Mohamed Djéri Maïga est le vice-président du Conseil transitoire de l’Azawad (CTA). Il est présentement à Bamako dans le cadre d’une rencontre du Comité de suivi de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. A cœur ouvert, il a décidé de livrer un message aux Maliens. Pour lui, le MNLA a été même salutaire pour le Mali parce que sans lui le Mali ne serait plus aujourd’hui aux Maliens.
Dans sa chambre d’hôtel, sous haute protection de la Minusma à Bamako, Mohamed Djéri Maïga est content de se faire entendre.
D’entrée de jeu, M. Maïga se veut clair : « le MNA n’est pas le Mujao. Que le peuple malien comprenne, nous ne sommes pas contre la paix, nous ne sommes pas non plus des va-t-en-guerre encore moins des criminels. Nous sommes des gens qui ont des revendications qui seront portées à la connaissance de tous. On a accepté l’intégrité territoriale du Mali, nous voulons qu’ensemble qu’on puisse construire un Mali fort. IBK est notre président, nous l’avons élu ».
Pour le vice-président du MNLA, les groupes armés veulent engager des négociations avec le gouvernement pour cette fois-ci trouver une solution définitive à ces rébellions cycliques qui ne cessent de détruire notre pays. Pour cela, M. Maïga demande aux journalistes de ne plus jouer aux incendiaires.
A la question de savoir si ce n’est pas le MNLA qui a amené les forces jihadistes dans notre pays, Mohamed Djéri Maïga est catégorique : « Ce n’est pas nous qui avons amené les forces du mal au Mali. Bien avant le MNLA, l’aviation mauritanienne bombardait au Mali. Quand on a tué Lamana Ould Bou à Tombouctou, le MNLA n’existait pas encore ».
Notre interlocuteur ajoute que le Mali ne nous appartenait plus. De 2010 à 2012, dit-il, tout le monde voyait que ça n’allait pas et les journaux ont même parlé d’air cocaïne. Les jihadistes étaient en train de s’installer et tissaient des relations sociales au vu et au su du régime d’ATT, souligne-t-il. Le vice-président du MNLA de renchérir en ajoutant que le MNLA a même été salutaire pour le Mali, parce que si rien n’était fait, les forces obscurantistes allaient occuper le Mali. Mais avec l’aide de la communauté internationale, dira-t-il, le Mali est en train de revenir aux Maliens et nous devons aider cette même communauté internationale à bouter définitivement ces forces-là hors de notre territoire.
Après avoir relevé ce défi, explique notre interlocuteur, on va négocier, se parler sérieusement pour en finir une bonne fois pour toute avec ces crises. « Nous ne sommes pas des chercheurs de postes, mais des porteurs de revendications pour l’Azawad. Je n’étais qu’un pauvre enseignant. Mais nous nous sommes dit qu’on ne pouvait pas laisser la situation comme ça ».
ATT était en contact avec les forces du mal sur le terrain
Interrogé par rapport à la culpabilité du MNLA dans le massacre des militaires maliens à Aguel Hoc, Mohamed Djéri Maïga explique : « Aguel Hoc ce n’est pas le MNLA. Nous acceptons la responsabilité morale parce que nous étions en train de conquérir un territoire, mais pas la responsabilité pénale. D’ailleurs nous avons demandé qu’une commission internationale fasse des enquêtes sur le sujet. Le régime d’ATT même était en relation avec les forces du mal sur le terrain. Sinon comment comprendre que quelques instants après les attaques qu’ATT ait pu se procurer des photos des évènements et établir la culpabilité d’Aqmi ? Une autre preuve, c’est que les preneurs d’otages d’Hombori (où deux français ont été enlevés) ont été retrouvés avec des cartes de la Sécurité d’Etat. Tout cela prouve que le Mali était en danger et il fallait faire quelque chose ».
A l’endroit d’IBK, M. Maïga prévient que c’est grâce à l’Accord de Ouaga qu’il est devenu président de la République. A ce titre, il doit écouter et consulter les signataires de l’Accord à chaque fois avant de décider. Ça devrait être le cas des législatives du 24 novembre prochain. Mohamed Djéri Maïga se pose la question sur le type d’Assemblée nationale si ces élections se tiennent dans ces conditions.
« On n’est pas pressé, il faut aller doucement et régler définitive cette question de rébellion au Nord qui a chaque fois déstabilisé le Mali. Chaque fois qu’il y a eu rébellion au Nord, la conséquence a été un coup d’Etat au Sud. On a pu le voir en 1991 et en 2012 ».
Quel statut politique et juridique cherche-t-on pour l’Azawad ? Pour Mohamed Djéri Maïga, une plateforme est actuellement en discussion à Ouagadougou entre le MNLA, le HCUA et le MAA et sera bientôt connue de tous. Quid de la Décentralisation ? Notre interlocuteur répond : « Notre solution n’est pas la décentralisation. Ce n’est pas notre affaire. On ne peut pas continuer avec l’ancien système ».