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MODIBO SIDIBE, PRESIDENT DES FARE « Sans cap, sans vision, sans agenda, il y a le risque de conduire le pays dans l’impasse »

Nous publions ici la dernière partie de l’entretien que le Premier ministre Modibo Sidibé nous a accordé. Ici, le président des Fare revient sur sa vision de la politique et le nouveau pôle politique en construction.

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Les Echos : Vous aviez souhaité un « pôle de gauche », qu’en est-il de ce projet ?

Modibo Sidibé : Je tiens à rappeler l’esprit qui a prévalu à la création de cette dynamique en faveur d’un pôle politique émergent (NPP), pôle de gauche.

Oui effectivement, le parti FARE a considéré que notre démocratie était à la croisée des chemins. En 2011-2012, nous avons développé, avec les associations, les mouvements et certains cadres, une réflexion sur l’état de notre démocratie et de nos institutions.

Nous en étions arrivés au constat que dans le cadre d’un processus de démocratisation initié il y a 21 ans et alors que Mali se prépare à entrer dans un cycle électoral qui constitue un tournant décisif pour son avenir, l’abstentionnisme croissant de l’électorat malien et la fragmentation en une multitude de partis, le champ politique est devenu illisible pour nos concitoyennes et nos concitoyens. Qu’il y avait un problème avec les partis politiques et un problème avec le citoyen. Ces éléments tendaient à démontrer que notre système actuel avait atteint ses limites et qu’il existait à l’époque un risque de fracture totale entre le peuple et les élites politiques. On avait la démocratie et la République, mais le citoyen n’était pas au rendez-vous.

Aussi, nous en avions conclu, que notre système avait besoin d’un renouveau de la démocratie et d’un renouveau citoyen. Dès lors, s’était imposé à nous la nécessité pour le devenir de notre démocratie, d’être porteurs d’un Pôle Politique Emergent (NPP) – au côté d’autres – à même de réconcilier nos compatriotes avec la politique, de favoriser une citoyenneté plus active, plus engagée et assumant sa part dans la vie de la cité et plus exigeante sur la gestion des affaires publiques.

Les FARE a appelé et appelle encore tous ceux qui entendent et soutiennent une idée simple que la politique comme toute activité humaine a besoin de dambé, une politique sans dambé, sans référence n’est que caricature, si elles ne sont fondées sur une éthique, sur ces valeurs dont tous les Maliens doivent se sentir dépositaires, solidaires, et dont leurs enfants et petits-enfants seront les héritiers… Notre conviction se nourrit des principes républicains, des valeurs démocratiques, du respect qu’inspirent des institutions que nous nous sommes donnés.

Aussi, nous pouvons et souhaitons avancer avec tous ceux qui veulent ramener la politique à ses lettres de noblesse; ceux qui veulent restituer au citoyen malien la transparence et le respect de son vote; ceux qui peuvent contribuer à donner au paysage politique les couleurs permettant la compréhension des différentes visions et projets pour notre pays ; et enfin avec tous ceux qui partagent l’exigence d’un renouveau démocratique et un renouveau citoyen, pour avancer sur les grandes valeurs qui devront refonder notre démocratie et notre République par une pratique en phase avec nos valeurs.

Ainsi, nous voulons rassembler tous les patriotes pour aider notre peuple à redresser la tête, à reconquérir sa fierté, son identité et sa dignité. Telles sont les ambitions du Pôle Politique Emergent (NPP) pour lequel nous nous battons.

Comme socio-démocrates, nous avons eu à discuter avec d’autres partis. Il était effectivement venu à l’idée que le NPP pourrait être un pôle de gauche républicaine et démocratique avec ses différentes nuances, perpétuant les idéaux de la révolution du 26 Mars 1991. Aussi, une demi-douzaine de partis a signé le lundi 27 février 2017, la Charte du nouveau pôle politique de la gauche Républicaine et démocratique (NPP). Outre, les Fare AnKa Wuli, il s’agit du PIDS, du PSR, du PRDM, de l’UDP et du FIAC. Aujourd’hui, nous sommes en discussion avec de nombreux autres partis, notamment avec la Cnas.

Le NPP s’inscrit également dans une vraie volonté d’unité et d’intégration africaine, que nous partageons tous. La renaissance et le frémissement de valeur républicaine et démocratique sur le continent, de la réponse qu’il faut construire avec la jeunesse pour bâtir l’Afrique de demain.

Les Echos : Avez-vous réfléchi sur notre processus électoral ? Pensez-vous qu’il est bon ou qu’il est à parfaire ?

Modibo Sidibé : Vous savez, j’entends souvent dire que l’opposition sait donner des conseils, mais quand l’opposition donne des conseils, on fait la sourde oreille.

Depuis 2015, nous n’avons cessé de demander aux autorités de nous dire comment, elles comptaient conduire les réformes institutionnelles majeures issus de l’Accord pour la Paix, l’agenda contenu dans l’accord ainsi que l’agenda électoral. Nous sommes rest2s sans suite;

Nous avions, également, prévenus le Gouvernement du risque de précipiter le Mali dans une succession de consultations dans un pays qui se relève de crise. Cela n’est jamais une bonne chose.

Sans cap, sans vision, sans agenda, il y avait le risque de conduire le pays dans l’impasse. Malheureusement, aujourd’hui, pour notre pays l’histoire donne raison à l’opposition.

Nous sommes claires, nous avons demandé un agenda suffisamment à temps sur lequel il nous faut travailler.

Nous avons interrogé notre code électoral, notre processus électoral. Aussi, une chose est claire, il nous un avoir un organe indépendant d’organisation des élections. Ceci est extrêmement important afin que celles-ci cessent d’être toujours organisées par l’administration. Cette dernière permettra de rationaliser notre ressource et notre processus électoral. Nous avons besoins de sérieuses modifications et réforme de notre processus électoral, mais nous n’avons pas besoin de réformettes.

Des propositions relatives à l’agenda électoral et aux reformes idoines faite par l’Opposition ont été faite au Gouvernement à travers la remise d’un document au Ministre de l’Administration territoriale.

Permettez-moi de saisir l’opportunité pour tirer la sonnette d’alarme sur les difficultés pour de nombreux de nos concitoyens maliens d’ici ou de la diaspora à accéder à leurs cartes biométriques NINA, le Numéro d’identification nationale.

Elle est cruciale car – comme vous le savez- elle est dorénavant la carte électorale qui permettra aux citoyens de voter aux élections prochaines.

Si pour de nombreux maliens et maliennes cette dernière n’est pas accessible, elle risque de compromettre la transparence et la sincérité du processus électorale. De nombreux citoyens risquent de ne pas pouvoir voter faute d’avoir leur carte. Nous nous devons de trouver des solutions rapidement, compte tenu de l’agenda électoral à venir.

Aussi, j’interpelle le Gouvernent sur ce sujet sensible de la carte Nina, s’il tient à un processus électoral transparent. Je prends également à témoin l’opinion internationale sur le sujet.

Il n’est pas acceptable aujourd’hui des citoyens soit dépourvus de ce document de base – censé être une avancée majeure – dans la modernisation de notre administration, de notre économie et de notre société. Notre Gouvernement doit tout faire pour que ces dernières soient délivrées dans les conditions idoines pour que l’ensemble des citoyens puissent y accéder.

Enfin, nous devons – entre autre – arrêter de faire de notre vote un bien marchand. Il faut arrêter. Avec ce que nous avons constatés durant l’ensemble des dernières échéances électorales (législative, municipale..) et des informations qui nous remontent du terrain, une fraude à ciel ouvert sur la base d’une distribution massive d’argent a été organisée. C’est inacceptable. Cela n’est pas digne de notre démocratie et c’est un irrespect total vis-à-vis de nos concitoyens. Nous devons arrêter ce fléau pour notre démocratie.

L’Opposition a proposé une coalition de lutte contre la fraude. Celle-ci se met en place. Elle regroupe les partis républicains qui le souhaitent, les associations, les leaders de mouvement, de simple citoyen qui souhaiteraient enfin que le vote des maliens et des maliennes soit massif, transparent et respecté.

Nous avons besoin de cet apaisement car si les citoyens attendent les élections c’est qu’ils ont la conviction que l’alternance est possible par les urnes et que leur vote permette d’exprimer leurs points de vue et aussi donner espoir à notre jeunesse que l’approfondissement de la démocratie leur permettant de réaliser leurs aspirations et leurs idéaux pour leur pays.

Propos recueillis par

Alexis Kalambry

Source: lesechos

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