aucun protagoniste n’échappera aux interpellations. La passe d’armes entre la Fédération française de football et Amnesty montre l’impossibilité de s’en tenir à une posture de neutralité devenue intenable, à un « apolitisme sportif » qui a un peu plus volé en éclats l’an passé.
L’ONG, en regrettant, le 23 septembre, le « silence assourdissant » de la FFF, l’a contrainte à en sortir le lendemain. Dans un communiqué, elle a protesté de sa préoccupation pour les droits humains dans l’émirat, tout en se félicitant des « avancées sociales » accomplies par ce dernier – c’est le discours de la FIFA.
Certes, la fédération n’en est plus, comme son président, Noël Le Graët, en avril, à se réjouir « que [l’équipe de France] vienne jouer au Qatar ». Mais en s’irritant de sa « stigmatisation » par Amnesty, elle a encore un discours de retard.
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