Le Bureau politique national du parti Rassemblement pour le Mali (RPM) a organisé, samedi dernier, à l’ex-CRES de Badalabougou, un atelier, à l’issue duquel le parti a dit non à plusieurs recommandations de propositions de modification de la loi électorale. Tout en avançant des contraintes de temps, parmi les reproches du RPM, figure l’introduction de la nouvelle carte d’électeur en lieu et place de la carte NINA.
C’est en principe le mercredi prochain, que le Conseil des ministres doit se prononcer sur les propositions de modification de la loi électorale qui régira les élections de 2018. Avant ce jour, le RPM a convié un atelier avec ses responsables, cadres et députés afin de dégager la position du parti et d’apporter sa contribution à l’amélioration de 26 propositions des 36 propositions de modification à la loi électorale, validées par le ministère de l’Administration territoriale.
La rencontre a permis à ses participants d’examiner les recommandations de modifications formulées par le comité d’experts, constitué des représentants de la MINUSMA, des acteurs politiques sous l’égide du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation qui a validé 36 propositions de modification à la loi électorale.
Selon le président du RPM, Bocary TRETA, cet atelier permet aux cadres et responsables du parti de s’assurer de la pertinence de recommandations de modification de la loi électorale à garantir une élection transparente et apaisée. Dès à présent, souligne-t-il, le RPM doit veiller à ce que la loi électorale, qui va régir les prochaines élections, prenne en compte les réalités sur le terrain.
«L’année 2018 est une période dense en activités électorales (présidentielle, législatives, les communales partielles). La loi électorale est le socle de la bonne organisation et de la transparence des scrutins. La lecture de cette loi doit satisfaire la bonne tenue des élections et de les rendre inclusives », a indiqué le président Bocary TRETA.
Ensuite, il a profité de la tribune pour rappeler les enjeux de la présidentielle de 2018. Pour M TRETA, le défi de cette élection, pour le RPM et ses alliés, est la réélection du Président Ibrahim Boubacar KEITA.
« En 2018, nous devons renouveler notre confiance à IBK. Après la présidentielle, il y aura les législatives. Le RPM est la première force politique au Mali. Notre objectif est de renforcer ou conserver ces acquis », a-t-il déclaré.
Le rejet de la nouvelle carte d’électeur
Après le président TRETA, le comité d’expert et scientifique du RPM a présenté son rapport. En effet, ce comité a été saisi par le Bureau politique national du RPM pour donner son avis sur 26 propositions des 36 du ministère de l’Administration territoriale.
Après examen et analyse, rapporte Kaba DIARRA, responsable du RPM, non moins membre du Comité d’expert, ils ont abouti à la conclusion que l’adoption de certaines propositions risque de prendre en otage l’organisation matérielle de l’élection présidentielle dont le 1er tour est fixé au 29 juillet.
«Il y a des propositions que nous ne partageons pas parce qu’elles ne sont pas de nature à assurer la transparence et la crédibilité des élections. Beaucoup d’entre-elles ne sont pas réalistes parce qu’elles ne peuvent pas s’appliquer dans l’immédiat à cause de plusieurs contraintes», a affirmé M. DIARRA.
L’on retient de sa présentation, le rejet de plus de 15 propositions par le RPM au motif qu’elles sont soit coûteuses, soit que le temps ne permet pas leur réalisation. Ainsi, le parti n’est pas d’accord pour l’abandon de la carte NINA au profit d’une nouvelle carte d’électeur.
Selon M. DIARRA, à 4 mois du 1er tour de la présidentielle, il est matériellement très difficile de confectionner de nouvelles cartes pour tous les électeurs avant le scrutin. Pour lui, en plus des contraintes de temps qui se posent, cette nouvelle mesure va revenir très chère à l’Etat, a ajouté Kaba DIARRA.
Aussi, le parti présidentiel estime que l’adoption de certaines propositions, telles que «exiger la remise des photocopies des PV de tous les bureaux de vote juste après le décompte des suffrages», ouvrirait la boîte à pandore de contestations.
«Dans un pays où il n’y a pas d’électricité sur toute l’étendue du territoire, il est impossible de scanner ou de photocopier tous les PV et les remettre aux membres des bureaux de vote. Dans les hameaux, dans certains villages, il n’y a aucune condition matérielle pour faire ce travail », a fait savoir le responsable politique du RPM.
Par ailleurs, il a également apporté des griefs à la composition de la Commission électorale indépendante (CENI) qui ne représente pas le fait majoritaire.
Pour lui, ce n’est pas démocratique que la majorité présidentielle et l’opposition se voient attribuer le même nombre de représentant au sein de cette structure indépendante.
Aux termes de la rencontre, le président du parti dira que toutes ces observations seront remises au gouvernement et au président de la République avant le mercredi prochain, date à laquelle le Conseil des ministres est attendu pour statuer sur les recommandations de propositions de modification de la loi électorale.
Sur le même sujet, la Convention de la majorité présidentielle (CMP) a tenu hier dimanche au Grand hôtel de Bamako une rencontre avec les mêmes objectifs. A cette tribune également, il a été rappelé aux cadres et aux députés de la CPM, la nécessité de s’approprier du contenu de la nouvelle loi.
«Nous devons formuler des recommandations à la modification de la loi électorale pour donner un sens à notre engagement et soutien à IBK et au gouvernement de Soumeylou Boubèye MAIGA », a-t-il affirmé.
Selon M TRETA, les recommandations auxquelles l’atelier va parvenir serviront de référence pour les députés de la CMP à l’Assemblée nationale.
Par Sikou BAH
Info-matin