e régime démocratique est “l’Etat du droit” où dominent les institutions et les juridictions. Les spécialistes du droit affirment que la démocratie se comprend comme le régime du plus grand nombre (la majorité) et non celui de tous sans exclusion. Toutefois, l’existence et le respect de la minorité ou d’une opposition est une dimension constitutive de l’Etat démocratique.
En fondant son exercice sur le principe de la majorité, l’adhésion du plus grand nombre, le régime démocratique avoue son impuissance vis-à-vis d’une opposition aussi résolue. Cette impuissance n’est pas synonyme de faiblesse. Elle signifie tout simplement que l’Etat démocratique ne divinise pas le consentement populaire. La voix du peuple n’est pas celle de Dieu. La démocratie ne désigne pas un idéal de conduite morale, mais une forme d’organisation de l’action politique.
Elle n’a pas pour objectif premier la perfection de l’homme, la félicité individuelle, mais la régulation de la vie collective, la coordination des rapports entre des individus aux aspirations divergentes à l’intérieur d’un ensemble qui est l’Etat. Le dirigeant de la collectivité n’en est pas le propriétaire mais le représentant.
Hobbes, Locke, Spinoza, Rousseau et, à leur suite, Kant et Fichte, qui sont les promoteurs de cette théorie du Pacte social sont les principales sources d’inspiration de la démocratie moderne. Certes, le contrat censé engendrer le corps politique ne se conçoit pas comme un événement historique, il demeure un idéal régulateur en fonction duquel l’action politique se doit d’être appréciée.
Cette doctrine merveilleuse peine à se développer dans notre pays. Et pour cause, l’investissement du champ politique par l’armée. Notre pays a connu trois coups d’Etat depuis l’instauration du multipartisme. Cette situation est due aux comportements des acteurs politiques.
Après chaque élection, les acteurs politiques se sacrifient au succès d’un individu arrivé à la tête du pays, tuant ainsi toute ambition d’animer l’opposition politique. Dans l’espoir de sécher son linge où le soleil brille, certains ne lésinent pas sur les moyens et les éloges faits au prince du jour. Ce qui fait de ces acteurs des complices de l’idéologie monarchiste et de propagateurs du népotisme du pouvoir, donc des laudateurs et des flatteurs.
Ils ont eu raison de deux présidents élus démocratiquement, en l’occurrence Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Kéita. Ces faux amis et griots de circonstance, avec la complicité de certains membres de famille, ont cultivé le clientélisme et la corruption. Ils ont tué dans l’œuf toute idée de bonne gouvernance.
Mon Colonel, même s’il est difficile d’échapper à ces adulateurs et flagorneurs, il faut savoir les remettre à leur place. Pour y arriver, commencer par l’outil de la défense, de la sécurité et de la justice.
Faites en sorte que l’armée investisse le terrain perdu ! Faites en sorte que la justice poursuive les délinquants financiers ! Travaillez pour plus de justice sociale ! Réduisez votre terrain de vie et celui de l’Etat ! Entourez-vous d’hommes intègres !
Au peuple, aux organisations dites de la société civile, au lieu de se laisser transformer en organisations de soutien, organisez-vous pour une sortie de transition rapide et allez vers l’exercice de la démocratie et la défense des seuls intérêts du peuple, c’est-à-dire l’édification d’une société plus juste, d’un Mali plus prospère.
Moussa Kobba
Source: Aujourd’hui-Mal