Pour l’ancien Premier ministre du Mali, la dernière sortie du M5-RFP a été une grande réussite contrairement à ce que préconisaient beaucoup d’opinions. Cela s’explique selon lui, par le fait que beaucoup d’autres régions et organisations se sont ajoutées au combat à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Selon lui, le mouvement a noté : « L’adhésion de plus en plus de catégories socioprofessionnelles, de simples citoyens, d’associations etc. »
Le président du parti FARE An ka Wuli a indiqué d’ailleurs que la détermination de ces jeunes est grande : « C’est pourquoi, ils étaient là-bas (à la place de l’indépendance), toute la nuit, pour montrer qu’ils sont là, pour montrer qu’ils sont le peuple, pour montrer qu’ils sont ce grand mouvement populaire que rien ne pourra arrêter », mais « dans la légalité, dans le pacifisme, dans la non-violence », a-t-il ajouté.
Concernant l’intervention des forces de l’ordre le lendemain du rassemblement, l’ancien Premier ministre souligne un autre problème. Selon lui, on ne peut se permettre d’aller disperser un rassemblement sans respecter les procédures d’usage de la force établies par la loi, comme la sommation.
Par conséquent, il a invité le pouvoir à « cesser de faire du choix de la répression ». « Toutes les répressions qui ont eu, ont été du fait que le pouvoir et les forces de l’ordre ont été instrumentalisés », a-t-il constaté. Il trouve qu’il n’y’a eu aucune violence ni aucun problème particulier qui doit conduire à la répression lors du dernier rassemblement.
Aux détenus, il a rappelé qu’ils ne sont guère des délinquants, mais des détenus politiques au même titre que ceux qui sont en liberté. Au-delà même, des citoyens maliens qui ont exprimé leur volonté de voir leur pays emprunté certaines voies, dans le cadre de la légalité, de la désobéissance civile, tout à fait admise par la loi : « La vitalité d’une démocratie, ce sont des citoyens ; et aujourd’hui, nous avons une vraie révolution citoyenne en marche », a-t-il indiqué avant d’ajouter que dans cette lutte, « la répression ne suffira pas, l’utilisation de l’appareil judiciaire à des fins répressives ne suffira pas non plus. Problème politique, réponse politique ! »
Modibo Sidibé estime, par ailleurs, qu’on dit beaucoup de choses autour de ce mouvement pour l’empêcher d’atteindre son objectif qui est la démission de IBK.
Selon lui, au lieu de dire que ce sont les politiques qui n’ont rien d’autres que d’aller se cacher derrière les religieux ou que ce sont les religieux qui veulent s’accaparer du pouvoir pour établir la charia ou une république Islamique, on doit plutôt regarder les problèmes soulevés par ces citoyens regroupés dans le mouvement M5-RFP.
Ce peuple ne demande selon lui, que la bonne gouvernance, l’avenir de la jeunesse. Un combat qui concerne l’avenir même du Mali.
De ce fait, il indique qu’on peut enfin arranger les épouvantails dans les tiroirs, puisque selon lui « c’est un mouvement républicain, un mouvement de démocrates ».
Au lieu de se focaliser sur ceux qui sentent défavorables sous leurs yeux, les plus hautes autorités devaient plutôt s’interroger sur ce qui réussissait à réunir autant de gens derrière le mouvement M5-RFP.
La réponse à cette problématique est tout simplement selon lui, parce que ces gens sont arrivés au constat que le pays est au bord de l’abime, après la conduite de IBK et son régime.
Pour donc éviter que le Mali ne tombe totalement dans le gouffre, est urgent selon lui, de mettre fin à ce régime en engageant un processus de redressement du pays.
Mettre une transition en apportant toutes les reformes qui devaient être faites depuis et qui ont manqués.
Le changement fondamental à apporter à cette démocratie chèrement acquise est, selon lui, la place du citoyen qui n’y figure pas.
Il faut que désormais de façon endogène : « que le peuple décide de quelles sont nos institutions, quel nouveau contrat social tissé avec l’Etat, quelle légitimation de l’Etat, quel gouvernance et comment devront être les liens de confiances perdus entre les gouvernants et les gouvernés ».
Le Premier ministre estime enfin que si cela n’a pas été toujours fait, « les mêmes causes vont produire les mêmes effets et la crise du Mali deviendra de plus en plus profonde ».
Il signale qu’on est en train de reprendre la cour constitutionnelle d’un côté, l’assemblée nationale de l’autre ainsi que la question du gouvernement d’union nationale en oubliant les problèmes de fonds, alors que « un gouvernement d’union nationale dans cette circonstance est une catastrophe pour le Mali », a-t-il laissé entendre.
Issa Djiguiba
Source: Journal le Pays-Mali