Pour la bonne tenue du scrutin du 29 juillet, les hautes autorités ne veulent négliger aucun détail. En plus de mettre les bouchées doubles pour le respect des délais et l’organisation matérielle, elles multiplient les contacts et concertations pour une plus grande implication de certains acteurs non-étatiques dans le processus. C’est ainsi que les représentants de la société civile ont afflué dans les locaux du ministère de l’Administration dans le cadre d’un échange avec le département sur les avancées et enjeux de la présidentielle.
On y dénombre des leaders religieux et coutumiers ainsi que des représentants d’ONG et de faîtières devant lesquels le ministre et ses collaborateurs ont déroulé les efforts déployés par le gouvernement pour un bon déroulement du scrutin, en comptant notamment sur la société pour jouer sa partition de relais impartial auprès de la population. «Vous êtes les seuls habilités à faire comprendre les enjeux des élections», a expliqué le Secrétaire général du département au nom du ministre Mohamed Ag Erlaf temporairement absent. C’est en ses lieu et place également que M Maiga à déroulé le point des préparatifs en insistant sur un chapelet d’avancées enregistrées à moins de deux mois du scrutin présidentiel. Il a notamment relevé l’enrôlement des citoyens sur toute l’étendue du territoire, la modification de la loi électorale avec des gages de transparence et de crédibilité comme l’avènement de la carte d’électeur biométrique, la présence d’assesseur des principaux protagonistes dans les bureaux, etc. Au nombre des avancées figurent également la convocation du collège électoral et la réception des cartes d’électeur dont la distribution et les enlèvements pourront débuter dès la semaine prochaine.
Au cours des échanges que le ministre Ag Erlaf a finalement pris au vol, les acteurs de la société ont exprimé de nombreuses inquiétudes au nombre desquelles l’atmosphère délétère qui caractérise la scène politique ces derniers temps. Plusieurs interlocuteurs se sont succédé en effet pour alerter sur une perte considérable de l’autorité de l’Etat face aux agissements ou propos incendiaires de certains protagonistes.
Parmi les grandes préoccupations figurent aussi celle de la diaspora dont le représentant, au nom du Conseil Supérieur des Maliens de l’Extérieur, a déploré le ratio très disproportionné du nombre d’inscrits par rapport à l’importance démographique des compatriotes vivant à l’étranger pourtant très actifs dans la marche économique du pays.
Il se trouve en effet que pour une population de plus de 6 millions de personnes, les Maliens de l’extérieur n’existent dans les bases de données que pour 500 000 inscrits au total. Tout en admettant la disproportion, le ministre de l’Administration territoriale a estimé que la faute revient à la diaspora en premier lieu, qui n’a pas suivi avec l’intérêt approprié les nombreuses missions d’enrôlement effectuées par les services du département en direction des grandes agglomérations étrangères peuplées de Maliens : qu’il s’agisse de la France où les concitoyens avaient peur d’être identifiés à des fins de rapatriement forcé ou de la Côte d’Ivoire où leur réticence s’explique par des flous sur la nationalité de certains. Le porte-voix du Haut conseil des Maliens de l’Extérieur ne partage pas cette explication. Il se dit plutôt convaincu que des calculs et manœuvres d’exploitation politique sont à l’origine d’une compression de la taille des enjeux que devrait représenter la diaspora dans la présidentielle.
A Keïta
Source: Le Témoin