Le président des Fare, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, a reçu, le samedi 23 février dernier au siège de son parti, une délégation du Comité d’Experts pour la Réforme Constitutionnelle conduite par son président, Moussa Makan Sissoko. Ainsi, dans une déclaration dont nous avons pu nous procurer une copie, le cabinet de l’ancien Premier ministre a retracé les temps forts de cette rencontre.
Par un courrier en date du 12 février 2019, le président du Comité d’Experts pour la Réforme Constitutionnelle sollicitait Modibo Sidibé, ancien Premier Ministre, pour échanger sur les réformes politiques et institutionnelles et surtout pour bénéficier de (sa) grande expérience de l’Administration et des Institutions de la République“, c’est ainsi que le document a été introduit pour planter le décor des échanges.
Il rappelle qu’à l’entame de la rencontre et après que le Président du Comité d’Experts a réitéré l’objet de leur visite, le président des Fare, Modibo Sidibé, a noté que s’agissant du projet de réformes politiques et institutionnelles, qu’il avait déjà indiqué au Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga lors de la visite de travail qu’il a bien voulu rendre à la Direction du parti le 7 novembre 2018, que la démarche envisagée par le gouvernement était inappropriée en raison même de la nature et de la gravité de la crise multidimensionnelle qui ébranle le Mali depuis de nombreuses années.
De l’avis du président des Fare, notre pays a besoin aujourd’hui d’un véritable processus consensuel de sortie de crise et d’une refondation de l’Etat sur la base d’une nouvelle infrastructure institutionnelle, toutes choses que le Comité d’Experts n’a ni vocation ni habilitation à traiter.
Les éléments de réforme envisagés sont sans vision globale réformatrice
Et de souligner que les éléments de réforme envisagés sont sans vision globale réformatrice, et entraînent notre pays vers les besoins du gouvernement, mais certainement pas vers les besoins d’un Mali en crise. “Une préoccupation aussi cruciale que la crise de l’Etat est occultée alors que, partout sur le territoire, l’Etat et ses démembrements sont interpelés sur leurs capacités à délivrer les services de base, sur les spoliations, les multiples tracasseries, l’insécurité et les violences dont les populations sont l’objet. Elles ne se reconnaissent pas dans l’Etat tel qu’il fonctionne. Or, la grave épreuve que le pays connaît doit aboutir à un sursaut national qui permettra de donner à notre démocratie, l’Etat fort, juste et efficace dont elle a besoin”, peut-on lire dans le document.
Pour Modibo Sidibé, à défaut d’un vrai débat national refondateur, il n’y a aucune raison pour qu’il participe à une opération qui exclut les Maliens qui aspirent à être acteurs de leur avenir et de celui de leur pays.
Et d’ajouter que Modibo Sidibé a donc précisé qu’il ne saurait cautionner une telle dynamique où la fuite en avant le dispute à la course de vitesse, au moment où il est question pour les Maliens de parler avec lucidité de ce qu’ils sont aujourd’hui, de proposer des réponses endogènes aux maux dont souffre le pays, sur comment refonder, aborder les institutions dans lesquelles ils se reconnaissent, comment établir les règles du jeu économique, politique et social qui feraient que les Maliens, véritablement, arriveront à ce qu’ils veulent : un Mali de l’effort, de l’entente, un Mali en paix avec lui-même.
Selon son Cabinet, Modibo Sidibé s’inscrit dans une logique plus vaste de Refondation institutionnelle par un véritable dialogue national, différent de l’actuel dialogue politique, réducteur par son contenu, par les acteurs et par sa portée. Aussi, rappelle-t-il, le 13 novembre dernier dans une tribune intitulée “Le Temps des Réformes”, l’ancien Premier ministre affirmait sa profonde conviction que le processus qui conduira le Mali à une véritable sortie de crise structurelle, durable et refondatrice ne pourra faire l’économie d’une prise en compte déterminée et d’un traitement de fond de l’ensemble des causalités ayant engendré la crise.
En conclusion, Modibo Sidibé a, dans sa réponse à la délégation du Comité d’experts, réitéré sa position maintes fois exprimée, à savoir que la démarche initiée par le gouvernement n’est pas la solution aux maux dont souffre notre pays.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali